Soyons concrets pour flécher l’épargne vers l’Investissement Responsable.

Responsabilité sociale - Toujours fiers de porter les sujets d’investissement d’avenir et d’explorer les mégatendances qui porteront l’investissement de demain, CPR AM décrypte depuis quatre ans les attentes et l’approche des épargnants et de leurs conseillers en matière d’investissement responsable (IR).

Si le marché de l’investissement responsable institutionnel est très normé et réclame des solutions sur mesure, il nous semble indispensable de sonder la population des épargnants afin de comprendre leurs besoins et de comparer leur vision à celle des conseillers, population assez hétérogène en France.

Depuis la première édition en 2019, nous avons enrichi notre enquête pour l’adapter à l’évolution des attentes et de la maturité de l’ensemble des parties-prenantes : l’offre du marché, la réglementation française ou européenne, etc.

C’est ainsi que nous avons pu voir l’investissement responsable s’imposer dans le paysage comme une évidence. Et pourtant, année après année, des enseignements nouveaux ont émergé.

Si les thématiques environnementales et sociales restent toujours les plus recherchées par les investisseurs, d’autres questions ont évolué dans le temps. Nous citerons celles relatives à la confiance envers l’IR – notamment pour les épargnants « autonomes », alors que les « conseillés » ou « les sachants » semblent assurés – ou aux freins à l’investissement.

Mieux flécher les investissements

L’un des enseignements principaux de cette édition réside dans le manque de clarté sur les bénéfices environnementaux et sociaux réels que l’investissement peut permettre et l’accès à l’information évoqué par les épargnants comme par les conseillers.

Il perdure malgré tous les efforts de pédagogie réalisés durant les dernières années, et ce dans un contexte où l’environnement s’est progressivement complexifié.

Le taux de détention d’IR est en croissance depuis 2019, date de notre premier baromètre. L’acte d’investissement est donc bien confirmé avec une durée de détention généralement plus longue que les fonds classiques. La réorientation des financements vers une économie plus durable passe par l’IR pour la très grande majorité des épargnants.

Pourtant, année après année, l’épargnant demande qu’on lui apporte encore plus la preuve du bénéfice environnemental ou social de ses investissements.

La présentation de la performance extra financière comparée à des indices ESG n’est pas suffisante pour comprendre et mesurer l’IR. En revanche, les indicateurs concrets tels que les émissions carbone, la quantité d’eau gaspillée évitée, la diversité, les écarts de rémunération ou le taux de recyclage des déchets parlent clairement aux épargnants.

C’est dans cet esprit que, depuis 2017, CPR Asset Management a renforcé sa gamme de stratégies d’investissement à thématiques environnementales et sociales (telles que le climat, la chaîne alimentaire
mondiale, l’hydrogène, l’économie circulaire, l’éducation, …), qui sont aisément comprises, donnent du sens à l’investissement des épargnants et contribuent aux enjeux de développement durable (ODD des Nations Unies).

Le bout du tunnel en vue ?

Certes , la complexité réglementaire, par exemple due au manque de précision de la définition de la notion
d’investissement durable dans SFDR a été source de difficultés pour le développement de l’IR, la confusion ne profitant à personne. Pour autant, le cap donné par la Commission européenne vers plus de données brutes issues des entreprises elles-mêmes nous permet d’être plus optimiste et va dans le bon sens pour faciliter ce fléchage que les épargnants appellent de leurs vœux. Il oblige aussi les entreprises à mesurer et à publier leur impact sur des critères de plus en plus concrets.

Les PAI (Principal Adverse Impact, « Principales Incidences Négatives », apportés par SFDR) sont par exemple fondés sur la récupération de données brutes des entreprises (empreinte carbone, consommation d’eau…).

La directive CSRD, qui devrait entrer en vigueur en 2025, vise à rendre les entreprises plus transparentes en les obligeant à publier des informations sur la façon dont elles gèrent leur impact environnemental et sociétal à l’instar de leurs chiffres financiers. Elle contribuera grandement à accroître la comparabilité des données d’une entreprise à l’autre, permettant aux gérants de portefeuilles de faire des analyses plus complètes. D’ici à 2025, le public pourra ainsi accéder à des données synthétiques, plus cohérentes, plus fiables, plus comparables et contrôlables sur l’ESG. Au passage, ces données intéresseront sans doute autant l’épargnant que le citoyen consommateur européen pour juger l’entreprise qui lui fournit un produit ou un service. Une fois cette étape de fournitures de données standards, auditées et traçables, les sociétés de gestion pourront enrichir leur propre étude d’analyse extra-financière et intégrer cette dimension dans la valorisation des entreprises.

La taxonomie européenne avait déjà bien catégorisé les activités, mais elle montre ses limites dans le monde côté car les grandes entreprises, multi-activités par essence, se voient pénalisées. La Commission européenne doit encore préciser la définition consensuelle des Investissements Responsables mais, avec la finalisation de CSRD, la définition de l’IR et la comparabilité devraient être plus claires pour tous.

Quand l’ESG intégrera les valorisations

Ces standardisations et simplifications (CSRD et SFDR) aideront aussi les sociétés de gestion qui pourront, demain, juger de la valorisation ESG des entreprises grâce à des bases plus complètes et cohérentes de données extra-financières brutes.

À ce jour, l’angle des risques est considéré pour la plus grande part, mais la donnée ESG n’a pas encore d’effet
sur la valorisation des titres. On a vu par exemple à Portland aux États-Unis, que le taux d’impôt sur les sociétés est différent selon l’écart constaté entre la rémunération la plus haute et la médiane dans les entreprises.

C’est un exemple concret d’intégration de critères ESG qui pourraient, un jour, être pris en compte dans les modèles d’évaluation. La variation du prix du CO2 pourra bien sûr aussi être intégrée dans les valorisations des cours de bourse avec des effets importants pour le secteur énergétique ou industriel.

En conclusion, l’un des enseignements majeurs de ce baromètre est que l’IR est en croissance constante,
qu’il s’impose désormais comme une évidence pour les épargnants, mais qu’il manque encore de « concrétude ». Pour garantir une croissance pérenne de l’IR, notre devoir est d’entendre la demande des conseillers en termes d’efficacité, de comparabilité et d’opposabilité de fonds d’investissements. Cela passe bien évidemment par la mise à disposition de bases de données claires. CSRD devrait montrer la voie dans les deux années qui viennent.

Arnaud Faller - CPR Asset Management

Directeur Général Délégué en Charge des Investissements

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