Romain Suaudeau – Vasco : un outil pour « digitaliser toute la chaîne de valeur » du Private Equity

Investisseur privé - Ce mardi 12 septembre, Vasco lance son outil de gestion (SaaS) destiné aux acteurs du private equity (PE). Comment les professionnels du capital-investissement peuvent-ils ainsi tirer profit de la digitalisation ? Romain Suaudeau, co-fondateur et CEO de Vasco, répond en exclusivité au Courrier Financier.

En 2023, le Private Equity (PE) se complexifie. En Europe, près de 75 % des acteurs du secteur estiment qu’ils pourraient tirer davantage profit de la digitalisation. « Les solutions existantes manquent de flexibilité et n’adressent généralement qu’une fraction de la chaîne de valeur », déplore Romain Suaudeau, co-fondateur et CEO de Vasco. Pour y remédier, la fintech lance ce mardi 12 septembre son outil de gestion (SaaS) destiné aux acteurs du private equity. Plus de 50 professionnels l’utilisent déjà, pour un montant total d’actifs supervisés supérieur à 3,5 milliards d’euros. Romain Suaudeau répond en exclusivité au Courrier Financier.

Le Courrier Financier : Vous avez créé Vasco en février 2023. Pouvez-vous nous rappeler la genèse de ce projet ?

Romain Suaudeau - Vasco : un outil pour « digitaliser toute la chaîne de valeur » du Private Equity
Romain Suaudeau

Romain Suaudeau : Vasco est né d’un projet interne porté par Parallel, acteur français du private equity (PE) immobilier, dont je suis co-fondateur, et désormais mon operating partner. Dès sa création, Parallel a souhaité digitaliser sa chaîne de valeur pour gagner en précision dans l’exécution de ses deals et offrir une expérience investisseurs au-dessus des standards de marché.

Faute de trouver une solution adaptée à ses besoins, la société a décidé d’investir lourdement dans le développement d’une solution interne. Dès le début du développement, de nombreux partenaires co-investisseurs ont fait part de leur intérêt pour cet outil, qui semblait répondre parfaitement à leurs besoins.

Les fondateurs de Parallel ont réalisé la demande du secteur pour une nouvelle génération d’outils flexibles et performants. Ils ont donc donné une nouvelle dimension au projet, en séparant les activités et en créant une société dédiée au développement de la solution.

C.F. : Pourquoi l’industrie du private equity est-elle encore peu digitalisée ? A quel enjeux le digital permet-il de répondre ?

R.S. : L’industrie est faiblement digitalisée en raison de sa complexité — notamment parce que le private equity est peu normé, et fait intervenir beaucoup de parties prenantes. À l’inverse de la finance de marché, son infrastructure n’a jamais nécessité d’instantanéité ou d’approche en « temps réel ». C’est pour cela que le marché est faiblement digitalisé et qu’il existe peu de standards de fonctionnement. C’est justement ce que nous souhaitons créer : un nouveau standard dans la manière d’opérer en tant qu’acteur du PE.

Dans un environnement complexe et mouvant comme celui du private equity, la digitalisation a de nombreux avantages : sécurité, fiabilité et accessibilité de la donnée ; automatisation des tâches ; sécurisation des procédures clés ; renforcement des diligences réglementaires ; pilotage de la stratégie de distribution (souvent multicanale) ; industrialisation des processus de souscription, une nécessité pour faire face au volume croissant d’investisseurs privés et intermédiés, etc.

C.F. : Votre société-mère Parallel est spécialisée dans le Private Equity immobilier. Quelles opérations Vasco permet-il de gérer ?

R.S. : Vasco est très agnostique du point de vue de la typologie d’opérations et de la classe d’actifs. Il permet de gérer des club-deals comme des fonds, et s’adapte à tous types d’instruments dès lors que nous restons dans l’univers du non coté : venture capital (VC), PE, infra, real-estate, actifs alternatifs.

À titre d’exemple, nous avons dans nos clients des SCPI, des spécialistes du private equity immobilier (private equity real estate), des acteurs dans l’énergie, le venture capital, etc. Vasco permet à ces acteurs — qui opèrent dans différentes classes d’actifs et différentes stratégies — de digitaliser toute leur chaîne de valeur : dealflow management, émission de titres et gestion du passif, distribution, reporting, gestion de portefeuille, etc.

Qui sont vos clients ? Quel portrait-robot pouvez-vous faire de vos utilisateurs ?

R.S. : Notre client type est une société de gestion dédiée aux private assets, avec jusqu’à 2,5 Md€ / 3 Md€ d’AuM pour le moment. Les équipes de gestion ainsi que la/le RCCI ont pris conscience des opportunités offertes par la digitalisation et de ses impacts — réduction des coûts, augmentation des revenus.

Ils sont conscients de leur besoin et cherchent un outil rapidement implémentable, plus simple à déployer et moins coûteux que les solutions de référence qui existent aux Etats-Unis. Ils privilégient aussi la personnalisation. Chaque acteur est organisé différemment, c’est un point auquel nos clients sont très attentifs.

C.F. : Vasco comprend 12 modules, qui se répartissent en 5 briques fonctionnelles. L’une d’entre elles traite de la protection des données. Comment garantissez-vous la fiabilité et la sécurité de la data ? 

R.S. : C’est un aspect fondamental. Nous travaillons sur plusieurs axes, expliqués de manière très détaillée sur notre site. Dans les grandes lignes, l’infrastructure de la solution permet d’isoler les données de nos clients dans un environnement qui leur est dédié.

Des tests d’intrusion sont réalisés par des partenaires externes pour garantir que les dispositifs de sécurisation correspondent aux best practices, les accès aux comptes utilisateurs et investisseur sont sécurisés, les données sont stockées en Europe, et la solution dispose d’un Plan de Continuité de l’Activité (PCA).

C.F. : Comment allez-vous déployer Vasco en Europe d’ici 2024 ? Quels sont vos objectifs de développement ?

R.S. : Nous développons Vasco depuis plusieurs mois. Nous avons commencé par accompagner nos premiers clients dans l’implémentation de la solution pour nous assurer que celle-ci répondait parfaitement à leurs besoins et créait la valeur attendue.

Nous avons été sollicités par de nombreux acteurs, en France, en Suisse et au Luxembourg, afin de les accompagner dans leurs projets de digitalisation. C’est à cela que nous allons dédier notre temps ces prochains mois. Nos équipes techniques travaillant en parallèle sur la version multi-devise de la solution qui nous permettra d’adresser de nouveaux pays.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

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