Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor
Elephant in the room. « L’éléphant dans la pièce », disent les anglophones. Ce jeudi 13 octobre, la bourse a connu un épisode de forte volatilité. Tout est parti de la publication d’une statistique très attendue, celle de l’inflation aux Etats-Unis. D’après le Département du Travail, l’indice des prix à la consommation américain a augmenté de 8,2 % sur un an glissant en septembre 2022. Ce chiffre pèsera significativement sur la prochaine décision de politique monétaire de la réserve fédérale américaine (Fed), qui sera rendue début novembre. De quoi bouleverser les anticipations de marché et déclencher un léger vent de panique.
Hausse des taux de la Fed
Hors énergie et alimentation, l’inflation américaine accélère à 6,6 % sur un an — après 6,3 % en août. Coup dur pour les marchés, où les analystes anticipaient 6,5 %. « Malgré tous les signes de persistance d’une forte inflation dans la statistique des prix à la consommation, certains indices vont clairement dans le sens d’une désinflation partout ailleurs [prix des véhicules d’occasion, prix des loyers, coût du logement, NDLR] », tempère Michael Pearce, senior US economist chez Capital Economics — société de recherche économique indépendante basée à Londres. L’effet devrait se matérialiser à partir du S1 2023.
« D’ici à ce que cela apparaisse dans la statistique des prix à la consommation, la Fed vas continuer à se montrer hawkish, et à pousser vers des hausses des taux rapides », ajoute-il. Les marchés financiers craignent désormais une nouvelle hausse « jumbo » des taux directeurs début novembre, de 75 points de base. Ce serait la quatrième d’affilée. D’après les minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), publiées ce mercredi 12 octobre, plusieurs de ses membres considèrent que « le coût d’une action trop faible pour faire baisser l’inflation est probablement supérieur à celui d’une action trop forte ».
Politiques monétaires et volatilité
Don’t fight the Fed. « Ne pariez pas contre la Fed », dit le proverbe boursier. La banque centrale américaine devrait donner le tempo pour les autres institutions. Ce mercredi 12 octobre, Christine Lagarde, présidente de la banque centrale européenne (BCE), a estimé que le relèvement des taux d’intérêt restait l’outil de politique monétaire « le plus approprié » contre l’inflation. « Sur la base de l’évaluation de la proportionnalité à laquelle nous procédons pour choisir dans notre boîte à outils, il est celui qui fonctionne le mieux », a-t-elle assuré lors d’un colloque organisé par l’Institute of International Finance (IIF) à Washington.
La statistique fatidique a été publiée à 14H30. Presque aussitôt, le CAC 40 a chuté de près de 2 % en début d’après-midi avant de terminer la journée en hausse de plus de 1 %. Le S&P 500 a terminé sur un gain de 2,6 %, tandis que le Dow Jones a clôturé en hausse de 2,83 %. Le raison de ce rebond — qui annule les pertes initiales — reste toutefois relativement flou. « Il pourrait s’agir d’un dernier sursaut d’inflation et à partir de là, nous commencerons à ralentir », avance Liz Ann Sonders, stratège en chef des investissements chez Charles Schwab. En attendant, les marchés d’actions devraient rester très volatils.