Prévisions macroéconomiques trimestrielles – Le nouveau paradigme

Asset Management - La montée de Donald Trump et la perspective de plus en plus probable de voir le Royaume-Uni voter sa sortie de l'UE sont deux exemples d'un changement de paradigme inexorable : l'effondrement du pacte entre dirigeants et dirigés. Même si cette situation va aggraver la volatilité au cours des prochains mois, ceux qui réussissent à garder la tête froide auront néanmoins accès à de nombreuses opportunités d'investissement.

L’affaiblissement du dollar est nécessaire

La fin de l’ère de planification des banques centrales est peut-être en train de se dessiner. C’est une conclusion plutôt ironique pour le mois de mars, pendant lequel les banques centrales ont chacune fourni des efforts considérables pour rester dans le jeu.

Pour commencer, la Banque du Japon a introduit sa politique à taux zéro fin janvier, suivie à quelques jours près par la BCE qui a promis le lancement d’un « bazooka monétaire » au mois de mars, tandis que la Chine promettait d’augmenter ses dépenses publiques. La BCE a tenu ses promesses, mais la Banque du Japon a interrompu sa ZIRP et la Fed a quant à elle perdu la face en revoyant à la baisse le nombre de remontées des taux prévu en 2016 pour passer de quatre (100 pb) à deux (50 pb). Ce recul était assez inattendu étant donné l’amélioration des données économiques américaines, la situation de plein emploi (objectif principal de la Fed) et la hausse de l’inflation sous-jacente. La Fed a néanmoins pris sa décision qui donne de gros indices sur ce qui risque de se passer au T2 : la Fed mène ouvertement et totalement une politique d’affaiblissement du dollar US. Le durcissement des conditions financières entraîné par le dollar fort, des écarts en hausse et la politique singulière de relèvement des taux de la Fed ont entraîné un ralentissement de l’économie américaine avec une croissance inférieure à 2 % qui a mis la banque centrale en état d’alerte.

Cette situation corrobore ma conviction qui ne date pas d’hier sur le fait que le monde ne peut pas se permettre un dollar US plus fort. Un dollar US fort signifie automatiquement un durcissement des conditions financières : l’inflation et la croissance baissent, ainsi que la capacité à honorer la dette américaine des entreprises internationales et les bénéfices pro forma des sociétés du S&P-500, tandis que les marchés des matières premières et les marchés émergents se dégradent. La solution ? Faire exactement l’inverse !

« Le marché préfère que la FED reste en retrait, et redoute l’incertitude »

Le consensus a fortement favorisé le dollar US au cours des 12 derniers mois, mais pour les mauvaises raisons. Toutes les données empiriques suggèrent que, avec le cycle de remontée des taux prévu par la Fed, le dollar sera plus faible douze mois plus tard. C’est ce qui s’est passé lors de quatre des cinq derniers cycles, avec une seule exception où le dollar est resté constant.

La BCE et la Banque du Japon, qui ont pour l’instant reconnu qu’il ne servait à rien de prolonger leur politique à taux zéro, sont officieusement favorables à l’affaiblissement du dollar. Les États-Unis et le monde ont besoin d’une baisse du dollar US.

Cela permettra au dollar de soutenir l’économie mondiale. Sans résoudre les problèmes, cela aidera au moins à soutenir l’amélioration croissance que l’on observe sur les marchés émergents et des matières premières. À l’approche de la période estivale, il faudra cependant observer comment les améliorations apportées par un dollar plus faible supportent l’absence de réformes structurelles et la hausse de l’agitation politique due à l’évolution du pacte social.

Le marché préfère que le dollar reste faible et la Fed en retrait, et redoute l’agitation et l‘incertitude. Je pense qu’il devra supporter tous ces facteurs à la fois, mais les opportunités d’investissement seront néanmoins nombreuses. La seule certitude est la suivante : le marché sera volatile.

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Steen Jakobsen - Saxo Banque

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