Crédit immobilier : une situation très inégale en Europe

Immobilier - Les 6153 milliards d'euros de crédits immobiliers souscrits en 2016 ne sont pas représentatifs d'une tendance générale du crédit en Europe. D'une région à l'autre, les comportements face au crédit varient considérablement.

Nord et Est : deux régions aux antipodes 

La région Nord (Suède, Finlande, Danemark, Royaume-Uni et Irlande) comptabilise 80 164 € de crédit par ménage propriétaire, contre 6 033 € seulement pour les ménages de l’Europe de l’est. Un écart qui s’explique, entre autre, par un rapport différent au crédit immobilier.

En Suède et au Danemark, il existe une réelle culture du crédit immobilier, soutenue par des mécanismes qui favorisent la contraction dans un marché toujours plus dynamique. Le crédit « in fine », le prélèvement des intérêts directement sur le revenu et la durée du remboursement, qui peut dépasser 20 ans, permettent d’emprunter plus, plus longtemps.

En Europe de l’Est, l’Etat roumain, dans les années 1990, a massivement mis en vente des logements à bon prix. Des crédits peu élevés, donc, déjà remboursés, pour la plupart. Avec 86% de propriétaires, les ménages d’Europe de l’Est s’offrent donc le plus fort taux de propriété d’Europe, loin devant les 65% d’Europe du Nord. Toutefois, c’est aussi la région dans laquelle l’insalubrité des logements est la plus consternante.

La France, plus compétitive que ses voisins ?

La France se situe dans la moyenne Européenne et son secteur immobilier se porte bien. Bien que ses encours de crédits immobiliers, 928 milliards €, soient inférieurs à la moyenne européenne, ils progressent annuellement de 4,7%, et les contractants sont prêts à s’endetter davantage que dans les autres pays européens.

Dans toute l’Europe, les taux d’intérêt subissent une baisse généralisée depuis huit ans. Les ménages ont donc pu augmenter leur pouvoir d’achat, en moyenne, d’environ 30%. Les prix de l’immobiliers ont cependant varié différemment selon les pays : +3% pour la France, +33% et +31% pour  l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ce qui explique la forte croissance du pouvoir d’achat des français (+30%) et la stagnation de leurs voisins (+2% pour l’Allemagne et +3% pour le Royaume-Uni).

La situation du crédit immobilier est révélateur de grandes disparités en Europe, tant aux niveaux culturels qu’économiques. Certains pays sont encore marqués par la crise immobilière de 2008, tandis que d’autres, comme l’Italie, sortent doucement la tête de l’eau. Toutefois, cela ne risque pas d’aller en s’arrangeant pour le Royaume-Uni dont les prix de l’immobilier ne cessent d’augmenter depuis 2008. Avec le Brexit, on attend un retour d’entreprises sur le continent et avec elles, leurs sièges sociaux et leurs cadres. Cette relocalisation risque d’impacter encore plus un marché londonien déjà fragilisé.

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Charlyne Alloin

Rédactrice - Le Courrier Financier

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