BlackRock : derrière l’intrusion violente dans les bureaux, l’investissement vert

Actualités - Cette semaine, le siège de BlackRock France à Paris a été saccagé par des militants écologistes en colère. Le gérant d'actifs américain est au cœur d'une polémique liée à son discours sur l'environnement. Le point avec Le Courrier Financier.

BlackRock : derrière l’intrusion violente dans les bureaux, l’investissement vert

(Conception : Mathilde Hodouin – Création : Amandine Victor)

Cette semaine a été mouvementée chez BlackRock France. Ce lundi 10 février, plusieurs dizaines de militants écologistes ont pénétré dans les locaux du gérant d’actifs, situés dans le deuxième arrondissement Paris. Certains sont montés au quatrième étage de l’immeuble, où se trouve le siège social de BlackRock en France. Ils ont vandalisé les bureaux et laissé des inscriptions sur les murs : « BlackRock meurtrier », « Notre planète, votre crime ». L’action baptisée « Avenir en feu » a été revendiquée sur les réseaux sociaux, notamment par PeupleRevolte et Youth For Climate. Les militants réclament, entre autres, la fin des investissements dans les énergies fossiles.

BlackRock, seul contre tous ?

Dans un communiqué publié ce lundi, BlackRock condamne l’intrusion. « Ces actes, tout comme les tentatives d’intimidation à l’encontre de nos collaborateurs depuis plusieurs semaines, sont inacceptables et intolérables », déclare la société américaine de gestion d’actifs. Dès ce mardi 11 février, l’Association Française de la Gestion financière (AFG) a apporté son soutien à BlackRock France, qui est un de ses membres. Côté politiques en revanche, la réaction est plutôt à l’offensive. Ce mardi 11 février sur France Inter, Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts (EELV) qualifiait BlackRock de « prédateur pour notre avenir » tout en reconnaissant une action « contre-productive ».

Un manque flagrant de culture économique ? C’est l’hypothèse retenue par Stéphan Bourcieu, Président du Directoire de la Burgundy School of Business, dans une tribune publiée ce jeudi 13 février dans Le Figaro. L’enseignant y rappelle que si BlackRock gérait environ 7 000 milliards de dollars d’actifs fin 2018, il ne les a jamais possédés. Il s’agit de « l’argent de ses clients, investi dans des fonds d’investissement ou des mandats de gestion gérés par BlackRock ». D’après Stéphan Bourcieu, le chiffre d’affaires de BlackRock pèse 14,2 milliards de dollars soit 0,55 % du PIB de la France. De quoi infirmer une autre affirmation de Julien Bayou, selon laquelle « BlackRock [avait] un PIB supérieur à la France ».

La voie étroite de l’écologie

Depuis des mois, BlackRock affronte une tempête de critiques liées à son discours sur l’environnement. Dans sa lettre annuelle, le PDG Larry Fink appelle à « une transformation fondamentale du secteur financier ». Il annonce le virage vert du groupe afin de préserver ses placements. « Le changement climatique constitue désormais un facteur déterminant dans les perspectives à long terme des entreprises », déclare-t-il. Le risque climatique devient un risque d’investissement. « Dans un avenir proche, plus proche que la plupart des gens ne l’anticipent, nous observerons une réallocation significative des capitaux », ajoute-il. BlackRock veut créer des portefeuilles plus durables et plus résilients.

BlackRock prône un capitalisme « responsable et transparent ». Fin janvier 2020 au Forum de Davos, BlackRock a ainsi renforcé sa participation dans le Climate Finance Partnership (CFP). Ce véhicule d’investissement — initialement doté de 100 millions de dollars — combine les financements publics et privés. La France et l’Allemagne garantissent 60 millions sur fonds publics. Le fonds vise à lever jusqu’à 500 millions de dollars pour financer des projets liés au climat en Amérique latine, Asie et Afrique. Cette opération a toutefois valu à BlackRock des accusations virulentes de « greenwashing ». La route vers une finance durable est encore longue.

Mathilde Hodouin - Le Courrier Financier

Rédactrice en chef (janvier 2019 - février 2024)

Voir tous les articles de Mathilde