Fusion-acquisition : l’Europe tire le marché mondial des M&A vers le haut

Asset Management - Le déclin du marché mondial des fusions-acquisitions se poursuit avec un sixième trimestre de sous-performance consécutif. D'après une enquête Willis Towers Watson publiée début avril 2019, les acheteurs européens ressortent comme les seuls ayant créé de la valeur dans le cadre de transactions M&A.

L’Europe est la seule région au monde à enregistrer des performances positives en matière de fusions-acquisitions au premier trimestre 2019. Afin de décrypter ce marché, Willis Towers Watson a publié le 10 avril dernier les résultats de sa dernière enquête (en anglais) Quarterly Deal Performance Monitor (QDPM). Ce document — réalisé en partenariat avec Cass Business School — montre que les acquéreurs européens ont surperformé leur index régional de 2,8 pp (points de pourcentage).

Avec une performance moyenne — glissante sur 3 ans — supérieure à l’indice régional de 5,1 pp et des surperformances constantes sur les six derniers trimestres, les acquéreurs européens affichent les meilleurs résultats. Viennent ensuite leurs homologues d’Amérique du Nord et de la région Asie-Pacifique qui, sur la même période, ont sous-performé par rapport à leurs indices de 1,1 pp et 5,5 pp respectivement.

Superperformance constante dans la région Europe

Au Royaume-Uni, les performances des acquéreurs s’inscrivent dans la lignée des résultats positifs enregistrés en Europe. Les cinq opérations finalisées d’une valeur de plus de 100 millions de dollars dépassent en moyenne l’indice régional de 5,7 pp. Cette surperformance dans la région est une constante depuis le lancement de l’indice en 2008 (+3,9 pp), sur les trois dernières années (+3,7 pp), ainsi que sur les 12 derniers mois (+3,9 pp), malgré le climat d’incertitude régnant autour du Brexit.

Dans un contexte instable à l’image du paysage politique mondial — que ce soit sous l’effet des guerres commerciales ou d’un protectionnisme grandissant — le marché mondial des fusions-acquisitions a globalement sous-performé pour le sixième trimestre consécutif. Avec un résultat moyen de -5,4 pp par rapport à l’indice au cours des trois derniers mois, c’est un record. Ces chiffres indiquent aussi un déclin considérable par rapport à ceux enregistrés à la même période en 2018 (-0,6 pp).

Vers un ralentissement du marché mondial

« Malgré les incertitudes planant sur la région, l’Europe résiste à la tendance mondiale négative en matière d’opérations de fusions-acquisitions. Il semblerait que la stabilité relative ou du moins l’instabilité plus faible du contexte politique et économique porte ses fruits, et permette aux entreprises locales de faire mieux que leurs homologues dans le reste du monde », analyse Maud Mercier, Directrice Global Services and Solutions chez Willis Towers Watson France.

« Les acteurs européens et britanniques continuent de montrer la voie en matière de performances dans le cadre de M&A. Malgré cela, en raison de conditions rendues encore plus difficiles par le conflit commercial entre les U.S.A et la Chine, la perspective d’une hausse des taux d’intérêt et des conditions d’emprunt plus strictes, le marché mondial devrait encore ralentir, tandis que les acquéreurs du monde entier risquent de se montrer plus sélectifs que jamais », ajoute-t-elle.

Résultats médiocres sur le marché nord-américain

En Amérique du Nord, le secteur enregistre un net recul de 10,1 pp (la pire performance de la région depuis la création de l’indice), tandis que les acquéreurs d’Asie-Pacifique sous-performent pour leur part leur indice régional de 5,0 pp.

« Les résultats médiocres du marché nord-américain historiquement très vigoureux sont le reflet de stratégies d’acquisitions de plus en plus axées sur des opérations domestiques, notamment suite à la récente réforme fiscale menée aux États-Unis. Jusqu’ici, ces stratégies n’ont pas porté leurs fruits pour les entreprises, et ces dernières auraient intérêt à se focaliser sur les opérations les plus prometteuses », poursuit Maud Mercier.

Des opérations de plus en plus difficile à réussir

L’augmentation des réserves de trésorerie, les bouleversements technologiques et la croissance ralentie des marchés émergents devraient « encore et toujours pousser les entreprises vers le marché des fusions-acquisitions. Parallèlement, la tension caractéristique ressentie sur le marché l’année dernière est encore présente, et de nombreuses cibles paraissent aujourd’hui plus chères que lors des précédents pics de fusions-acquisitions, comme en 1999 et en 2008 », souligne Maud Mercier.

Résultat, réussir ce type d’opération devient de plus en plus difficile. « Pour les acquéreurs espérant sortir leur épingle du jeu dans le courant de l’année, il sera primordial de veiller à ce que les décideurs sélectionnent bien les cibles, prennent soin des processus de due diligence et d’intégration, et choisissent habilement les personnes qui sauront mener l’exécution de leurs transactions avant de se lancer », conclut Maud Mercier.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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