Gaz : la Russie ne livre plus ni la Pologne ni la Bulgarie

Actualités - Cette semaine, la Russie a coupé le robinet du gaz naturel pour la Pologne et la Bulgarie. En cause, le refus de ces pays européens de se plier aux exigences du Kremlin et de régler la facture en roubles. Comment l'UE réagit-elle à cette escalade des tensions, sur fond de guerre en Ukraine ? Le point avec Le Courrier Financier.

Energie : la Russie ne livre plus de gaz à la Pologne et la Bulgarie

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Le robinet est à sec. Ce mercredi 27 avril, Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à la Pologne et à la Bulgarie. La Russie réagit ainsi aux sanctions européennes face à son offensive militaire en Ukraine, dont le gel des avoirs de sa banque centrale. Ce mardi 26 avril, le géant russe de l’énergie assure avoir « totalement suspendu les livraisons de gaz à Bulgargaz [NDLR groupe bulgare] et PGNiG [NDLR compagnie polonaise], faute d’avoir été payé en roubles ». Depuis le 1er avril dernier, Vladimir Poutine exige que les acheteurs des pays étrangers « inamicaux » payent leurs livraisons de gaz en devises russes. Le Kremlin avait menacé de suspendre les contrats en cours en cas de refus.

De l’eau dans le gaz

Aujourd’hui pour acheter du gaz russe, il faut donc disposer d’un compte en roubles dans une banque russe. Objectif pour la Russie, renforcer sa « souveraineté ». La Pologne et la Bulgarie — membres de l’Otan et de l’Union européenne (UE) — restent très dépendantes du gaz russe. Les deux pays parlent d’une violation de contrats de la part de Gazprom. En Bulgarie, le ministre de l’Energie, Alexander Nikolov, rappelle que les livraisons de gaz pour avril ont déjà été payées. « Dans la mesure où toutes les obligations commerciales et légales ont été respectées, il est évident qu’en ce moment le gaz naturel est davantage utilisé comme une arme politique et économique dans le contexte actuel de la guerre », dit-il.

De leur côté, les autorités polonaises refusent de se plier aux demandes russes au sujet des modalités de paiement du gaz naturel. Leur contrat avec Gazprom arrivera à échéance à la fin de l’année. La Pologne a déjà annoncé qu’il ne serait pas renouvelé. De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen dénonce « une nouvelle tentative de la Russie d’utiliser le gaz comme instrument de chantage ». L’UE se serait déjà préparée ce scénario, qui « montre une fois de plus le manque de fiabilité de la Russie en tant que fournisseur de gaz », martèle la présidente de l’exécutif européen. « Nous sommes en train d’élaborer une réponse coordonnée de l’UE », ajoute-elle.

Touche pas au grisbi !

C’est une ambiance de Guerre froide. Les données des opérateurs des réseaux gaziers de l’UE montrent des flux réduits via le gazoduc Yamal, qui relie la Biélorussie à la Pologne. Gazprom a prévenu que tout prélèvement illégal sur les gazoducs qui traversent la Bulgarie et la Pologne pour alimenter l’Allemagne, la Hongrie et la Serbie provoquerait la coupure de ces voies d’approvisionnement. De leur côté, les autorités russes restent droites dans leurs bottes. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, dément que la Russie pratique le chantage avec son gaz. Il assure que son pays reste un fournisseur fiable. Gazprom est aujourd’hui le premier producteur et exportateur mondial de gaz.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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