Juin 2020 : assurance vie, un retour progressif à la normale

Patrimoine - En 2020, la crise sanitaire a entraîné une forte décollecte pour l'assurance vie en France. Plus qu'un réflexe de défiance envers ce produit, les ménages ont tout simplement puisé dans leur épargne. Quelles perspectives pour ce produit après le déconfinement ? Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l'Epargne, partage son analyse.

L’assurance vie a connu, au mois de juin, selon la Fédération Française de l’Assurance, un quatrième mois consécutif de décollecte avec moins 700 millions d’euros. Depuis le début de la crise sanitaire au mois de mars, le premier placement des ménages aura enregistré une décollecte de 6,9 milliards d’euros. Son encours est désormais de 1 766 milliards d’euros.

Conséquences du déconfinement

Le mois de juin est le premier mois complet de déconfinement — qui a commencé le 11 mai. Il marque le retour à la normale en matière de collecte brute qui atteint 9,9 milliards d’euros quand, aux mois d’avril et de mai, elle s’élevait respectivement à 6,4 et 5,7 milliards.

Cette progression des cotisations a été rendue possible par la réouverture des agences d’assurance et des banques et par la levée des restrictions de circulation. Par rapport à 2019, le manque à gagner pour l’assurance vie en matière de collecte brute atteint près de 20 milliards d’euros (54,3 contre 74 milliards d’euros).

Prestations, retour à la normale

Les unités de compte (UC) ont représenté 35 % de la collecte en juin tout comme sur le premier semestre. Cette collecte n’a pas chuté comme en 2008 ou en 2012. Les épargnants acceptent la prise de risque liée aux unités de compte malgré le contexte incertain. Les consignes des assureurs et des autorités sont ainsi respectées. Le montant des prestations versées a atteint 10,5 milliards d’euros au mois de juin.

Ce montant a retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire. En avril et en mai, il était respectivement de 7,9 et 8,5 milliards d’euros.  Sur le premier semestre, elles se sont élevées à 59 milliards d’euros soit le même montant qu’en 2019 (59,1 milliards). Ces prestations peuvent être portées par la bonne tenue du marché immobilier. Après le confinement, la réalisation de nombreuses transactions a nécessité un apport de liquidités de la part des acheteurs.

Source : Le Cercle de l’Epargne

Un premier semestre historique

Ce premier semestre restera atypique pour l’assurance vie avec d’un côté une chute durant trois mois de la collecte brute et le maintien des prestations conduisant à une décollecte nette de 4,7 milliards d’euros. L’assurance vie n’avait plus connu quatre mois consécutifs de décollecte depuis 2012, en pleine crise des dettes souveraines.

Cette décollecte n’est pas la traduction d’une défiance financière comme en 2012. Elle s’explique par la nécessité de certains assurés d’effectuer des rachats pour maintenir leur niveau de vie. Les professions libérales et les indépendants — traditionnellement bien couverts en contrats d’assurance vie — ont dû faire face durant le confinement à une baisse sensible de leurs revenus professionnels.

Source : Le Cercle de l’Epargne

Vers un dégonflement de l’épargne ?

En sortie de confinement, les ménages sont restés prudents tant sur le plan de leurs dépenses de consommation que sur celui de leurs placements. Ils ont privilégié la liquidité et la sécurité, comme en témoigne le bon résultat du Livret A (+2,96 milliards d’euros de collecte en juin). Le dégonflement de la poche d’épargne de précaution attendra.

Celui-ci ne pourra intervenir qu’avec la levée de certaines hypothèques liées à la situation sanitaire et économique. Avec le mois de juin, le retour à la normale semble être néanmoins bien engagé avec une montée en puissance des versements qui devrait se poursuivre dans les prochains mois.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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