Fed : les ailes de l’optimisme se déploient mais rien ne se passe

Asset Management - La dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) s'est tenue ce mercredi 14 juin. Faut-il s'attendre à d'autres hausses de taux en 2023 ? Comment les investisseurs réagissent-ils ? L'éclairage de Christian Scherrmann, Economiste US chez DWS.

Comme nous nous y attendions, la Fed a renoncé à relever ses taux de 25 points de base supplémentaires lors de sa réunion de juin. La surprise hawkish a été livrée dans leur résumé des projections économiques, les membres du comité ayant indiqué que deux hausses de taux supplémentaires pourraient être nécessaires d’ici à la fin de l’année 2023. Ce jugement s’appuie sur leur évaluation d’une inflation de base légèrement plus élevée et d’une croissance plus importante en 2023, ainsi que d’une plus grande résilience du marché du travail.

La Fed faucon sur le fond…

Pour 2024 et 2025, les banquiers centraux n’ont pas beaucoup changé leurs évaluations économiques, mais ont également indiqué une préférence pour des taux un peu plus élevés qu’auparavant. Un message très hawkish, alors qu’ils ne font rien en réalité. Le communiqué de presse obligatoire, qui reflète le consensus entre les banquiers centraux, n’a entre-temps pas changé de manière significative, ce qui jette les premiers doutes sur le message hawkish.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a réitéré la volonté des participants de poursuivre la hausse des taux, tout en soulignant qu’il était « prudent » d’attendre cette fois-ci — en fin de compte, le graphique à points n’est pas un plan d’action et les décisions seront prises d’une réunion à l’autre, a-t-il ajouté. Bien qu’il n’y ait pas eu de discussion sur la manière dont les deux hausses prévues seront effectuées, Jerome Powell a réaffirmé son approche « réunion par réunion ».

mais colombe sur la forme

Nous devons garder à l’esprit que leurs projections individuelles ont tendance à changer rapidement et reflètent rarement le résultat final. Toutefois, à des fins de communication, les banquiers centraux utilisent ces projections pour indiquer leur sentiment à un moment donné, sans s’engager catégoriquement sur des actions futures.

Les conditions financières ont tendance à s’assouplir rapidement si les banquiers centraux cessent de relever les taux. Compte tenu de cet élément, une pause dans les hausses de taux doit être mise en place avec précaution.

En d’autres termes, il faut veiller à ce que l’inaction ne vienne pas contrecarrer les efforts déployés par le passé pour ralentir l’activité économique. Il y a également des leçons à tirer des réunions précédentes, au cours desquelles les commentateurs ont vu Jerome Powell commettre des maladresses plutôt dovish en matière de communication.

Quelles hausses de taux en 2023 ?

Compte tenu de l’optimisme récent des marchés boursiers, les banquiers centraux se sont peut-être sentis obligés de convaincre les investisseurs tout en ne faisant rien. Les investisseurs obligataires, à l’heure où nous écrivons ces lignes, n’ont pas cru aux deux nouvelles hausses — ils n’en prévoient qu’une seule — mais ne s’attendent plus non plus à des baisses de taux cette année.

Peut-être qu’après tout, leur approche a permis de concrétiser les attentes d’une « hausse prolongée ». Nous nous en tenons à notre prévision d’une nouvelle hausse des taux cette année et tenons à souligner que notre probabilité d’une récession grave n’a pas augmenté après la réunion.

Christian Scherrmann - DWS

Economiste US

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