Vente à découvert : SES-imagotag perd plus de la moitié de sa valeur

Actualités - Cette semaine, le fabricant d'étiquettes électroniques SES-Imagotag a perdu plus de la moitié de sa valeur en bourse. En cause, la publication d'un rapport accablant du fonds spéculatif Gotham City Research. Que s'est-il passé ? Le point avec Le Courrier Financier.

Vente à découvert : SES-imagotag perd plus de la moitié de sa valeur

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

500 millions d’euros de capitalisation évaporés. Ce vendredi 22 juin, le cours de l’action du groupe SES-imagotag — fabricant d’étiquettes électroniques pour la grande distribution — chutait de moitié à l’ouverture des marchés. La veille, le groupe français avait suspendu sa cotation à la Bourse de Paris. En cause, la publication d’une note assassine de Gotham City Research — spécialiste de la vente à découvert. « Nous pensons que les résultats financiers [de SES-Imagotag] sont trompeurs, incorrects et incomplets et qu’une enquête indépendante et exhaustive devrait confirmer nos conclusions », indique le hedge fund.

Gotham City Research ouvre le feu…

Le fonds spéculatif n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il soupçonne SES-imagotag et son principal actionnaire — le Chinois BOE Technology — d’avoir gonflé les revenus de l’entreprise à travers des transactions fictives. « Nous avons identifié des irrégularités comptables (…) qui nous amènent à penser que les états financiers de (SES Imagotag) devront être rectifiés. Le chiffre d’affaires sur la période 2020-2022 est surévalué d’au moins 7 % à 13 % et l’Ebitda de 2022 de 106 % », explique Gotham City Research. D’après ses estimations, l’action vaudrait actuellement entre 15 et 30 euros — pas un centime de plus.

L’accusation s’est répandue comme une traînée de poudre. L’action SES-imagotag a chuté si durement lors de la pré-ouverture de la bourse de Paris, ce jeudi 22 juin après la publication du rapport, qu’Euronext a déclaré « réserver » les actions. Cette procédure consiste en un arrêt temporaire de la cotation. Par la suite, SES-imagotag a demandé lui-même à l’opérateur boursier Euronext de suspendre sa cotation pour la séance. Ce vendredi 23 juin après la clôture de la Bourse de Paris à 17h30, la valeur de l’action était tombée à 69,60 euros. Elle en valait encore plus du double (166,80 euros) deux jours plus tôt.

Vente à découvert : SES-imagotag perd plus de la moitié de sa valeur
Cours de l’action SES-Imagotag le 23 juin 2023 après la clôture.
Source : Boursorama.com (capture d’écran 23/06/2023)

…et SES-imagotag riposte

Face au scandale, SES-imagotag conte-attaque. « Le rapport de Gotham City Research comprend de nombreuses inexactitudes grossières et/ou incompréhensions, auxquelles la Société répondra dans les prochains jours (…) Gotham City Research détient des positions à découvert sur SES-imagotag ; par conséquent, les investisseurs doivent être conscients que l’intérêt de Gotham City Research est de voir le prix de l’action SES-imagotag baisser », a déclaré l’entreprise dans un communiqué publié ce jeudi soir. Le groupe « se réserve la possibilité d’exercer tous droits en vue d’actions en justice ultérieures, si nécessaire ».

SES-imagotag assure « suivre des procédures strictes destinées à éviter les conflits d’intérêts » et nie toute participation des représentants de BOE au Conseil d’administration, lors des décisions concernant BOE. Les opérations avec BOE enregistrées en CA dans les comptes sociaux de SES-imagotag n’apparaissent pas dans les comptes consolidés — conformément aux règles comptables. « Ces opérations n’ont pas d’impact sur le chiffre d’affaires ou l’EBITDA du groupe », martèle SES-imagotag. Le groupe table sur 800 millions d’euros de CA en 2023, « et [sur] une rentabilité en amélioration substantielle par rapport à l’année dernière ».

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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