Pierre-Etienne Beuvelet – IN&FI Crédits : taux d’usure, « le mécanisme de calcul était devenu obsolète »

Immobilier - Le taux d'usure passe à 4 % à partir de mars 2023. Dans un contexte de hausse rapide des taux, il sera réévalué tous les mois jusqu'en juillet prochain — au lieu d'une fois par trimestre auparavant. Que penser de ce nouveau taux d’usure ? Peut-il participer à la relance du marché immobilier ? Pierre-Etienne Beuvelet, directeur et fondateur du réseau IN&FI Crédits, répond au Courrier Financier.

Les Français vont-ils accéder plus facilement au crédit immobilier ? À partir ce mercredi 1er mars, la Banque de France applique un taux d’usure de 4 % pour les emprunts de 20 ans et plus. C’est le taux maximum légal auquel les établissements de crédit ont le droit de prêter de l’argent. Depuis février, le taux d’usure est calculé sur un rythme mensuel et non plus trimestriel. Comment ces mesures vont-elles fluidifier l’octroi de l’emprunt immobilier ? Quel impact sur l’activité des courtiers ? Pierre-Etienne Beuvelet, directeur et fondateur du réseau IN&FI Crédits, répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Début 2023, quel état des lieux pouvons-nous dresser du marché du crédit immobilier en France ?

Pierre-Etienne Beuvelet - IN&FI Crédits : taux d'usure réévalué tous les mois, « le mécanisme de calcul était devenu obsolète »
Pierre-Etienne Beuvelet

Pierre-Etienne Beuvelet : Nous pouvons le dresser à deux niveaux. En janvier 2023, nous avions un marché de frustration — entre le maintien d’un socle dynamique de clients emprunteurs toujours présents, avec un désir intact de mener à bien leur projet, et la contraction entre les taux bancaires et les taux d’usure, ce qui les obligeait très souvent à différer leur achat.

Depuis le 1er février, l’instauration de la mensualisation du taux d’usure a détendu l’accessibilité au crédit. Celui-ci restera compliqué sur tout le premier semestre 2023.

C.F. : Le taux d’usure passe à 4 % ce jeudi 1er mars. Quel sera l’impact sur l’accès au crédit immobilier ?

P.E.B. : La rehausse du plafond du taux d’usure engendre deux conséquences. Dans un premier temps, cette décision permet aux projets jusqu’à présent bloqués de se concrétiser. Dans un deuxième temps, nous assisterons à l’augmentation du taux moyen de crédit immobilier constaté — un phénomène qui vient mécaniquement.

Pour autant, cela ne décourage pas les Français dont le projet immobilier reste un projet de vie — notamment dans la situation actuelle d’anticipation de la retraite. Ils ont parfaitement assimilé que, dans ce contexte économique, s’endetter est « moins coûteux » que de placer ses économies sur un livret d’épargne peu rémunérateur.

C.F. : Comment le taux d’usure est-il calculé ? Pourquoi sera-t-il réévalué tous les mois jusqu’en juillet prochain ? 

P.E.B. : Le taux d’usure est fixé par la Banque de France (BDF) au début de chaque trimestre. Historiquement, la banque centrale l’établit à partir des taux effectifs moyens, constatés par les établissements de crédit le trimestre précédent, augmentés d’un tiers.

Ce mécanisme de calcul était devenu obsolète dans une période de remontée rapide des taux. Il engendrait de nombreux blocages en cours de trimestre, et nécessitait une adaptation. En concertation avec les professionnels du crédit, dont les courtiers, la Banque de France a décidé de déroger à ce dispositif par une réévaluation mensuelle et non plus trimestrielle.

C.F. : Le crédit immobilier va-t-il coûter plus cher en 2023 ? Quel impact sur l’activité des courtiers ?

P.E.B. : Le crédit immobilier va nécessairement coûter plus cher en 2023. Nous savons que la politique d’augmentation des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) va se poursuivre afin de tenter de contrer l’inflation. Même si cette hausse pourrait être moins forte qu’en 2022, la tendance va mécaniquement impacter à la hausse les barèmes bancaires.

Dès lors, le recours à un courtier s’en voit renforcé. Cette démarche devient même nécessaire pour certains profils, qui ont besoin d’une ingénierie très fine sur leur projet.

C.F. : Face à la hausse des taux, quels sont les critères pour obtenir les meilleures conditions de financement ?

P.E.B. : Tout dépend du projet et de l’établissement bancaire prêteur. Mais s’il fallait en citer quelques-uns, ce serait la bonne compréhension du projet, un bon apport, une bonne tenue de compte… et surtout, être accompagné par un professionnel du crédit, afin de mettre toutes les chances de son côté !

C.F. : Chez IN&FI Crédits, comment accompagnez-vous les emprunteurs dans leur accès au crédit immobilier ?

P.E.B. : Tout d’abord, c’est l’écoute et la compréhension du projet de notre client. Sans cela, il est impossible de correctement le présenter et le défendre auprès des établissements bancaires. Ensuite, c’est la constitution de l’ensemble des pièces et documents nécessaires au montage du dossier. Ces éléments nous permettent de réaliser des simulations de crédits et d’identifier des banques potentielles, en fonction du profil de notre client.

Vient ensuite la phase critique de négociation et d’obtention des meilleures conditions auprès de nos partenaires bancaires. Enfin, nous terminons sur l’accompagnement jusqu’à l’obtention du crédit. Pendant toutes ces étapes, notre conseiller attitré est en relation systématique, physique ou digitale, avec son client — et lui prodigue des conseils permanents.

Depuis 2004, fort de nos 120 Agences et 450 conseillers en crédits en France, nous avons su accompagné près de 100 000 dossiers avec un taux de satisfaction de 96 %. Ce résultat nous a permis d’être élu, pour la seconde année consécutive, parmi les meilleures enseignes de qualité de service par le magazine Capital.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde