Dépenses publiques, un retour ou presque à la normale

Asset Management - Selon l’étude de l’OCDE « Panorama des administrations publiques 2017 », les dépenses publiques représentaient, en moyenne, 40.9 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015, chiffre en hausse par rapport aux 38.8 % constatés en 2007, avant la crise.

Les dépenses publiques en proportion du PIB sont les plus élevées en France (56.5 % en 2016), suivie de la Finlande (56.1 %) et du Danemark (53.6 %). À l’inverse, en 2015 (année sur laquelle portent les données disponibles les plus récentes), les dépenses publiques étaient les plus faibles au Mexique (24.5 %), en Irlande (29.5 %) et en Corée (32.4 %).

Des déficits publics en voie de réduction

Le déficit budgétaire moyen a atteint, en 2015, 2.8 % du produit intérieur brut (PIB) dans l’ensemble des pays de l’OCDE, en diminution par rapport aux 8.4 % enregistrés en 2009. Les États membres commencent tout juste à effacer le choc budgétaire provoqué par la crise de 2008. Le solde structurel (calculé en prenant en compte les fluctuations budgétaires liées à la conjoncture) s’est amélioré, passant de -6.3 % du PIB potentiel en 2009 à -2.4 % en 2015 à l’échelle des pays de l’OCDE, ce qui marque un retour à des tendances longues.

Une dette publique toujours impressionnante

En revanche, en raison de l’accumulation de dix années de déficits publics élevés, la dette publique reste à un niveau sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La dette publique brute des pays de l’OCDE atteignait, en effet, en moyenne 112 % du PIB en 2015. Le montant de la dette étant égal ou supérieur à celui du PIB dans 11 pays.

Dépense publique, la France 16 points au-dessus de la moyenne de l’OCDE

En 2015, les dépenses publiques représentaient en moyenne 40.9 % du PIB dans les pays de l’OCDE. À 38.8 % en 2007, avant la crise financière, elles ont augmenté pour atteindre 44.2 % en 2009, puis reculé depuis. Les dépenses publiques étaient les plus élevées, en proportion du PIB, en Finlande et en France (57 % dans les deux pays), devant le Danemark (54.8 %), la Grèce (54.2 %), la Belgique (53.9 %) et l’Autriche (51.7 %). La France qui, depuis 2007, était, selon l’OCDE, recordman de la dépense publique, partage désormais la première place de ce palmarès avec la Finlande. Les ratios de dépenses publiques les plus bas se situent au Mexique (24.5 %), en Irlande (29.5 %), en Corée (32.4 %), en Turquie (33.1 %) et au Chili (33.9 %).

Les dépenses sociales en forte progression

Entre 2007 et 2015, les dépenses publiques au sein de la zone OCDE ont augmenté le plus fortement dans les domaines de la protection sociale (+2.6 points de pourcentage) et de la santé (+1.7 point de pourcentage). Le vieillissement des populations et le chômage, élevé, conduisent à une augmentation des dépenses sociales, qui représentaient41 % des dépenses totales en 2015, contre 37 % en 2007. Cette montée en puissance de la protection sociale entraîne la baisse relative du poids des dépenses courantes qui sont passées de 39 % à 37 %. De même, les dépenses d’investissement qui représentaient 9,3 % de l’ensemble des dépenses publiques en 2009 ne comptent plus que pour 7.7 % de celles de 2015.

