par 
Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor
Malgré les températures caniculaires, un autre baromètre se dégrade. Ce jeudi 24 août, l’Insee publiait l’indicateur du climat des affaires en France. Cet indice synthétise l’opinion des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchand. Il tombe à 99 en août, son plus bas niveau depuis avril 2021, en-dessous de sa moyenne de long terme (100). « L’investissement des entreprises, qui avait été dynamique en sortie de crise sanitaire, donne des signes d’essoufflement, probablement du fait de la hausse des taux d’intérêt », analyse Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès.
La situation de l’emploi se dégrade
La baisse se remarque surtout dans l’industrie (-5 points à 96 en août, contre 101 en juillet) et dans le secteur des services (-2 points à 100). Le climat des affaires dans l’industrie « se dégrade nettement », en raison des craintes des chefs d’entreprises « sur les carnets de commandes et la production passée ». Dans les services, l’indicateur du climat des affaires rejoint sa moyenne de longue période, « du fait notamment du recul des soldes d’opinion relatifs à l’activité » indique l’Insee. Dans le commerce de détail, le climat des affaires reste stable tandis qu’il s’améliore dans le secteur du bâtiment.
Dans un paysage économique déjà morose, l’indicateur de l’emploi se dégrade (-5 points entre juillet et août 2023). À 101, il se situe juste au-dessus de sa moyenne de longue période (100). Cette dégradation reflète le pessimisme des chefs d’entreprise en ce qui concerne l’évolution des effectifs dans le secteur des services (hors agences d’intérim). C’est « une évolution de mauvais augure pour les chiffres à venir de l’emploi et du chômage », relève Sylvain Bersinger. Au deuxième trimestre 2023, la France compte 2,2 millions de chômeurs (au sens du BIT) d’après l’Insee — soit 20 000 de plus qu’au trimestre précédent.
Vers la normalisation de l’inflation ?
Que le climat des affaires s’assombrisse en août, ce n’est pas très surprenant. « Avec des vents contraires qui restent importants, le climat des affaires ne devrait pas rebondir sensiblement dans les mois à venir (…) Cependant, certaines évolutions incitent à un optimisme mesuré, comme la poursuite attendue de la baisse de l’inflation », résume Sylvain Bersinger. Après un pic à 6 % en février 2023, l’inflation en France tombe à 4,3 % en juillet (après +4,5 % le mois précédent), d’après les données provisoires publiées par l’Insee. En d’autres termes, la hausse des prix ralentit et devrait s’orienter peu à peu vers la décroissance.
A partir de 2024, les économistes tablent sur la « normalisation » de l’inflation. Comprenez par là une inflation qui repasserait sous la barre des 3 %, pendant que les banques centrales restent concentrées sur leur objectif de 2 % d’inflation. Petit à petit, la normalisation de l’inflation devrait conduire à « une reprise de la consommation et, à terme, à une détente des politiques monétaires. La croissance française devrait ainsi retrouver sa tendance de long terme, entre 1 et 1,5 % », explique Sylvain Bersinger. De quoi remonter le moral des chefs d’entreprise !
