Croissance : la Banque de France revoit ses prévisions à la baisse

Actualités - Ce mardi 12 avril, la Banque de France a publié son dernier point de conjoncture. L'institution estime que le PIB français a augmenté de +0,25 % au T1 2022. Entre guerre en Ukraine et reconfinements en Chine, quelles perspectives de croissance pour la France ? Le point avec Le Courrier Financier.

Ce mardi 12 avril, la Banque de France (BdF) publie son point de conjoncture à début avril. D’après cette enquête, menée auprès d’un échantillon d’environ 8 500 entreprises, l’activité a légèrement reculé en mars dans l’industrie et a peu évolué dans le bâtiment. En revanche, l’amélioration s’est poursuivie dans les services. La Banque centrale estime que que le produit intérieur brut (PIB) a progressé de +0,25 % au premier trimestre 2022. Ce chiffre devra être mis en perspective avec la première estimation de l’Insee, qui sera publiée le 29 avril prochain. Mais la légère croissance de ce début d’année risque d’être entamée par la situation sanitaire en Chine et géopolitique en Ukraine.

Difficultés d’approvisionnement

D’après ce point de conjoncture, les perspectives d’activité pour avril « demeurent globalement relativement positives, mais elles sont entourées d’un plus fort degré d’incertitude ». La Banque de France pointe du doigt les répercussions de la guerre en Ukraine — qui a débuté le 24 février dernier — et des premières mesures de confinement en Chine. Face à l’émergence du variant Omicron, l’empire du Milieu maintient une politique zéro covid très stricte. Depuis fin mars, la ville de Shanghai (25 millions d’habitants) subit ainsi un confinement drastique. « Nous ne pouvons pas relâcher notre travail de prévention et de contrôle. La persévérance apportera la victoire », a déclaré Xi Jinping ce jeudi 14 avril.

En France, les difficultés d’approvisionnement perçues par les chefs d’entreprise augmentent dans l’industrie. Elles atteignent 60 % en mars 2022, au plus haut niveau depuis en mai 2021 — contre 54 % en février 2022. La tendance est comparable dans le bâtiment (56 % en mars, après 46 % en février). L’augmentation des difficultés en mars 2022 affecte presque tous les secteurs. Elle touche surtout l’agro-alimentaire (+14 %) qui reste très exposé à l’Ukraine et la Russie — premier exportateur mondial de blé. Le phénomène touche les autres produits industriels (+12 %) et le secteur automobile (+10 %). L’inflation se traduit par la hausse du coût des matières premières et des produits finis.

Croissance : la Banque de France revoit ses prévisions à la baisse
« Point sur la conjoncture française à début avril 2022 »
Source : Banque de France
Croissance : la Banque de France revoit ses prévisions à la baisse
« Point sur la conjoncture française à début avril 2022 »
Source : Banque de France

Des mois à venir plus difficiles

Dans ces conditions, la Banque de France estime que le PIB français à début avril 2022 dépasserait de +1,5 % son niveau d’avant-crise. Pour rappel, le PIB avait progressé de +0,7 % au T4 2021. « La croissance française semble résister mieux que chez nos voisins, mais incontestablement, nous allons devoir traverser des temps économiques plus difficiles (…) L’économie française avance sur une route qui est devenue plus glissante. Veillons donc à éviter les embardées économiques : notre économie a besoin de stabilité », a prévenu François Villeroy de Galhau, gouverneur de la BdF, mardi dernier dans un entretien au groupe de presse régionale Est Bourgogne Rhône Alpes (Groupe EBRA).

Sans commenter l’élection présidentielle, François Villeroy de Galhau estime que « si notre pays était amené à dépenser trop et pour cela à emprunter encore davantage, il inspirerait moins confiance et ce surcoût pourrait augmenter rapidement ». Dans ces conditions, le Gouvernement devra revoir à la baisse sa prévision de croissance pour 2022. En janvier dernier, Bruno Le Maire l’avait évaluée à 4 %. Toutefois le 20 mars dernier sur le plateau du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, le ministre de l’économie a concédé que le Gouvernement aller réviser. « Il y a trop d’incertitudes pour le faire aujourd’hui. La croissance française est solide, on parle d’un ajustement », déclarait-il alors.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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