Donald Trump : confiné en absurdité

Asset Management - Au terme de l'élection présidentielle américaine, la transition s'annonce délicate entre Donald Trump et Joe Biden. Comment les marchés financiers réagissent-ils à l'incertitude politique ? Quelles conséquences à long terme sur les investissements ? L'éclairage de Clément Inbona, Fund Manager chez La Financière de l'Echiquier (LFDE).

En cette semaine de scrutin, le président Donald Trump — emmuré à la Maison Blanche au sens propre comme au figuré — apparaît de plus en plus isolé. Une ambiance de fin de règne plane sur Washington. Car même si son électorat s’est mobilisé bien au-delà de ce que les sondeurs anticipaient, une fracture semble bel et bien ouverte avec l’appareil de son parti.

Dans l’indécision du dépouillement des résultats, bien peu de ses membres ont semblé soutenir la posture de Donald Trump qui crie au scandale électoral et au trucage des dépouillements.

La force tranquille des marchés

Et si les réseaux sociaux modéraient déjà les fake news du président sur la pandémie ou la politique, les médias n’hésitent plus non plus à censurer la communication du président. Ils ont été nombreux ce jeudi 5 novembre à couper sa déclaration prononcée depuis la salle de presse de la Maison Blanche, la jugeant outrageusement mensongère.

Nous pouvions craindre que le scénario d’un scrutin serré et contesté fasse tanguer des marchés financiers déjà fragilisés par les nouvelles vagues de Covid qui déferlent sur l’Europe et les États-Unis. Il n’en est rien. Et même si l’issue présidentielle est restée indécise plusieurs jours après le vote et que les recours juridiques se sont multipliés, un vent d’euphorie a balayé les investisseurs en cette fin de semaine électorale. 

Vers une évolution démocrate

De prime abord étonnant, le retour de l’appétit pour le risque et les actions dès le lendemain des élections s’explique aisément. Si les résultats étaient encore indécis tant au niveau présidentiel que sénatorial, une victoire démocrate nette et sans bavures faisant basculer l’ensemble du Congrès de son côté ne semble pas probable.

Historiquement, les marchés préfèrent les périodes où le Congrès est divisé — qui dit Congrès bipartite, dit nécessité de trouver des compromis et de former des consensus. Ce ne sera donc pas une révolution mais une évolution démocrate. Les réformes les plus clivantes du candidat Biden vont certainement être très limitées, en premier lieux les hausses d’impôts ou encore un généreux plan de relance.

Premiers effets de l’élection

Les premières bénéficiaires de ce regain d’appétit ont été les grandes valeurs technologiques dont l’indice phare, le Nasdaq, a progressé de plus de 6 % au cours des deux jours qui ont suivi le scrutin, surpassant de près de 2 % le S&P 500, moins « technocentré ». La perspective de démantèlement pour cause d’abus de position dominante, chères aux démocrates, est au moins repoussée, sinon écartée à brève échéance.

D’autre part, le taux d’emprunt à 10 ans américain a reflué rapidement dès les premiers résultats officiels connus, actant un plan de relance raisonnable qui n’entraînera pas de hausse inquiétante du poids de la dette américaine au point d’inciter les prêteurs à la défiance. Si les marchés ont su garder la raison, nous ne pouvons pas en dire autant de Donald Trump.

Clément Inbona - LFDE

Gérant analyste

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