Finance responsable — 3 questions à… Thomas Boidot-Dorémieux, Directeur du Lab Innovation chez Lamarck Group

Responsabilité sociale - EXCLUSIVITÉ — La semaine de l’investissement responsable se tient du 29 septembre au 7 octobre 2022. A cette occasion, Thomas Boidot-Dorémieux, Directeur du Lab Innovation chez Lamarck Group, explique en exclusivité pour Le Courrier Financier la méthodologie de Lamarck Group en matière de « matérialisation des risques climatiques ».

La société Lamarck Group — spécialiste du conseil en finance responsable — a mis au point une méthodologie afin de « matérialiser les risques climatiques ». Quelle est-elle ? Comment se matérialise-t-elle ? Quelle est la finalité ? Thomas Boidot-Dorémieux, Directeur du Lab Innovation chez Lamarck Group, répond aux questions du Courrier Financier

Thomas Boidot-Dorémieux

Le Courrier Financier : Qu’entendez-vous par « matérialiser les risques climatiques » ? 

Thomas Boidot-Dorémieux : Matérialiser les risques climatiques revient à les rendre matériels, c’est-à-dire qu’ils ne sont plus simplement des risques hypothétiques non mesurables mais des risques avérés que nous sommes en mesure de quantifier, de calculer à partir de données et de modèles.

La phase suivante consiste à intégrer ces résultats dans d’autres mesures de risques dits réglementaires comme le risque de crédit, risque de pertes liées à un défaut d’une contrepartie engagée avec la banque dans une opération de crédit, ou le risque de marché risque de pertes liées à des variations du prix de marché des actifs en portefeuille.

C.F : Quelle est la méthodologie appliquée par le « Lab Innovation » ?

T.B.D : Notre méthodologie repose sur quatre points. Le premier consiste à déterminer les probabilités d’occurrence d’aléas climatiques extrêmes présents et futurs de la façon la plus précise possible — notamment en termes de géolocalisation et de caractéristiques de l’aléa — à partir des dernières données climatiques disponibles, telles que les prévisions décennales et les projections climatiques.

Le deuxième point consiste à identifier les actifs physiques exposés à ces aléas à partir de différentes sources de données. Le troisième repose sur la détermination des dommages estimés sur ces actifs en cas d’occurrence d’un aléas, en utilisant des fonctions de dommage prenant en entrée les caractéristiques de l’aléa et de l’actif et donnant en sortie un montant ou un pourcentage de dommages. Enfin, ces montants sont ensuite agrégés au niveau de portefeuilles d’actifs immobiliers d’une banque — actifs généralement mis en collatéral de prêts bancaires par les entreprises. 

C.F : Comment le « Lab Innovation » exploite ces données ? Quelle est votre vision à long terme ? 

T.B.D : L’exploitation de nos données sert avant tout à inclure les éléments de risque climatique dans les risques réglementaires ou dans l’analyse d’octroi de crédits. Nous cherchons à compléter nos études sur un nombre d’aléas climatiques plus important et sur des zones géographiques plus étendues — nous sommes concentrés actuellement sur la France, voire l’Europe de l’Ouest — et à pousser l’intégration sur le risque de marché. Nous cherchons aussi à faire évoluer les modèles réglementaires afin que les risques climatiques soient mieux compris, et mieux pris en compte dans les décisions d’investissement des banques. Objectif, favoriser les financements durables et la résilience des entreprises face au changement climatique.

Mathilde Ledroit - Le Courrier Financier

Journaliste

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