EXCLUSIF / Crédits durables : moteur de la croissance et de la durabilité des banques

Responsabilité sociale - Pour les banques, les crédits bancaires durables représentent un formidable levier de croissance. Ils leur permettent d’agir sur les performances globales des entreprises, grâce à des taux attractifs et incitatifs. Comment assurer le déploiement de cet outil ? Qu'est-ce qui en fait la spécificité ? Olivier Brien, Senior Manager et Global Solutions Consultant Lending chez Finastra.

Ces dernières années, les services financiers ont été à l’origine de nombreuses initiatives durables. Les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ne sont plus une « simple case à cocher » mais un élément crucial dans les prises de décisions des entreprises, tous secteurs confondus. D’après une étude de PWC, 80 % des investisseurs considèrent l’ESG comme un critère vital dans leurs choix d’investissements.

Malgré un contexte économique morose, le financement de l’ESG connaît une croissance explosive — 116 % entre 2020 et 2021 — qui devrait se poursuivre puisque 76 % des banques prévoient d’étendre leurs services liés à l’ESG dans les 12 à 18 prochains mois et au-delà. En tête des priorités : les obligations vertes, le financement de la chaîne d’approvisionnement et les crédits bancaires durables (sustainability-linked loans en anglais ou SLL).

Ces derniers représentent un formidable levier de croissance pour les banques et leur permettent d’agir sur les performances globales des entreprises grâce à des taux attractifs et incitatifs. Bien que les banques soient conscientes des avantages des crédits durables pour leur activité et celle de leurs clients, certaines ignorent la meilleure stratégie pour les implémenter efficacement.

Complexité des crédits bancaires durables

L’un des principaux défis pour les banques est d’accroître leur portefeuille de SLL tout en respectant les normes de tarification, de taxonomie et de frais en vigueur. Ces prêts reposent sur des structures complexes et des éléments variables qui nécessitent un suivi régulier afin de s’assurer que les objectifs du contrat sont correctement atteints. Les banques ont donc besoin d’outils pour collecter les données ESG de leurs clients et y accéder facilement depuis des tableaux de bord.

Lorsqu’ils sont réalisés manuellement, ces processus peuvent nécessiter des ressources importantes et augmenter les risques d’erreurs, les délais et les coûts. Or, d’après une étude d’Ernst & Young, 55 % des professionnels hébergent leurs données ESG dans des feuilles de calcul. Il existe un besoin croissant d’informations de qualité et de sécurité, c’est pourquoi les banques doivent accélérer dans l’automatisation de la collecte des données.

D’autres défis peuvent survenir en raison de l’inconsistance des normes de reporting ESG et l’incertitude réglementaire. Les nombreuses initiatives existantes utilisent des méthodologies, des notations et des normes distinctes. En outre, les principaux fournisseurs de données de marché ont développé leurs propres systèmes de notation ESG basés sur des critères et des indicateurs différents. Dans ce contexte, fixer des objectifs pertinents qui conduisent à de vrais changements peut s’avérer périlleux.

Définir des stratégies ESG globales

Par ailleurs, des définitions ESG floues, des déclarations prospectives ou estimatives, des données fausses, inexactes ou trompeuses peuvent susciter des soupçons d’écoblanchiment de la part des investisseurs et attirer l’attention des régulateurs. Pour ajouter à cette incertitude, les banques d’affaires sont encore en train de compléter les étapes initiales de leurs stratégies ESG globales.

Pour près de la moitié d’entre elles (49 %), le principal objectif est de réduire leurs propres émissions carbone. Parmi les autres préoccupations, on retrouve également la définition de termes tels que les objectifs ESG, l’obtention de financements à long terme et l’alignement du conseil d’administration, de la direction et de la gouvernance sur les initiatives de développement durable.

Pour soutenir efficacement les entreprises, les banques doivent d’abord affiner leur propre stratégie ESG et l’aligner sur les normes internationales, les pratiques définies par le Science Based Targets (SBT) ainsi que leurs propres valeurs. Enfin, leur feuille de route doit être fondée sur des données factuelles, précises et scientifiques.

Simplification rime avec digitalisation

Les reportings ESG peuvent sembler complexes, mais ils constituent un avantage concurrentiel extraordinaire pour les entreprises, les fintechs et les institutions financières. À mesure que les initiatives de normalisation progressent et que les banques comprennent les réglementations, de plus en plus d’entreprises se tourneront vers les SLL grâce à leurs taux compétitifs et leurs conditions de remboursement flexibles.

Pour que les banques puissent déployer ces prêts efficacement et à grande échelle, il est essentiel d’investir dans des technologies et des solutions automatisées permettant de gérer la performance ESG et les ajustements de prix. À titre d’exemple, les solutions cloud-natives intégrant les objectifs Sustainability Performance Targets (SPTs) dans la tarification ESG peuvent aider à offrir une meilleure expérience aux clients.

Le suivi automatisé des indicateurs clés peut contribuer à tous les aspects de l’ESG, ce qui permet aux banques d’être au fait des performances de leurs clients. En outre, une architecture moderne et des API ouvertes aident à simplifier les flux de travail numériques — de la soumission des données à l’application — et offrent la flexibilité dont les banques ont besoin pour rester compétitives dans un paysage en constante évolution. Ces outils créent une base solide pour les parcours digitaux de bout en bout, en facilitant le suivi des progrès, les demandes d’approbation et l’examen des soumissions.

La collaboration est clé

Face aux exigences croissantes en matière de reporting ESG, les banques ont aussi besoin de définitions claires, d’outils de suivi et d’analyse prodiguant des insights sur le cycle de vie des produits. Pour atteindre le niveau d’agilité requis et s’adapter aux nouvelles demandes, la collaboration est donc primordiale.

Les fintechs peuvent jouer un rôle essentiel en aidant les banques à développer des solutions innovantes et performantes au service de projets ESG. À cet égard, les responsables ESG déclarent attendre des fintechs qu’elles leur fournissent des produits clé en main répondant à leurs besoins ainsi qu’à ceux de leurs clients.

En offrant des outils qui rationalisent l’accès aux données ESG ou la conformité aux normes du secteur, banques et fintechs peuvent travailler ensemble afin d’aider les entreprises à atteindre leurs objectifs de développement durable et créer un avenir plus durable.

Olivier Brien - Finastra

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