Fed : les marchés espèrent mais Jerome Powell refroidit les attentes

Asset Management - En novembre 2023, l'inflation recule mais la Réserve fédérale américaine (Fed) n'envisage pas de baisse des taux à court terme. Quelles perspectives pour les investisseurs ? Les explications d'Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France.

C’était probablement le discours le discours le plus attendu de la semaine dernière, celui de Jerome Powell vendredi soir. Pas seulement parce qu’il s’agit du président de la Réserve Fédérale (Fed) mais parce que tout au long de la semaine écoulée, des membres de la Fed se sont exprimés et l’un d’entre eux, Christopher Waller a commencé à entrouvrir la porte des baisses des taux.

Vers une baisse des taux ?

Il a déclaré qu’il était « de plus en plus confiant que la politique monétaire est actuellement bien positionnée pour ralentir l’économie et ramener l’inflation à 2 % ». Ajoutant qu’il « existe certainement de bons arguments économiques (…) qui vous diraient que si nous voyons la désinflation se poursuivre pendant encore plusieurs mois, je ne sais pas en termes de durée, 3 mois, 4 mois, 5 mois, et que nous ayons confiance sur le fait que l’inflation est réellement en baisse et sur sa trajectoire, alors nous pourrions commencer à baisser les taux ».

Ces propos ont immédiatement fait réagir les marchés et les taux ont accéléré leur repli. Une détente des taux qui a profité aux marchés actions : l’indice de volatilité du SP500, le VIX, revenant à son plus bas niveau depuis janvier 2020, avant la pandémie. D’autres membres de la Fed se sont exprimés la semaine dernière mais aucun d’eux ne s’est aventuré sur la question des baisses de taux… C’était donc l’enjeu de la fin de semaine : quelle position Jerome Powell allait-t-il adopter ?

Une inflation core à 3,5 %

La réponse a été claire, c’est un président de la Fed « semi-faucon » qui s’est exprimé, ne laissant pas de place à la complaisance. Il a rappelé que l’inflation évoluait dans la bonne direction mais qu’elle était toujours bien au-dessus de l’objectif et que l’inflation « core » (hors alimentation et énergie) était encore trop élevée.

L’inflation core PCE publiée la semaine dernière — un chiffre très surveillé par la Fed — évolue toujours à 3,5 % et l’inflation CPI « core » évolue quant à elle toujours à 4 %, soit deux fois l’objectif défini dans le mandat…insuffisant pour baisser la garde.

Comme d’autres membres de la Fed, Jerome Powell a clairement affirmé que « la Fed relèvera encore les taux si c’est nécessaire », estimant qu’il était « prématuré de dire que la politique monétaire est suffisamment restrictive ». Il a rappelé que les conditions du marché de l’emploi étaient « très fortes » même si elles s’étaient un peu détendues.

Perspectives 2024

Même s’il a rappelé que la Fed prenait ses décisions « réunion par réunion », on voit bien que Jerome Powell n’est pas allé dans le sens des colombes et qu’il ne veut prendre aucun risque par rapport au mandat. Et ce, même si l’économie montre des signes de ralentissement depuis près de 2 mois désormais. Dans sa dernière estimation, la Fed d’Atlanta évalue la croissance américaine à 1,2 % au quatrième trimestre…très loin des 5,2 % stratosphériques du T3.

Les marchés actions ont très fortement salué le ralentissement des données économiques américaines ces dernières semaines, considérant probablement que cela allait ouvrir les discussions sur le calendrier des premières baisses de taux au sein de la Fed…mais Jerome Powell n’a absolument pas abondé dans ce sens-là vendredi. De quoi refroidir un peu les ardeurs des dernières semaines sur les marchés et entraîner quelques prises de gain ?

Alexandre Baradez - IG France

Responsable Analyses Marchés

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