Le dynamisme de l’emploi se confirme au deuxième trimestre

Actualités - Au second semestre, l'emploi salarié progresse à nouveau. Les seules ombres au tableau sont la baisse de l'intérim et la chute de la productivité. Le décryptage de Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès.

L’emploi salarié a continué sur sa bonne lancée au deuxième trimestre, la baisse de l’intérim pourrait cependant annoncer des statistiques moins flatteuses sur la fin de l’année. Le nombre de salariés ayant progressé plus vite que le PIB, il en a résulté une baisse de la productivité du travail qui n’est probablement que passagère.

L’emploi salarié a progressé de 0,4 % au deuxième trimestre, indiquant que la guerre en Ukraine n’a pas, jusqu’alors, impacté le marché du travail français. Le recul de l’intérim invite cependant à la prudence pour l’avenir.

Une progression de 95 300 emplois

Au deuxième trimestre, le nombre d’emplois salariés en France a progressé de 95 300 emplois, une hausse globalement similaire à celle du premier trimestre. Tous les secteurs ont vu croître le nombre d’emplois, notamment l’industrie, habituel parent pauvre de l’économie française, qui a enregistré une progression de 10 100 emplois sur le trimestre écoulé.

Source : Asterès

Le nombre d’intérimaires s’était déjà contracté au premier trimestre, et a de nouveau baissé de 20 500 emplois au deuxième trimestre. Cette évolution est un signal négatif puisque l’emploi intérimaire est généralement perçu comme un indicateur avancé de la tendance future. En effet, les entreprises coupent d’abord dans les postes d’intérimaire lorsqu’elles anticipent des difficultés futures.

Le fort rebond de l’emploi au sortir de la crise sanitaire, plus rapide que la hausse du PIB, implique une baisse de la productivité du travail (mesurée en termes de PIB par emploi). Cette évolution pourrait s’expliquer par les perturbations induite par la crise sanitaire, et ne traduit pas nécessairement une tendance durable.

Une baisse de la productivité

À long terme, le pouvoir d’achat de la population évolue de façon parallèle à l’évolution de la productivité dans la mesure où le partage de la valeur ajoutée reste inchangé (ce qui est globalement le cas en France sur longue période).

Le fait que l’emploi ait progressé plus rapidement que le PIB ces derniers trimestres implique une baisse de la productivité de chaque emploi, qui a décliné d’environ 4 % depuis quatre ans. Cette tendance, si elle s’avérait durable, pourrait conduire à un tassement du pouvoir d’achat des salariés.

Source : Asterès

La baisse de la productivité par salarié peut s’expliquer par les perturbations générées par la crise sanitaire. Les changements de postes de salariés (hausse de 20 % du nombre de démissions de salariés en CDI au T1 2022 par rapport au T4 2019) et les désorganisations des entreprises ont pénalisé la productivité de façon momentanée, mais la tendance n’est pas mécaniquement durable. La hausse sensible des contrats d’apprentissage peut également entraîner une baisse de la productivité de l’ensemble des travailleurs, qui deviennent en moyenne moins expérimentés.

Sylvain Bersinger - Asterès

Consultant économiste chez Asterès

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