Brexit : quel « plan B » pour Theresa May ?

Asset Management - Un camouflet. Une déroute. Une gifle parlementaire. Par 432 voix contre 202, la Chambre des communes britannique a rejeté mardi dernier le plan de sortie de l’Union européenne proposé par la Première ministre Theresa May.

Cette défaite, la pire subie par un gouvernement britannique depuis un siècle, n’est pourtant pas une surprise. Entre une frange dure du parti conservateur pour qui certaines concessions étaient inacceptables, et une opposition travailliste qui plaide pour un Brexit le plus « soft » possible, l’accord proposé ne contentait pas grand monde.

Dès la publication officielle des résultats du vote, le leader de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn s’est empressé de déposer une motion de censure à l’encontre du gouvernement en place. Déjà sortie victorieuse il y a un mois d’une autre motion déposée par des frondeurs de son propre camp, Theresa May a, encore une fois, remporté de justesse le vote, et s’est ainsi trouvée confortée dans sa détermination à mener à bien le Brexit réclamé par les Britanniques il y a plus de deux ans. Elle doit, d’ici ce soir, présenter un « plan B » qui sera débattu pendant une journée avant d’être soumis au vote des députés le 29 janvier. Bien que les scénarios soient encore tous sur la table, de la sortie sans accord à l’organisation d’un nouveau référendum, Theresa May a promis d’engager un dialogue avec les autres partis afin de dessiner les contours d’un plan qui satisfasse la plus grande majorité.

Theresa May sur la piste d’un modèle à la norvégienne ?

De cette façon, et pour s’attirer le soutien d’une partie au moins des députés travaillistes, la Première ministre pourrait être tentée de proposer à Bruxelles une renégociation complète de l’accord en faveur d’un modèle à la norvégienne. Le Royaume-Uni conserverait ainsi son accès au marché unique européen après sa sortie de l’Union, et serait autorisé à négocier des accords autonomes avec des pays tiers. Ce modèle impliquerait néanmoins des concessions non négligeables, notamment sur l’immigration et les réglementations européennes, liées à la nécessité d’accepter les libertés de circulation défendues par l’Union Européenne.

Une telle solution ne bénéficierait évidemment pas du soutien de la branche la plus « pro-Brexit » du parti conservateur. Les Travaillistes pourraient en revanche s’y résoudre afin d’éviter un « no deal ». Ce type d’accord semble quoi qu’il en soit être le seul qui soit aujourd’hui à même de réunir une majorité à la Chambre des communes.

Alors que le Royaume-Uni doit toujours quitter l’Union Européenne le 29 mars prochain, l’urgence de la situation pourrait accélérer les choses car le risque de hard Brexit ne peut être écarté. Face à cette éventualité, l’Union Européenne s’est déclarée prête à reporter la date de sortie du Royaume-Uni – une démarche que les diplomates européens n’envisageront toutefois que si Londres apporte de solides garanties. Des garanties que pourrait fournir une alliance entre Theresa May et les Travaillistes pour proposer une solution à la norvégienne… 

Du côté des marchés, tant sur les actions que sur la devise britannique, les investisseurs semblent acheter cet espoir d’un « soft Brexit ». Rappelons-le : aucun scénario ne peut pour l’heure être écarté. Néanmoins, au regard de la décote subie par les actions britanniques, le risque semble aujourd’hui plus asymétrique à la hausse.

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Didier Le Menestrel

Président de La Financière de l’Echiquier

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