L’investissement, la variable d’ajustement

L’investissement public s’établissait, en moyenne, à 3.2 % du PIB en 2015, les taux nationaux variant de 6.7 % en Hongrie à 1.5 % en Israël. L’investissement public a servi de variable d’ajustement dans les politiques d’assainissement mises en œuvre depuis la crise. Il est, ainsi, en baisse par rapport à la moyenne de 4.1 % enregistrée en 2009, année. Les recettes publiques, en hausse depuis le début de la crise Les recettes publiques se sont élevées à 38,1 % du PIB en 2015 contre 37.3 % du PIB en 2007 et 35.8 % en 2009 en pleine récession. Les recettes publiques étaient supérieures à 50 % du PIB dans sept des 34 pays membres de l’OCDE : la Norvège (54.8 %), la Finlande (54.2 %), le Danemark (53.5 %), la France (53.4 %), la Belgique (51.4 %), l’Autriche (51.6 %) et la Suède (50.5 %). Dans deux pays seulement, elles étaient inférieures à un tiers du revenu national annuel : l’Irlande (27.6 %) et le Mexique (23.7 %). En Grèce, les recettes budgétaires sont supérieures à leur niveau d’avant crise, puisqu’elles sont passées de 40.4 % du PIB en 2007 à 48.3 % en 2015. Cette progression s’explique avant tout par la contraction de 24 % du PIB depuis le début de la crise.

Les recettes publiques par habitant ont évolué de façon analogue aux recettes globales, augmentant de façon assez uniforme dans l’ensemble des pays de l’OCDE au fur et à mesure que la crise se dissipait. En moyenne, elles s’établissaient en 2015 à 16 094 dollars en parité de pouvoir d’achat. Les pays où elles sont le plus élevées sont le Luxembourg (44 485 dollars PPA), la Norvège (33 977 dollars) et le Danemark (26 203 dollars. La situation atypique du Luxembourg provient de la contribution fiscale des travailleurs transfrontaliers qui ne sont pas comptabilisés parmi les résidents. Pour la Norvège, ce sont les revenus pétroliers qui expliquent le niveau élevé des impôts par habitant. Les recettes par habitant sont inférieures à 10 000 dollars en Lettonie, en Turquie et au Mexique.

En 2015, en moyenne, les recettes des administrations centrales de la zone OCDE provenaient à 72.5 % des prélèvements fiscaux (les taux relevés allant de 47.6 % en Norvège à 91 % en Belgique), à 16.1 % des cotisations sociales (les États-Unis affichant le taux le plus élevé, à savoir 33.7 %) et, pour le solde, de ventes d’actifs, de subventions et d’autres sources.

L’emploi public relativement stable

La part des emplois publics dans l’emploi total est restée quasiment inchangée, au taux de 18.1 % en 2015 contre 17.9 % en 2007, bien que certains pays aient signalé des réductions d’effectifs. En règle générale, l’emploi public a fléchi en 2011-2012 avant de se redresser en 2014-2015. Sa part dans l’emploi total sur la période 2007-2015 a diminué le plus fortement au Royaume-Uni et en Israël, et s’est étoffée le plus sensiblement en République tchèque, en Estonie, en Hongrie, en Slovénie et en Espagne. Le Danemark, la Norvège et la Suède affichent les plus forts taux d’emploi public, soit près de 30 % de l’emploi total. Les pays d’Asie ont recours dans une moindre mesure à des agents publics, l’emploi dans les administrations publiques représentant seulement 6 % de l’emploi total au Japon et 7.6 % en Corée.

Parmi les pays de l’OCDE, le plus décentralisé est la Suisse, où plus de 90 % des agents publics travaillent au niveau infranational, suivie du Canada et du Japon. Les plus centralisés sont la Turquie et l’Irlande, dont 90 % des agents publics sont employés dans l’administration centrale.

À la lecture du rapport de l’OCDE sur les finances publiques, les pays avancés ont entrepris un important effort d’assainissement. L’organisation internationale souligne que les États ont réduit trop fortement leurs investissements au risque de peser durablement sur la croissance potentielle. Dans un souci de bonne gouvernance, l’OCDE insiste pour la mise en œuvre, par les pouvoirs publics, de procédures élaborées de réductions de dépenses associant le personnel et les responsables publics. Elle milite par ailleurs en faveur d’une transparence des plans d’assainissement et de la nécessité pour les administrations publiques de décliner des techniques de management privé tout en les adaptant.

Philippe Crevel - Cercle de l'Epargne

Directeur

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