Peut-on s’attendre dès maintenant à un changement de cap des banques centrales ?

Asset Management - Les plus hauts historiques atteints par les indices d’actions des principaux marchés remontent à près d’un an. Depuis, les bourses ont suivi une belle évolution en dents de scie qui se manifeste encore aujourd’hui par des indicateurs de performance négatifs.

Outre un ralentissement conjoncturel notable qui tient à de multiples raisons évidentes, le resserrement monétaire de ces douze derniers mois est pointé du doigt. Des années de taux nuls, voire négatifs ont entraîné une logique de valorisation basée sur un taux d’actualisation (positif) qui confine à l’absurde.

C’est la raison pour laquelle les baisses de cours peuvent être aisément interprétées comme une correction des excès de prix induite par les taux d’intérêt. Inédite, cette série de hausses de taux a déclenché une certaine volatilité sur les marchés financiers, le temps que les valorisations s’adaptent. Durant l’année, les spéculations sur la trajectoire de resserrement ont alimenté toutes les discussions. La décélération prévue du rythme de resserrement de la Réserve fédérale dissipe en partie ce facteur d’incertitude.

Ce qui questionne aujourd’hui les marchés, c’est le taux cible et ce qui se passera une fois celui-ci atteint. Cela fait des semaines que le « pivot », plus exactement le jeu de devinette sur le début de la baisse des taux, fait la une de l’actualité et alimente les fluctuations de cours.

Mais à cet égard, l’on observe un écart entre les déclarations des différents représentants de la Fed et la détermination du prix des contrats à terme correspondants. Alors que les premiers veulent remplir leur mission de lutte contre l’inflation et surtout ne pas répéter les erreurs des années 1970 (baisse trop rapide des taux d’intérêt), le marché à terme anticipe déjà ces baisses de taux pour la fin de l’année prochaine. Le marché célèbre cette perspective en soutenant les cours des actifs risqués.

Nous remettons en question cette évolution : s’il est illusoire de penser que, compte tenu du niveau élevé de l’inflation, celle-ci redescende rapidement vers l’objectif de 2 % visé par la Fed, qu’est-ce que qui pourrait justifier les baisses de taux intégrées dans les cours ? Une évolution économique bien plus mauvaise que prévu serait à tout le moins un motif valable pour que la Fed abaisse ses taux en 2023, malgré une inflation supérieure à 4 %.

Mais cette théorie est en contradiction flagrante avec un marché actions haussier dans la mesure où, en cas de récession, il faudrait des ajustements de prix bien plus importants. En anglais, il existe une belle expression pour cela : Be careful what you wish for.

Michael Blümke - Ethenea

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