EDF : le géant de l’électricité quitte la bourse

Actualités - Ce jeudi 8 juin, l'Etat est redevenu le seul actionnaire d'EDF. Bruno Le Maire, Ministre de l'économie, s'est félicité du succès de l'opération. Quels seront les impacts économiques de cette renationalisation sur le secteur de l'énergie en France ? Le point avec Le Courrier Financier.

EDF : le géant de l'électricité quitte la bourse

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

EDF tire sa révérence sur les marchés. Ce jeudi 8 juin, l’Etat français a finalisé sa montée au capital du géant de l’électricité — près d’un an après l’annonce de son offre publique d’achat (OPA) simplifiée. « L’Etat est désormais le seul actionnaire d’EDF. Cette reprise de contrôle total de notre électricien national était une priorité du Gouvernement (…) Cette opération a été un succès » a réagit Bruno Le Maire, Ministre de l’économie, dans un communiqué publié le jour-même par Bercy. Cette renationalisation aura coûté 9,7 milliards d’euros au contribuable, rappelaient nos confrères des Echos le 23 mai dernier.

Parc nucléaire et sobriété énergétique

Comment faire face à nos besoins croissants en électricité ? Ce jeudi 8 juin, Bruno Le Maire était invité au colloque de l’Union Française de l’Electricité (UFE) — l’association professionnelle du secteur de l’électricité. Le ministre a insisté sur la nécessité d’augmenter la production nucléaire. D’ici 2050, la France prévoit la construction de six réacteurs nucléaires EPR2. « La construction de ces nouveaux réacteurs est le plus grand projet industriel de ces dernières décennies, sans lequel aucun autre défi ne pourra être relevé. Le retour de l’Etat comme unique actionaire d’EDF doit être la garantie du respect des délais », affirme Bruno Le Maire.

En ligne de mire, l’autonomie énergétique de la France. « Cette opération consacre le caractère pleinement souverain des activités de production d’électricité d’origine nucléaire», indique Bercy. « Dans le cadre de la transition énergétique, cette opération consacre le rôle essentiel d’EDF dans la production d’électricité décarbonée et l’accompagnement de ses clients vers plus de sobriété énergétique », relève EDF dans un communiqué. Rappelons qu’en mars dernier, le Pacte vert européen reconnaissait le rôle du nucléaire dans la production d’énergie renouvelable — une position fermement défendue par la France.

Fin 2025, anticiper la fin de l’Arenh

Comment ces investissements dans le nucléaire ? Ce jeudi 8 juin, le groupe s’est dit prêt à conclure des contrats de fourniture d’électricité à long terme avec ses concurrents. EDF défend depuis longtemps la conclusion de contrats de vente d’électricité à long terme afin de fixer plus librement ses prix — aujourd’hui très largement régulés, rappelle Reuters. Ces contrats à long terme sont « la meilleure façon de créer de la visibilité de long terme, pour le consommateur comme pour le producteur », a déclaré Luc Rémont, PDG d’EDF, lors du colloque de l’UFE. Le gouvernement lui a demandé d’établir son plan pour EDF d’ici fin juin .

EDF reste soumis à l’Accès réglementé à l’électricité nucléaire historique (Arenh). Aujourd’hui, cette réglementation permet aux concurrents d’EDF de lui acheter des volumes d’électricité nucléaire à un prix préférentiel… mais elle arrivera à échéance fin 2025. « Sous réserve que nous trouvions un cadre d’opérations pour EDF qui soit équilibré dans le long terme, nous considérons les fournisseurs d’énergie et les autres investisseurs dans l’énergie comme des clients ou des partenaires », a expliqué Luc Rémont. Dans un secteur où l’Etat rebat les cartes, EDF se dit prêt à « commencer à faire des offres (pour) 2026 ».

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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