BCE : l’Europe poursuit sa politique monétaire de hausse des taux

Actualités - Ce jeudi 15 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé un nouveau resserrement monétaire. Son taux de dépôt de la BCE atteint ainsi 3,50 % soit niveau le plus élevé depuis 22 ans. Quelle feuille de route d'ici la fin de l'année 2023 ? Le point avec Le Courrier Financier.

BCE : l'Europe poursuit sa politique monétaire de hausse des taux

*En français : « Le spectacle doit continuer ! »

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

La nouvelle n’a surpris personne. Ce jeudi 15 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une nouvelle augmentation de ses taux d’intérêt. Avec ce nouveau resserrement monétaire, le taux de dépôt de la BCE atteint 3,50 %. C’est son niveau le plus élevé depuis 22 ans. La conférence presse a été marquée par le ton « hawkish » (faucon) de sa présidente, Christine Lagarde. Cette dernière a déclaré qu’il était « très probable » qu’elle poursuive sur cette voie en juillet. « Show must go on », le spectacle doit continuer disent les anglophones. Du point de vue de l’institution européenne, c’est un passage obligé.

Vers une hausse de taux en juillet ?

La BCE poursuit sa lutte contre l’inflation. D’après une estimation Eurostat, l’inflation en zone euro atteignait 6,1 % sur un an glissant en mai 2023. La désinflation est donc bien amorcée, après 7,0 % en avril dernier. Ce vendredi 16 juin, certains membres du conseil des gouverneurs de la BCE ont appuyé la feuille de route de Christine Lagarde. « Il se peut que nous devions continuer à relever les taux après la pause estivale. Une fois que nous aurons atteint le pic des taux, nous y resterons jusqu’à ce que nous soyons certain d’un retour sûr et en temps voulu de l’inflation à notre objectif de 2 % », explique Joachim Nagel, président de la Bundesbank.

D’autres voix viennent nuancer ce point de vue. Gediminas Simkus, président de la Banque de Lituanie, estime que la BCE approcherait du pic : il serait donc trop tôt pour s’engager sur le niveau des taux à l’automne prochain. Gediminas Simkus a aussi écarté les anticipations du marché qui espèrent des baisses de taux début 2024. Un changement de politique monétaire aussi rapide de politique serait déroutant, assure-t-il. Enfin, Robert Holzmann, gouverneur de la Banque nationale d’Autriche, relève lui aussi qu’il est trop tôt pour faire des conjectures après juillet. Le niveau de l’inflation sous-jacente sera au coeur des débats, déclare-t-il.

Combattre l’inflation, encore et toujours

Par ailleurs, la BCE relève ses prévisions annuelles d’inflation. La croissance des prix devrait rester supérieure à son objectif de 2 % jusqu’à la fin de l’année 2025. La BCE revoit à la hausse ses projections pour l’inflation hors prix énergétiques et alimentaires pour 2023 et 2024, en évoquant notamment l’impact d’un marché du travail solide. Après avoir atteint un taux à deux chiffres l’an dernier, l’indice des prix à la consommation en zone euro a presque diminué de moitié depuis — notamment grâce au recul des prix de l’énergie. Mais l’inflation reste trop élevée, notamment dans les secteurs de l’alimentation et des services.

« La BCE a beaucoup insisté sur le dynamisme des marchés du travail et des salaires, qu’elle va chercher à stabiliser. Cela ne passera pas nécessairement par une récession : la politique monétaire peut étouffer la demande sans en provoquer une, mais au prix d’une croissance atone. Les projections de la BCE montrent pourtant une croissance presque à son potentiel en 2024 et 2025. Il ne faut pas non plus sous-estimer le retard avec lequel les hausses de taux se transmettent à l’économie — cette transmission devrait être apparente en deuxième partie d’année », analyse Guilhem Lamy, responsable des stratégies obligataires euro aggregate chez BNPPAM, pour Reuters.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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