Chômage : le nombre de demandeurs d’emploi cesse de diminuer

Actualités - En juin 2022, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en France amorce une légère hausse, après une baisse continue depuis avril 2020. Sébastien Boch, économiste chez Asterès, analyse les dernières données relatives à l'emploi.

En juin 2022, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A cesse de baisser et remonte à 2 946 500. La catégorie A est celle qui est retenue pour le calcul du taux de chômage : il s’agit des demandeurs d’emploi qui n’ont aucune activité.

Les catégories B et C, en revanche, sont ceux qui ont eu une activité « réduite » au cours du dernier mois. Elles forment le « halo » du chômage. Pour l’ensemble des catégories A, B, et C, le nombre de demandeurs d’emploi continue de baisser légèrement, mais la baisse ralentit nettement.

Les blocages de l’économie mondiale

Après un pic lors du premier confinement de la crise de la Covid-19, le chômage a connu une baisse soutenue, pour atteindre 7,3% au premier trimestre 2022. Cette baisse s’interrompt en juin, face aux blocages de l’économie mondiale. Le nombre de demandeurs d’emploi reste à un niveau favorable, en deçà de sa moyenne de long terme.

Le nombre de demandeurs d’emploi évolue symétriquement aux difficultés de recrutement croissantes auxquelles font face les entreprises. En juillet, près de 70% des entreprises de l’industrie manufacturière déclarent connaître des difficultés à recruter.

L’évolution du chômage en juin est en ligne avec les projections macroéconomiques des principales institutions économiques. L’OCDE, la Banque de France et l’OFCE s’accordent sur un ralentissement de l’activité et une remontée du chômage à court terme face au contexte économique actuel. Ils prévoient une augmentation du taux de chômage français de 7,3% à 8% d’ici 2023.

La chimère du plein emploi

Cette hausse du chômage s’explique par les blocages économiques liées à la situation géopolitique et à l’inflation, et devrait être aggravée par la hausse des taux engagée par la BCE. Les tensions sur les chaînes de valeurs et sur l’approvisionnement en matières premières, la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation, et la confiance dégradée des agents économiques, sont autant de facteurs de ralentissement de l’activité qui commencent à peser sur l’emploi.

La hausse des taux directeurs de la BCE, nécessaire pour endiguer l’inflation, ne vas pas manquer d’aggraver la menace de récession en Europe. Un taux d’intérêt élevé est un frein à l’emprunt et donc à l’investissement pour les ménages et les entreprises, ce qui limite l’activité économique et donc l’emploi.

Dans ces conditions, il semble difficile pour Emmanuel Macron d’atteindre à moyen terme l’objectif de plein emploi qu’il avait annoncé au cours de sa campagne présidentielle. Le taux de chômage de plein emploi en France est estimé à 5%, compte tenu des frictions irréductibles sur le marché du travail.

Sébastien Boch

Economiste chez Asterès

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