M&A : quels enjeux en 2024 sur le marché des fusions-acquisitions ?

Investisseur privé - Ce mardi 24 octobre, Alvo publie un panorama du marché des fusions-acquisitions (M&A) en France et en Europe. Quels sont les enjeux de ce secteur à horizon 2024 ? Le point du Courrier Financier — avec les réponses exclusives de Germain Michou-Tonning, cofondateur d’Alvo.

Près de 9 000 transactions, pour près de 600 milliards d’euros au premier trimestre 2023. Le secteur des fusions-acquisitions reste porteur, malgré la hausse des taux. Dans une infographie publiée mi-octobre, la plateforme Alvo dresse le panorama du marché de la fusion-acquisition (M&A). Fondée en 2022 et implantée à Paris, cette plateforme digitale accompagne les professionnels dans leurs opérations de cession et/ou de reprise d’entreprises (TPE/PME, startups). Depuis son lancement, Alvo a vendu plus de 50 entreprises et comptabilise plus de 6 000 inscrits sur son site.

Pour de nombreux acteurs du M&A, la première moitié de l’année a été difficile. Le volume des transactions a baissé de -4 % au S1 2023 par rapport au semestre précédent. Mais ce volume reste supérieur à celui d’avant la crise sanitaire, et les méga transactions (plus de 10 milliards de dollars) continuent de se redresser. En France, le marché du M&A accuse une forte demande (taux de cession à 6 %) avec 9 transactions sur 10 qui s’effectuent dans une petite ville (2 000 à 20 000 habitants selon l’Insee) ou une agglomération de taille moyenne (de 20 000 à 100 000 habitants). En 2022, le pays compte près de 149 000 PME et ETI.

Perspectives très positives

Pour quelles raisons les dirigeants cèdent-ils leur entreprise ? La première raison reste leur départ à la retraite (68 % des cessions), devant la reconversion professionnelle (30 %) et les raisons de santé ou de changement de vie (14 %). En face, les repreneurs sont plus jeunes (45 ans en moyenne) et majoritairement diplômés du supérieur (95 %). Ces acheteurs sont avant tout à la recherche de nouveaux leviers de croissance stratégiques. Dans le cadre d’une reprise d’entreprise, uls s’intéressent surtout aux secteurs des industries traditionnelles (40 %), des services (24%) du commerce et de la distribution (18 %).

D’après le panorama publié par la plateforme Alvo, l’année 2024 devrait connaître une augmentation de l’activité de fusions-acquisitions en Europe. Trois décideurs sur quatre (73 %) anticipent une évolution en ce sens au cours des 12 prochains mois. Ils n’étaient qu’un sur deux (53 %) à le penser l’année dernière. La plateforme rappelle qu’il devrait y avoir 700 000 entreprises à céder en Europe d’ici 10 ans. « Un chiffre qui dresse un panarama très positif sur les années à venir ». Afin de compléter ces observations, Germain Michou-Tonning cofondateur d’Alvo répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.

3 questions à… Germain Michou-Tonning, cofondateur d’Alvo

Le Courrier Financier : Ce jeudi 26 octobre, la banque d’affaires Lazard évoque « des conditions difficiles pour les fusions-acquisitions » au T3 2023. Partagez-vous cette analyse ?

M&A : qui sont les acheteurs sur le marché des fusions-acquisitions ?
Germain Michou-Tonning

Germain Michou-Tonning : Le marché des fusions-acquisitions est impacté par les conditions actuelles, surtout pour les deals mid et large cap qui est un marché surtout porté par les fonds. Ces derniers sont plus prudents et exigeants en termes de rentabilité et de valorisation. Cela reflète ce que nous avons observé dans les levées de fonds pour les startups, où les multiples ont été revus.

Cependant, le marché des small caps est dynamique et en croissance, porté par la conjoncture et le phénomène « d’entrepreneurship through acquisition ». De plus en plus de personnes choisissent de reprendre une entreprise plutôt que d’en créer une de zéro. Nous observons une croissance de 22 % par an sur ce marché. Voici notre infographie sur la répartition actuelle des intermédiaires par taille de deals :

M&A : qui sont les acheteurs sur le marché des fusions-acquisitions ?
« 31 500 entreprises rentables sont vendues chaque année.
92 % sont mal intermédiées voire pas intermédiées du tout. »

Source : Alvo

C.F. : Comment la hausse des taux influence-t-elle le marché français du M&A en 2023 ?

G.M.T. : La hausse des taux d’intérêt en 2023 a indéniablement eu un impact sur le marché du M&A, en augmentant le coût de la dette. Historiquement, les acquisitions de sociétés rentables se faisaient souvent via des logiques de LBO, avec des emprunts bancaires. Cependant, malgré cette hausse des taux, l’achat d’une entreprise reste un investissement solide, particulièrement en période d’inflation. En effet, même si le coût de la dette augmente, une entreprise peut notamment répercuter l’inflation sur ses prix, contrairement à d’autres types d’investissements.

Cette période d’inflation et de hausse des taux redonne de l’intérêt à l’actif financier qu’est l’entreprise. Le Private Equity redevient très dynamique sur cet asset. Pour Alvo, cette situation représente une réelle opportunité. Nous sommes bien positionnés pour accompagner les entrepreneurs et les investisseurs dans ce contexte économique complexe, en leur fournissant les outils et les services nécessaires pour réussir leurs opérations de M&A.

C.F. : Quel bilan pour l’activité d’Alvo en 2023 ? Quelles sont vos perspectives pour le T1 2024 ?

G.M.T. : 2023 a été une année charnière pour Alvo, marquée par un lancement réussi et une traction impressionnante. En quelques mois, nous avons capturé plus de 25 % de part de marché sur les annonces de cession, attirant plus de 7 000 utilisateurs sur notre marketplace et nos outils. Nous avons également facilité 50 deals, preuve de la pertinence de notre offre.

Pour le T1 2024, nos perspectives sont très positives. Nous allons accélérer le déploiement de notre « Suite Pro », une solution tout-en-un conçue pour équiper les intermédiaires, tels que les experts-comptables, afin de leur permettre d’intermédier les deals Small caps et d’accompagner leurs clients cédants. Notre objectif est de traiter 500 deals en 2024, et de continuer à renforcer notre position sur le marché.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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