La Chine connaît une hausse sur le marché des titres d’Etat américain

Asset Management - Le marché des titres d’Etat américain affiche une hausse « chinoise », la correction elle, s’explique par des bons résultats d’adjudication. Les meilleures dispositions trouvent également leur origine en Chine.

Que faut-il comprendre du rôle de l’Empire du Milieu dans les pérégrinations du taux américain à 10 ans ?

Tout a commencé avec une information d’agence de presse, selon laquelle des officiels chinois, dans le cadre de la revue des réserves de change, recommanderaient de ralentir les achats de titres d’Etat américains, voire de les arrêter. L’histoire se termine, au moins pour le moment, avec une autre information en provenance de la SAFE (State Administration of Foreign Exchange) qui suggère que celle de la veille ne ferait pas référence à la bonne source ou serait même une fake news. Sans juger pour le moment du fond, remarquons que le début de l’affaire est énoncé clairement. C’est moins le cas de la fin.

Passons au fond et posons-nous d’abord la question de la relation entre la détention de titres d’Etat américains par le gouvernement chinois et le profil du rendement d’une obligation à 10 ans du Trésor des Etats-Unis. L’information est disponible de début 2000 à octobre de l’année dernière.

Qu’observe-t-on ?

D’abord une longue période (de début 2000 à l’été 2010) de baisse du taux américain et d’accumulation par la Chine d’obligations d’Etat des Etats-Unis. Depuis, une double logique de plateau s’est mise en place. Dans tous les cas, il n’est pas visuellement facile de dire quel est le sens de la relation, si tant est que celle-ci soit stable. Une chose est claire : sur les dix premiers mois de 2017, les achats ont augmenté de quelque 150 milliards d’USD. Comme si les autorités chinoises avaient décidé de placer en Treasuries la majeure partie de l’augmentation des réserves de change du pays.

Face à ce qui apparaît comme une bonne disposition de la Chine par rapport aux Etats-Unis, comment expliquer la communication d’hier matin, si tant est que tout soit clair ? Rappelons qu’un pays ne gère pas uniquement ses réserves en « bon père de famille ». On sait depuis l’affaire du canal de Suez en 1956 que celles-ci sont aussi un instrument diplomatique. La perspective d’un repli potentiellement sévère sur les marchés de capitaux a de quoi faire changer de vues à un gouvernement. Au moment de décisions à caractère protectionniste que l’Administration Trump serait amenée à prendre, Pékin peut considérer qu’il est opportun de « montrer les muscles ». Les Etats-Unis peuvent être d’autant plus sensibles au signal que la réforme fiscale engagée va creuser le déficit fédéral.

Si l’approche est la bonne, le message a été envoyé. Ce n’est pas la peine d’« en faire plus ». Il faut maintenant attendre la réaction de la Maison Blanche. En sachant que dans une approche dominée par la rationalité économique, de graves tensions entre les deux pays sont nuisibles. Il faut pourtant aussi se rappeler que les considérations politiques (électorales) ne sont jamais absentes du processus de décision d’un gouvernement. Comment le Président Trump compte-t-il s’y prendre pour mobiliser sa base électorale dans la perspective des mid-term elections de novembre prochain ?