L’emploi américain reste le maillon fort de la croissance américaine

Asset Management - Malgré le contexte inflationniste, le marché de l'emploi reste très solide aux Etats-Unis. Décryptage de Sebastian Paris Horvitz, Head of Research chez La Banque Postale Asset Management.

Il est assez extraordinaire de voir comment les marchés peuvent rapidement basculer d’un discours à un autre dans l’environnement très troublé dans lequel nous sommes. Il y a encore quelques jours, les craintes de récession sont devenues dominantes, avec une dissipation de celles sur l’inflation. Dans ce nouveau contexte, les principales Banques centrales allaient devoir changer assez vite leur fusil d’épaule et atténuer leur trajectoire actuelle de resserrement monétaire, voire l’inverser.

Les très bons chiffres sur l’état du marché de l’emploi aux Etats-Unis au mois de juin sont quelque peu venus perturber les convictions qu’avait construit le marché. La dynamique de croissance outre-Atlantique pourrait s’avérer plus résiliente et surtout les banques centrales, du moins la Fed, risquent toujours de maintenir une course au galop pour resserrer les conditions monétaires afin qu’elles deviennent restrictives pour calmer la demande et éviter de continuer à alimenter des tensions inflationnistes. Ainsi, les taux d’intérêt sont repartis à la hausse, et l’appétit pour le risque s’est un peu essoufflé.

La robustesse du marché de l’emploi

Nous pensons toujours que la décélération des économies des deux côtés de l’Atlantique se fera assez graduellement, en particulier à cause de la robustesse des marchés d’emploi. En Zone Euro, comme aux Etats-Unis, les taux de chômage sont près des plus bas historiques. Néanmoins, au tournant de l’année nous croyons que des signes plus marqués d’une décélération de l’activité feront jour. C’est une des raisons majeures qui nous font opter pour une allocation d’actifs défensive, en privilégiant toujours des valorisations raisonnables.

Les statistiques de l’emploi américain pour le mois de juin ont été bien plus solides qu’attendu. Le plus remarquable est que plus d’Américains rejoignent le marché du travail, même si celui-ci reste près d’un point en dessous du niveau qui prévalait avant le début de l’épidémie. Aussi, tous les grands secteurs d’activité dans le secteur privé continuent de créer des emplois.

Une nouvelle hausse de 75 pb

La situation du marché de l’emploi reste donc très tendue, ce qui se traduit par la poursuite de la progression du salaire horaire moyen. Il faut retenir deux choses, d’une part l’économie américaine continue son expansion et n’est pas encore très proche d’une récession et, d’autre part, ces chiffres devraient conforter la Fed dans sa politique de hausses de taux rapides à court terme, dont notamment une nouvelle hausse de 75 pb à la prochaine réunion de politique monétaire le 26-27 juillet prochain.

Il est probable qu’avant les réunions cruciales de la BCE et de la Fed fin juillet la volatilité restera élevée sur les marchés. Du point de vue macroéconomique, cette semaine nous aurons les chiffres d’inflation américains qui risquent de continuer de progresser du fait de la hausse du prix de l’énergie en juin, mais on regardera surtout si l’inflation sous-jacente — hors énergie et aliments — continue à décélérer. Alors qu’on surveillera aussi l’évolution des contagions en Chine, dont une évolution défavorable viendrait à nouveau ternir le redémarrage de l’activité.

Sebastian Paris-Horvitz - La Banque Postale Asset Management

Economiste et stratégiste chez La Banque Postale Asset Management

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