Brexit : les enjeux économiques et financiers sont défavorables au Royaume-Uni

Asset Management - Les coûts associés au Brexit sont très incertains mais potentiellement trop élevés pour pouvoir être ignorés. Les marchés financiers n’ont d’ailleurs pas attendu pour se préoccuper de l’issue du vote comme en témoigne la dépréciation récente de la livre.

Suite à sa victoire aux élections d’avril 2015, le premier ministre britannique, David Cameron avait annoncé la tenue d’un référendum sur le maintien du Royaume-Uni (RU) dans l’Union européenne (UE) « avant la fin 2017 ». Après avoir obtenu gain de cause sur ses principales revendications, D. Cameron s’est engagé à faire campagne pour le maintien du RU dans l’UE et a convoqué le scrutin pour le 23 juin 2016. Il a par ailleurs annoncé que les membres de son gouvernement seraient libres de faire campagne en faveur ou contre le Brexit, « en accord avec leur conscience ». Le 22 février, le premier ministre a en outre précisé le modus operandi au lendemain d’un éventuel vote en faveur d’un retrait du RU de l’UE (Brexit). Le gouvernement invoquerait immédiatement l’article 50 du Traité de Lisbonne, ouvrant ainsi une « période de deux années pour négocier les modalités de la sortie ».

Crise de la zone euro et des réfugiés
Les forces poussant à une intégration croissante au sein de l’Union l’ont toujours emporté jusqu’à présent. Le Royaume-Uni est le premier pays à s’interroger ouvertement quant à l’opportunité de son maintien dans l’UE. Il y a plusieurs raisons à cela. Malgré une contraction de l’activité initialement plus forte, le RU s’est beaucoup mieux sorti de la crise que la zone euro, même limitée aux pays du cœur. La grande récession de 2008-09 puis la crise des dettes souveraines ont ainsi eu raison des dernières velléités politiques d’adhérer un jour à l’euro. Et depuis l’été 2015, la crise des réfugiés a changé la nature du débat et exacerbé les clivages entre Britanniques. Si les derniers sondages réalisés montrent que les camps du Oui (maintien dans l’UE) et du Non (Brexit) sont au coude à coude, ils révèlent également qu’une fraction importante de la population est encore indécise; l’incertitude persistera sans doute jusqu’au dernier moment.

Les marchés financiers n’ont pas attendu pour se préoccuper de l’issue du vote comme en témoigne la dépréciation récente de la livre. Si la plupart des études montrent que, d’un point de vue économique, le RU aurait plus à perdre que l’UE, d’un point de vue politique, le diagnostic est plus incertain. Un Brexit, même ordonné, pourrait mettre à mal la cohésion de l’UE et nécessiterait une réponse politique forte de l’UE. Il est difficile de mesurer l’impact de l’appartenance à l’UE tant les dimensions économiques et politiques sont intriquées. Il est naturellement impossible de dire ce qui serait advenu de l’économie britannique si le RU n’avait pas rejoint l’UE en 1973. En particulier, les gains liés à l’appartenance à l’UE sont indissociables de ceux liés à la mondialisation. Sur le plan commercial, force est de constater que l’UE est plus importante pour le RU que le RU ne l’est pour l’Union. Les exportations du RU vers l’UE représentent près de 13 % du PIB, tandis que les exportations vers le RU des pays de l’UE ne représentent que 3 % du PIB. Les estimations convergent donc sur l’asymétrie des coûts du Brexit, avec un choc beaucoup plus marqué pour le RU que pour le reste de l’UE.

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