La fin de l’économie « rythmée »

Asset Management - La théorie keynésienne est extrêmement riche et complexe car Keynes était un marginaliste, c’est-à-dire qu’il considérait les évolutions économiques à leur tangente. Il recommandait que les Etats s’endettent pour financer de grands travaux d’intérêt public et productif en cas de récession, tandis que ces mêmes Etats devaient réduire leur endettement lorsque l’économie se portait mieux.

La théorie de Keynes suppose donc une économie « rythmée ». Or, le vieillissement de la population et la baisse de la croissance des gains de productivité nous entraînent peut-être dans une économie atone et caractérisée par un trop faible taux de croissance pour envisager d’amples variations conjoncturelles. Certains évoquent même une stagnation séculaire, même si cette intuition doit être sujette à caution. L’économie n’est plus « rythmée » car aucun retour à une prospérité robuste ne semble plausible endéans une décennie.
Keynes enterré une seconde fois
C’est pour cette raison que l’Allemagne, dont l’ordolibéralisme a toujours écarté le keynésianisme, n’aime pas cette théorie. Ce pays fait face à un gigantesque déficit démographique (qui, dans certains pays comme la Belgique, est amplifié par l’absence de financement accumulé des engagements en matière de retraite). Ce dépeuplement est récessionnaire et structurel. L’Allemagne ne veut pas y répondre par une politique keynésienne de défaut budgétaire car il n’y aura pas de rebond. Même en période de récession, l’Allemagne exige donc un équilibre budgétaire. Or, cette exigence n’est pas compatible avec la réalité de pays plus faibles qui ne peuvent pas se le permettre. Ceci souligne incidemment l’incongruité d’avoir associé des pays très différents dans l’euro.