Comment la finance peut-elle contribuer à la sortie de la crise? Le Cercle des Economistes formule 14 propositions

La Rédaction
Le Courrier Financier

La finance, souvent perçue comme trop risquée, est un levier indispensable et actionnable immédiatement pour accompagner la sortie de crise

La mobilisation des 160 milliards d’euros d’épargne supplémentaire accumulés par les Français ces derniers mois sera une clé de la relance. Il ne faut pas non plus négliger le potentiel que peuvent avoir la finance et ses innovations pour accompagner les transformations structurelles de notre économie, notamment son « verdissement ». Mais encore faut-il mettre en place les bons dispositifs qui permettront à la finance de contribuer à la sortie de crise tout en garantissant un risque acceptable et une efficacité importante de ces outils. 

Pour que la finance contribue à la sortie de crise, le Cercle des économistes formule 14 propositions

Axe 1 > Mobiliser l'épargne pour relancer l'économie.

  1. Réconcilier l’exigence de rentabilité des marchés financiers et la faible rentabilité des projets de long terme, ainsi que le risque associé à l’ensemble des investissements, en conjuguant les financements privés et publics à travers Bpifrance, et en donnant des garanties publiques sur l’épargne des seniors engagée dans ces projets.
  2. Réformer la fiscalité de l’épargne afin d’inciter les français à investir dans des produits plus risqués et à plus long terme, qui permettent de financer les entreprises.
  3. Instaurer une garantie à terme et non une garantie à chaque instant de l’assurance-vie, comme c’est actuellement le cas en pratique pour l’assurance-vie en euros, afin de permettre la diversification des portefeuilles des assureurs.
  4. Créer des institutions publiques de titrisation de crédits des ménages, à l’image des agences Freddie Mac et Fanny Mae aux Etats-Unis, afin de transférer une partie du risque vers l’Etat et permettre aux ménages d’allonger leurs horizons de placement.
  5. Éduquer à la culture du risque dès le secondaire, afin d’améliorer en profondeur la culture économique et financière des ménages.

Axe 2 > Maitriser l'endettement pour conforter la reprise.

  1. Revoir les normes prudentielles internationales « Bâle III » pour permettre aux banques centrales d’assurer la stabilité financière sans avoir à augmenter trop violemment leurs taux d’intérêt. Cela passe par le durcissement des règles d’allocation du crédit et de celles des banques centrales en matière de rachats d’actifs.

Axe 3 > Renforcer la confiance dans les marchés financiers, porter et accompagner leurs transformations.

  1. Investir massivement dans la recherche car elle sera la clé pour le développement du financement de l’économie.
  2. Renforcer la régulation et la supervision des « Special Purpose Acquisition Companies » (SPACs, sociétés créées ad hoc pour financer différentes opérations non encore identifiées à leur création) afin de permettre à ces dispositifs de se développer tout en veillant à la protection des investisseurs.
  3. Contrôler l’émergence des « stable coins », émises par les Big Techs (comme Facebook), qui constituent un véritable changement d’échelle des monnaies privées.
  4. Investir considérablement et rapidement dans la cybersécurité, car le développement des marchés ne peut souffrir de failles de sécurité déjà importantes.

Axe 4 > Créer les conditions d'une finance de la transition écologique et de l'essor de la finance "verte".

  1. Déterminer les critères d’une finance de la transition écologique, afin d’accompagner les entreprises qui se tournent vers un modèle « vert » à moyen terme.
  2. Définir un sentier de croissance du prix du carbone pour les années à venir, dans le cadre d’un accord international contraignant pour les Etats. Cela permettrait aux investisseurs de réduire l’incertitude sur les rendements futurs des actifs « verts ».
  3. Revoir les règles de « Bâle III » et « Solvency II » pour encourager les financements « verts » et à impact environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
  4. Établir une taxonomie internationale unique sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), afin que tous les marchés, investisseurs et autres acteurs de l’économie aient un référentiel commun.

Les replays de l’ensemble des débats seront disponibles sur cette page
à partir du mercredi 19 mai

Lire (4 min.)

Transition durable : Aviva Investors propose de repenser l’architecture financière internationale

La Rédaction
Le Courrier Financier

Aviva Investors — branche mondiale de gestion d'actifs d'Aviva — présente ce jeudi 22 avril une série de propositions et de recommandations pour les pays du G7 et du G20. Objectif, permettre au système financier mondial de s'attaquer à la crise climatique de manière efficace et cohérente.

Ces recommandations font suite aux discussions menées avec une coalition de partenaires mondiaux : sociétés de gestion d'actifs, sociétés de conseil, écoles de commerce, associations professionnelles, fondations w.

Développement durable

Elles préconisent la création d'une plateforme internationale de financement de la lutte contre le changement climatique (International Platform for Climate Finance - IPCF). Le concept a été proposé pour la première fois par Aviva Investors en 2020. Objectif, que les grands flux de capitaux mondiaux soient canalisés vers des secteurs durables de l'économie et que les marchés décuplent l'ambition de l'Accord de Paris.

Dans le cadre des discussions de cette coalition en faveur d’une plateforme internationale de financement de lutte contre le changement climatique, Aviva Investors a proposé que les principes de base des initiatives de financement affiliées à l'ONU soient mis à jour afin d’être mieux alignés sur les ambitions de neutralité carbone et de veiller également à ce qu'ils soutiennent pleinement les objectifs de l'Accord de Paris.

