Bourse : 1001 raisons de vendre malgré la hausse, les raisons de la résilience

Asset Management - En plein déconfinement, les marchés financiers affichent un bel optimisme. Comment comprendre ce phénomène, compte tenu de la multiplication des risques ? Sur quel scénario de reprise les investisseurs peuvent-ils vraiment s'appuyer ? Jean-Jacques Ohana, CFA Directeur de la Gestion chez Homa Capital, partage son analyse.

Depuis quelques temps, les raisons de vendre le marché ne manquent pas : divergence entre compartiments — grandes capitalisations contre petites capitalisations, style Growth contre Value —, chute des bénéfices anticipés, vulnérabilité des dettes des pays émergents, fragilité financière et politique au sein de la zone euro, résurgence du Covid-19 dans les pays qui déconfinent notamment en Asie.

Injections de liquités

Pourtant, les marchés boursiers affichent une résilience insolente face à cette accumulation de risques ; les indices S&P 500 et Euro Stoxx réalisant respectivement un rebond de 30 % et de 22 % depuis les plus bas du 18 mars. La première raison se trouve dans les liquidités injectées par les banques centrales, et notamment la Réserve Fédérale (Fed), dont les rachats de dette financent intégralement le déficit américain en 2020.

Cette liquidité massive injectée par la Fed atteint désormais le plus haut niveau de croissance annuelle depuis la décennie 1980 pour se déverser sur les actifs financiers. Les marchés d’actions américaines — et notamment l’envolée des valeurs technologiques — incarnent la domination des États-Unis sur le monde. Les plans de relance américains visent non seulement la relance économique mais aussi le soutien de leur propre marché.

L’illusion du « rebond en V »

La deuxième raison de cette hausse, qui défie la gravité des fondamentaux et des risques, est la participation sans précédent des investisseurs privés, improvisés traders du Covid-19, profitant d’opportunités d’achat « à bon compte » pour revenir sur les marchés. Cela explique, en particulier, pourquoi les flux se déversent sur les actions et beaucoup moins sur les marchés de la dette corporate, qui constituent pourtant une créance prioritaire sur les flux versés aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachat d’actions.

Comme en témoigne la déconvenue de ce nouveau type d’investisseurs sur le pétrole américain, qui était passé en territoire négatif, les expériences d’engouement moutonnier pour le trading se terminent rarement en happy end pour le plus grand nombre. Espérons que cette nouvelle expérience échappe à la règle et que la réalité économique rattrapera la chimère du « rebond en V ».

Jean-Jacques Ohana - Homa Capital

CFA Directeur de la Gestion

Voir tous les articles de Jean-Jacques