Marchés financiers : sur la lame du rasoir

Asset Management - Comme dans le chef-d’œuvre de science-fiction de Ridley Scott, les banquiers centraux naviguent (« courent ») sur la lame du couteau ou du rasoir (« blade ») en imitant Harrison Ford à la poursuite des réplicants... Découvrez La Plume, la lettre mensuelle d’informations du Groupe Vitalépargne. Cette lettre est rédigée par Igor de Maack.

Les banques centrales (Fed et BCE) savent qu’elles ne peuvent plus laisser s’envoler l’inflation (proche de 8%) mais elles perçoivent aussi pertinemment que la hausse des taux va déclencher une récession. Il est vrai que le scénario de stagflation se profile avec son cortège macabre : chômage, baisse du potentiel de croissance macroéconomique, effondrement de la rentabilité des entreprises, déficit public et endettement public en hausse.

Vers un épisode récessif

Avec une résurgence plus sévère d’une énième vague de la Covid-19, Roman Polanski aurait là un bon scénario alternatif pour un remake de sa fameuse comédie Le Bal des Vampires. Si le cinéma fait rêver, admettons que la situation actuelle s’avère moins radieuse mais bien réelle. Ainsi, la croissance mondiale devrait passer d’un rythme de croissance proche de 6% en 2021 à 3% en 2022 puis à 2,3% en 2023.

Selon les estimations d’économistes, le taux d’intérêt directeur mondial a monté de 28bp en juin, soit +80bp au premier semestre 2022 et pourrait augmenter de 100bp supplémentaires au semestre 2 2022.

Ce durcissement des conditions financières combiné avec le retrait des liquidités entraîne une aversion au risque de la part des marchés pour toutes les classes d’actifs : actions, taux, crédit. Alors que les diatribes guerrières inondaient la sphère médiatique des deux parties de la Galicie, l’économie mondiale s’est donc finalement bien rapprochée du point de rupture, c’est-à-dire du déclenchement de l’épisode récessif.

Des opportunités d’investissements

En Europe, l’imprévisibilité de la crise ukrainienne, ou plutôt des intentions de Vladimir Poutine, rend la crise énergétique de plus en plus certaine et le rationnement des sources d’énergie de plus en plus impératif et probable.

En France, la nouvelle mandature présidentielle fraîchement réélue s’est retrouvée dans un jeu de d(n)upes… avec une Assemblée Nationale morcelée sans majorité absolue. Ce sera un deuxième épisode politique inédit à gérer pour la France et pour l’Europe après la guerre en Ukraine.

Toutes ces nouvelles alarmistes ne doivent pas faire oublier que les marchés accusent déjà le plus mauvais départ depuis cinquante ans avec le niveau d’inflation le plus élevé depuis quarante ans. Même s’il est difficile d’anticiper le point bas des marchés qui correspondra aux points bas des anticipations de récession, le marché va commencer à offrir de vraies opportunités d’investissements à long terme.

Igor de Maack - Vitalépargne Paris

Associé – Dirigeant

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