La BCE poursuit le chantier de l’euro numérique

Actualités - Ce mercredi 28 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé un nouveau cadre législatif pour le futur euro numérique. Où en est l'avancement de ce projet ? Quelles en sont les implications politiques et économiques ? Le point avec Le Courrier Financier.

La BCE lance le chantier de l'euro numérique

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Le serpent de mer va-t-il devenir une réalité ? Ce mercredi 28 juin, la Banque centrale européenne (BCE) dote l’euro numérique d’un cadre législatif. « La proposition législative est essentielle pour garantir que l’euro numérique apporte de la valeur aux citoyens, en introduisant les caractéristiques appréciées de l’argent liquide dans la sphère numérique », déclare Fabio Panetta, membre du directoire de l’institution, dans un communiqué (en anglais). Deux propositions de règlement sont à l’étude : la première encadre l’usage de l’euro numérique ; la deuxième garantit le maintien de l’accès au paiement en espèces dans la zone euro.

L’ère des monnaies numériques

Pour rappel, la BCE avait lancé un « projet pilote » à l’été 2021. Cette phase consultative devrait arriver à son terme en octobre 2023. Si tout se passe comme prévu, le futur euro numérique devrait entrer en vigueur d’ici 2028 au plus tard. « L’euro est le symbole le plus tangible de l’intégration européenne. Il est très apprécié des citoyens, qui lui font confiance. Nous sommes impatients de continuer à travailler avec d’autres institutions de l’UE pour créer ce futur euro numérique, afin de garantir que notre monnaie s’adapte à l’ère numérique », explique Christine Lagarde, présidente de la BCE. L’enjeu est plus politique qu’économique.

Dans une enquête publiée en 2021, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) estime que 86 % des banques centrales dans le monde travailleraient déjà ou envisageraient à court terme de travailler sur un projet de monnaie numérique (MNBC). L’Union européenne (UE) ne veut pas se laisser distancer par les autres pays. En novembre 2022, la banque centrale américaine (Fed) de New York avait lancé sa expérimentation sur le dollar numérique. En février 2023, la Banque d’Angleterre (BoE) et le Trésor britannique évoquaient une future livre sterling dématérialisée. Quant à la Chine, elle expérimente le yuan numérique depuis avril 2022.

Concurrencer les cryptos

A terme, l’euro numérique devrait devenir une monnaie à cours légal. Tous les commerces des 20 Etats membres de la zone euro devront l’accepter — à l’exception des petites entreprises et des organisations à but non lucratif, qui n’acceptent pas les paiements numériques. L’euro numérique permettra de payer sans frais, à partir d’un portefeuille numérique. L’utilisateur pourra s’en servir en boutique et en ligne. L’UE prévoit de protéger les données personnelles des utilisateurs — telle que leur identité, les données relatives au paiement (par exemple le montant) ou encore les métadonnées liées à la transaction.

Les MNBC sont l’équivalent des billets et des pièces de monnaie, en version dématérialisée. Avec ce type de projet, les banques centrales espèrent faire revenir dans leur giron les adeptes des cryptomonnaies — ou a minima limiter leur influence, à l’heure où leur adoption s’est démocratisée. D’après eToro, le bitcoin a atteint en juin 2023 son plus haut niveau depuis 12 mois se situant juste au-dessus de 31 000 dollars sur la plateforme. Une hausse probablement porté par plusieurs annonces institutionnelles, comme la tentative de BlackRock de lancer un ETF bitcoin ce mardi 27 juin. Reste à savoir qui gagnera la course.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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