Patrimoine des personnes vulnérables : les aidants en quête de conseils financiers

Responsabilité sociale - Ce jeudi 6 octobre, APICIL publie l'édition 2022 de son « Observatoire de la gestion de patrimoine des personnes dépendantes », en partenariat avec BVA Group. Comment les professionnels de la gestion de patrimoine peuvent-ils conseiller les aidants patrimoniaux ? Le point avec Le Courrier Financier.

La population française continue de vieillir. Le phénomène s’accélère depuis 2011, avec l’arrivée à 65 ans des générations nombreuses nées après-guerre. Le baby boum est devenu un papy boum. D’après les chiffres de l’Insee pour 2022, les plus de 65 ans représentent désormais 21 % de la population française. D’ici 2040, plus d’un habitant sur quatre devrait avoir 65 ans ou plus. Quel impact sur le secteur de la gestion de patrimoine des personnes dépendantes ? Ce jeudi 6 octobre, APICIL a publié la quatrième édition de son Observatoire consacré à cette question — en partenariat avec l’institut BVA Group.

En France, près de 800 000 personnes majeures sont placées sous mesure de protection juridique en 2022. D’après l’Observatoire, il s’agit de particuliers qui ne sont plus en mesure de défendre leurs intérêts — notamment financiers — pour cause de handicap, d’accident, de maladie ou de vieillesse. Un peu plus de la moitié d’entre eux (483 000 personnes) sont prises en charge par des mandataires judiciaires à la protection des majeurs (MJPM). Les autres sont accompagnés par leur famille. Certains bénéficient d’un régime de protection particulier : curatelle, tutelle, sauvegarde de justice, habilitation familiale.

Que font les aidants patrimoniaux ?

Dans le cercle familial, les aidants patrimoniaux — dont ce n’est pas le métier — assument quantité de tâches financières pour leurs proches vulnérables. Dans un premier temps, ils surveillent et gère les comptes bancaires (93 %) et règlent les dépenses type factures, loyer, etc. (89 %). Dans un deuxième temps, ils souscrivent ou modifient un contrat d’assurance (61 %) et réalisent même des placements financiers (55 %). Les aidants considèrent d’abord leur engagement comme un devoir (50 %) même si ce rôle leur pèse. Pour près d’un quart d’entre eux (22%), c’est une lourde responsabilité au quotidien.

Dans la majorité des cas (59 %), la valeur des portefeuilles gérés par les aidants tend à rester inférieure à 100 000. Toutefois, plus d’un tiers des aidants (38 %) déclarent gérer des portefeuilles plus importants. Ce rôle d’accompagnement financier demande des compétences spécifiques. Près de deux aidants patrimoniaux sur trois (65 %) considèrent être suffisamment armés personnellement dans l’Observatoire 2022. Ils étaient trois sur quatre (75 %) l’an dernier à dire de même. Leur niveau de confiance en leurs capacités recule, pour atteindre un niveau comparable à celui des mandataires professionnels (67 %).

Patrimoine des personnes vulnérables : les aidants en quête de conseils financiers
Source : Observatoire APICIL-BVA de la gestion de patrimoine des personnes dépendantes (édition 2022)

Informer sur le PERIN et les SCI, SCPI

De quoi les aidants patrimoniaux ont-ils besoin ? Ils estiment manquer de temps (39 %) mais aussi d’accompagnement et de conseil (32 %) pour remplir leur fonction. C’est pourquoi ils ont tendance à faire au plus simple et laisser l’épargne où elle se trouve (60 %). Cette gestion est largement sous-tendue l’évitement du risque (51 %) et le manque de connaissances financières (22 %). Ainsi, malgré la remontée des taux d’intérêts des livrets d’épargne, peu d’aidants (32 %) ont déjà modifié les placements financiers de leur proche vulnérable. Ils restent concentrés sur les livrets rémunérés (61 %), l’assurance vie (58 %) et le PEL (42 %).

Ce panorama de la gestion des aidants ouvre des perspectives d’optimisation. Parmi ceux qui n’ont pas réalisé d’opérations sur le nouveau contrat retraite PERIN, un tiers (33 %) se dit peu familier avec ce produit. Cette lacune gagnerait à être comblée : quand ils connaissent le contrat PERIN, neuf aidants sur dix (94 %) se disent enclins à y souscrire. Par ailleurs, ils sont en majorité (52 %) familiers des placements immobiliers de type SCI, SCPI. Ils y voient même un bon complément aux fonds en euros (88 %). Les professionnels du patrimoine ont donc intérêt à communiquer plus largement sur ces types de placements.

Patrimoine des personnes vulnérables : les aidants en quête de conseils financiers
Source : Observatoire APICIL-BVA de la gestion de patrimoine des personnes dépendantes (édition 2022)

21 % des aidants remplissent leur rôle seul

En moyenne, les aidants patrimoniaux s’appuient sur une seule personne pour être conseillés. Ils se tournent d’abord vers leur banquier (37 %) et les autres membres de leur famille (30 %). Ils sont beaucoup moins nombreux à se tourner vers un notaire (18 %), un conseiller en gestion de patrimoine (16 %) ou un assureur, une mutuelle (13 %). La certitude d’accomplir une tâche familiale noble les dissuade parfois de demander à être accompagnés. Un aidant patrimonial sur cinq (21 %) déclare remplir son rôle seul — notamment lorsque qu’il est âgé de 50 ans et plus (35 %). Il y a donc là une place à prendre pour les professionnels du conseil.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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