France – Le climat des affaires est stable, mais les sous-indices n’incitent pas à l’optimisme

Asset Management - En France, le climat des affaires s’est stabilisé en août à 103, dépeignant un tableau moins défavorable que les indices PMI. Les sous-indices n’incitent néanmoins pas à l’optimisme et il ne fait peu de doute que l’hiver et l’automne seront plus difficiles.

En se stabilisant en août à 103, l’indicateur du climat des affaires, publié par l’INSE, est resté au-dessus de sa moyenne de longue période (100). La baisse observée dans l’industrie (de 106 à 104) a été contrebalancée par une amélioration de la situation dans le commerce de détail (de 96 à 99). Dans le secteur des services, l’indicateur est resté quasiment stable, à 106.

Dès lors, la situation économique dépeinte par le climat des affaires semble moins défavorable que ce que laissaient penser les indices PMI pour le mois d’août publiés ce mardi.
Aussi bien l’indice PMI composite que l’indice PMI pour le secteur manufacturier se sont en effet établis en-dessous du niveau de 50, synonyme d’une contraction.

Bien que le climat des affaires soit globalement supérieur à sa moyenne de long terme dans la plupart des secteurs, certaines composantes de l’indices sont plus inquiétants. En particulier, dans l’industrie, le stock de produits finis augmente fortement et repasse au dessus de sa moyenne de long terme pour la première fois depuis juillet 2020. Dans le même temps, les carnets de commandes, globaux comme étrangers, se détériorent. Après des mois de difficultés d’approvisionnement, les stocks sont désormais importants et il va falloir les écouler dans les prochains mois, ce qui, conjugué à un ralentissement de la demande globale, risque d’avoir un impact négatif sur la production. La chute de la production pourrait donc être plus rapide que celle de la demande, accentuant ainsi la contraction de l’activité.
Le même phénomène pourrait être observé dans le secteur des ventes au détail, où l’appréciation sur les ventes prévues se détériore nettement alors que les stocks augmentent. En outre, si les chefs d’entreprises industriels restent relativement positifs pour la production prévue dans les prochains mois, ils ont revu fortement à la baisse leur appréciation de la production au cours des derniers mois. Cela signale que l’activité industrielle est, déjà au cours de ce trimestre, plus faible qu’anticipée.

Dans le secteur des services, l’optimisme est davantage présent. C’est notamment le cas dans le sous-secteur de l’hébergement-restauration, grâce à l’excellent été touristique qu’a connu la France. Les perspectives générales et personnelles des chefs d’entreprises du secteur des services se sont améliorées et l’incertitude économique ressenti a diminué. Il ne fait peu de doute que le secteur des services contribuera plus positivement à la croissance
économique du troisième trimestre que l’industrie ne le fera, même si l’optimisme du secteur touristique pourrait diminuer rapidement à mesure que l’été s’éloigne.

In fine, après un printemps plutôt bon, le PIB du deuxième trimestre ayant augmenté de 0.5% en glissement trimestrielle après la chute du premier trimestre (-0.2%) et un été boosté par le tourisme et le beau temps, tous les indicateurs pointent désormais vers un automne et un hiver beaucoup plus difficile. Le ralentissement mondial de la demande, la détérioration de la confiance des consommateurs et des entreprises, les risques sur
l’approvisionnement en énergie et l’inflation qui atteint des sommets et plombe le pouvoir d’achat risquent de conduire l’économie européenne et l’économie française tout droit vers la récession. Si le PIB français de cette année pourrait croître de l’ordre de 2.2% grâce au deuxième trimestre et à l’effet de base, la croissance marquera le pas en 2023 et s’établira probablement proche de 0% pour l’ensemble de l’année.

Charlotte de Montpellier - Senior Economist - ING

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