Crédit immobilier : taux d’usure à 5,5 % dès le 1er septembre, vers une « stabilisation » du marché

Immobilier - Dès le 1er septembre, le taux d'usure sera porté à 5,56 % pour les crédits immobiliers à taux fixe de 20 ans et plus. De quoi relancer le marché du crédit ? Quelles perspectives à l'automne 2023 ? Le point du Courrier Financier — avec les réponses exclusives de Pierre Chapon, PDG et cofondateur de Pretto.

Toujours plus haut. Ce mardi 29 août, la Banque de France a dévoilé le nouveau taux d’usure mensuel qui s’appliquera à partir du 1er septembre. Il est porté à 5,56 % pour les crédits immobiliers à taux fixe de 20 ans et plus — contre 5,33 % en août 2023. De quoi relancer la production de crédit immobilier en France ? Pour rappel, taux d’intérêt maximum légal que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer lorsqu’ils vous accordent un prêt. Depuis le 1er février 2023, la Banque de France réévalue le taux d’usure tous les mois.

Vers la stabilisation du marché ?

Après une accalmie au mois d’août, les taux de crédit immobilier devraint encore augmenter en septembre — portés par l’ascension des taux d’usure. « Les banques ont ainsi plus de marges de manœuvre pour financer les projets des acquéreurs. Sachant qu’elles doivent d’ores-et-déjà commencer à remplir leurs objectifs commerciaux pour 2024, leur activité de prêt devrait donc reprendre dès cette rentrée », explique Xavier Lacombe, co-fondateur d’Artémis courtage. En septembre, les taux immobiliers s’affichent déjà autour de 4 %. Ils pourraient approcher les 5 % d’ici à la fin de l’année, d’après une estimation du courtier Pretto.

« Le crédit immobilier retrouve ses niveaux de taux de 2010 et les prix de l’immobilier commencent à baisser dans certaines régions, c’est un signe de stabilisation du marché. Cette baisse est plus marquée dans les grandes villes françaises, certains observateurs notent une baisse des prix de plus de 8 % à Lyon en un an et de 7 % à Bordeaux, ainsi qu’une légère baisse à Paris. Les emprunteurs encore finançables de ces zones ont donc une fenêtre d’accès à la propriété un peu plus grande malgré la hausse des taux » explique Pierre Chapon, PDG et cofondateur de Pretto. Il répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Dès le 1er septembre, le taux d’usure pour un crédit immobilier sur 20 ans ou plus va s’établir à 5,56 % d’après Le Journal Officiel. Quel sera l’impact de cette hausse des taux sur l’accès à l’emprunt immobilier pour les Français ?

Crédit immobilier : taux d'usure à 5,5 % dès le 1er septembre, vers une « stabilisation » du marché
Pierre Chapon

Pierre Chapon : La hausse du taux d’usure permet aux banques de continuer d’augmenter leurs taux et donc de reconstituer des marges mises à mal par la rapide montée des taux que nous connaissons depuis un an.

Tirés par la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne, les coûts de financement des banques ont augmenté plus rapidement que les taux des crédits, qui étaient eux limités par un taux d’usure encore bas. Des crédits certes plus chers, réduisant la capacité d’emprunt, mais plus faciles à obtenir qu’en début d’année : le crédit se réouvre pour les Français !

C.F. : En parallèle de la hausse des taux, les prix de l’immobilier commencent à reculer. Pourquoi parlez-vous d’une « stabilisation » du marché ?

P.C. : Au niveau national, les prix commencent tout juste à reculer (-0,4% au premier semestre d’après MeilleursAgents). La situation est cependant différente, avec des villes déjà en baisse significative comme Paris, Bordeaux ou Lyon, mais d’autres où les prix continuent d’augmenter.

Cette phase de baisse des prix, qui suit classiquement la baisse des transactions avec 6 à 12 mois de retard, est désormais bien enclenchée, mais son ampleur reste incertaine. Là où les prix reculent déjà depuis plusieurs mois, la reprise pourrait être proche.

C.F. : D’après la Banque de France, la production de crédit atteignait 11,1 milliards d’euros en juin 2023 — contre 14,1 milliards d’euros le mois précédent. Chez Pretto, quel est votre scénario principal pour la production de crédit pour cet automne ?

P.C. : Nous pensons que la production de crédit a atteint un point bas, avec des signaux de reprise significatifs à moyen-terme : retour sur le marché de certaines banques, marges de négociation et baisses de prix plus importantes, transactions décalées qui ne peuvent désormais plus l’être…

La production de crédit de l’automne telle qu’observée par la Banque de France est cependant composée des dossiers constitués cet été par les emprunteurs, alors que les banques étaient encore assez réservées sur leur capacité de production. Il y a donc fort à parier que nous n’observerons pas encore de reprise significative dans ces chiffres, mais plutôt une stabilisation.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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