Après avoir exposé la raison d'être de l'IPCF et son rôle dans le cadre d'une stratégie et d'une réponse coordonnées au niveau mondial pour financer l'Accord de Paris, les recommandations présentées par Aviva Investors se concentrent sur les actions qu'elle estime nécessaires.

Transition climatique

« La structure des organisations internationales a été antérieure à la prise de conscience de la crise climatique et a été mise en place à l'origine dans le but principal de maintenir la paix et de soutenir la croissance économique mondiale. Depuis lors, ces cadres n'ont jamais été revus, reconfigurés, ni repensés pour refléter d'autres problèmes affectant le monde actuel », explique Mark Versey, directeur général d’Aviva Investors.

« Nous devons ajouter le défi du changement climatique, qui représente une menace croissante et catastrophique pour la vie sur notre planète. Nous pensons qu'une plateforme internationale de financement de la lutte contre le changement climatique pourrait jouer un rôle essentiel en exploitant le pouvoir considérable de la finance pour s'attaquer à la crise climatique et contribuer aux objectifs à long terme de neutralité carbone », ajoute-il.

7 idées de financement

Dans le livre blanc, « Exploiter l'architecture financière internationale pour assurer une transition juste et ordonnée », Aviva Investors met en évidence les étapes suivantes. Elles peuvent contribuer à élaborer une stratégie globale pour l'économie mondiale, ainsi que des idées sur la manière de financer la transition :

  • inviter l'OCDE à présenter des propositions en vue de la création d'une plateforme internationale pour le financement de la lutte contre le changement climatique (IPCF) ;
  • recommander la mise à jour des principes de gouvernance d'entreprise du G20 et de l'OCDE, l'élaboration d'une convention sur le devoir fiduciaire et le changement climatique et la mise à jour de la procédure de l'OCDE pour l'examen des candidats à l'adhésion afin d'exiger de chaque pays un engagement à la neutralité carbone.
  • inviter le Conseil des gouverneurs du FMI à préciser que le mandat du FMI, qui consiste à promouvoir une croissance durable et la stabilité financière, inclut la prise en compte du risque climatique, et à étendre son assistance technique aux évaluations de la politique en matière de changement climatique (CCPA) pour qu'elles deviennent un volet obligatoire de tous les travaux de surveillance économique au titre de l'article 4 du FMI ;
  • inviter la Banque mondiale à présenter un rapport au sommet du G20 en Indonésie de 2022 sur la façon dont elle peut s'assurer que le diagnostic systématique par pays et les cadres de partenariat par pays accompagnent au mieux la mise en œuvre des CDN (contributions déterminées au niveau national) et inviter la Société financière internationale à mettre à jour, développer et étendre ses garanties de performances environnementale et sociale pour qu'elles soient plus centrées sur les plans de transition et les objectifs fondés sur des données scientifiques (SBT), ainsi que sur les exigences du Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat (TCFD) ;
  • confirmer que les mandats du Conseil de stabilité financière, du Comité de Bâle et de l'Association internationale des contrôleurs d'assurance (IAIS) incluent la prise en compte du risque climatique. Inviter les autorités de surveillance à rendre compte de la manière dont elles entendent actualiser la réglementation pour mieux gérer la nature exogène et endogène des risques climatiques systémiques, en particulier pour analyser les éventuelles conséquences involontaires de la structure des exigences prudentielles des banques et des assurances ;
  • encourager les ministères des finances et les banques centrales à participer à la Coalition des ministres des finances pour l'action climatique et au Network for Greening the Financial System (NGFS) et à mettre en œuvre leurs recommandations ;
  • inviter les Nations unies à collaborer avec l’IPCF de l'OCDE pour convoquer une assemblée financière des Nations unies, comprenant les ministres des finances participant aux Principes d'Helsinki, les gouverneurs des banques centrales des NGFS et les PDG des institutions financières d'importance systémique (SIFI) ;
  • reproduire l'alignement, en 2021, des pays hôtes du G7 et du G20 sur les pays co-hôtes de la COP de la CCNUCC pour les futurs bilans triennaux et les examens quinquennaux des progrès de l'Accord de Paris. Il est important de noter que cette mesure devrait être complétée par l'ajout d'un pays du G77+ en tant que troisième co-hôte pour chacune de ces COP afin de maintenir le principe d'inclusivité.

Une approche différente

« Malgré des efforts considérables, la communauté internationale ne dispose toujours pas d'une stratégie cohérente pour financer l'Accord de Paris et, collectivement, nous sommes loin d'atteindre les objectifs fixés. Pour mener à bien cette stratégie, nous devons renforcer la coopération internationale entre les institutions financières publiques et privées et mettre en place un mécanisme permettant de suivre les progrès accomplis », déclare Steve Waygood, responsable de l’investissement responsable d’Aviva Investors.

« Nous pensons qu'il convient d'examiner l'architecture financière internationale, afin de mettre davantage l'accent sur l'augmentation du montant des capitaux privés investis dans les solutions d'adaptation et de limitation du changement climatique à l'échelle mondiale », ajoute Steve Waygood.

« Nous sommes convaincus qu’il faut également se concentrer sur la manière dont cet argent peut compléter au mieux les financements publics et sur la manière dont les politiques publiques, à l'échelle mondiale, régionale et nationale, peuvent contribuer à accélérer les flux de capitaux. Alors que nous sommes désormais en proie à la crise climatique, le temps semble venu d'adopter une approche différente » conclut-il.

Lire (7 min.)