Chine : Xi Jinping sur les nouvelles routes de la soie en Arabie saoudite

Actualités - La semaine dernière, Xi Jinping était en visite officielle en Arabie saoudite. Comment ce rapprochement entre les deux pays va-t-il se traduire dans le secteur de l'énergie ? De quelle façon Pékin et Ryad vont-ils renforcer leurs liens commerciaux ? Le point avec Le Courrier Financier.

Chine : Xi Jinping sur les nouvelles routes de la soie en Arabie saoudite

Conception Mathilde Hodouin – Réalisation Amandine Victor

Les nouvelles routes de la soie traversent la péninsule arabique. Le 7 décembre dernier, Xi Jinping est arrivé en Arabie saoudite. D’après les médias officiels chinois, c’est la plus importante initiative diplomatique de Pékin dans le monde arabe. Le prince héritier saoudien, Mohamed ben Salman, a reçu le président chinois en grand apparat. Un traitement qui contraste avec l’accueil réservé à Joe Biden, lors de sa visite en juillet dernier. Le rapprochement entre la Chine (deuxième économie mondiale) et l’Arabie saoudite (premier producteur mondial de pétrole) se joue sur fond de tensions entre Ryad et Washington.

Stratégie du pragmatisme économique

Sans rompre ses liens historiques avec les Etats-Unis, le royaume saoudien diversifie les alliances. Le jeudi 8 décembre, Ryad et Pékin se sont engagées à renforcer leur coopération commerciale et économique. La Chine salue « le rôle du Royaume en tant que défenseur de l’équilibre et de la stabilité des marchés pétroliers mondiaux et en tant que grand exportateur fiable de pétrole brut vers la Chine », indiquent les deux pays dans un communiqué conjoint. Pragmatique, Pékin renforce ses relations avec l’un des poids lourds de l’OPEP+ à l’heure où la guerre en Ukraine déstabilise toujours le marché de l’énergie.

Les deux pays vont investir ensemble dans la pétrochimie, les énergies renouvelables et le nucléaire. Ryad et Pékin veulent coopérer sur les chaînes d’approvisionnement énergétique — y compris dans « les pays consommateurs d’énergie en Europe et en Afrique ». Ce mercredi 7 décembre, le ministre saoudien de l’Énergie a évoqué l’établissement d’un centre régional dans l’État du Golfe pour les usines chinoises. Saudi Aramco et Shandong Energy doivent s’associer sur l’approvisionnement en pétrole brut et en produits chimiques. Objectif, coopérer dans le secteur du raffinage intégré et de la pétrochimie en Chine.

De l’eau dans le gaz avec les Etats-Unis

D’après la Direction générale du Trésor, l’Arabie saoudite était le premier exportateur de pétrole brut au monde en 2020 avec près de 7,1 millions de barils par jour. Cette année-là, l’Arabie saoudite comptait pour 15,6 % des importations de pétrole brut de la Chine. L’Arabie saoudite pourrait profiter du rapprochement en cours pour négocier un accord de libre-échange plus large. De son côté, Pékin assure sa position dans la région tout en gardant des liens avec Téhéran — malgré la rivalité féroce entre le régime des mollahs et le royaume saoudien. Dans cette partie du monde, la géopolitique se pense sur un mode multi-polaire.

Ce voyage permet à Xi Jinping de s’entretenir avec les dirigeants des six pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe — pas uniquement avec l’Arabie saoudite. La Chine profite du rafraîchissement des relations américano-saoudiennes. L’Arabie saoudite s’agace des critiques américaines sur le respect des droits de l’Homme et du désengagement de Washington au Proche-Orient, notamment face à l’Iran« Pékin n’impose pas à ses partenaires des exigences ou des attentes politiques et s’abstient de s’ingérer dans leurs affaires intérieures », explique l’éditorialiste saoudien Abdoulrahmane Al Rashed pour le journal Asharq Al Awsat.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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