Alimenter les villes « intelligentes » en énergie propre

Responsabilité sociale - Les villes intelligentes réinventent notre manière de produire, de stocker et d’utiliser l’énergie. C’est une occasion unique pour les investisseurs de contribuer à la conception des métropoles de demain.

Les grandes villes sont très énergivores. Elles abritent 54% de la population mondiale, mais comptent pour 70% de ses émissions de gaz à effet de serre.

L’impact des villes sur le monde

Avec une population mondiale qui devrait atteindre 9,7 milliards d’ici 2050 et la raréfaction des ressources naturelles, les villes n’ont pas d’autre solution que de devenir plus intelligentes.

L’efficacité énergétique est l’un des domaines clés dans lesquels des progrès peuvent être accomplis. D’après les experts du Conseil consultatif de la stratégie Pictet-Clean Energy, cela suppose non seulement d’adopter de nouvelles formes de production et de stockage de l’énergie, mais également de développer l’électromobilité, de concevoir des technologies de construction novatrices et d’améliorer la connectivité. Sans surprise, c’est dans le bâtiment et le transport que la consommation d’énergie – et donc la pollution – en ville est la plus forte.

Le point dans le domaine du bâtiment

Heureusement, plusieurs technologies innovantes ont le potentiel de réduire la consommation d’énergie à la fois dans le bâtiment et dans le transport. Aujourd’hui par exemple, les immeubles les plus intelligents sont équipés de systèmes d’éclairage entièrement automatisés et intégrés qui associent des éclairages LED à basse consommation à des capteurs, à de la connectivité et à des contrôleurs de présence. Outre le fait que cela permet aux propriétaires d’immeubles d’économiser de l’énergie, cela génère de précieuses données qui peuvent être exploitées pour améliorer la vie des employés de bureau, des résidents et également des gens qui font leurs courses.

Par ailleurs, la technologie utilisée peut aussi être mise en œuvre en extérieur : Rome est ainsi l’une des toutes dernières villes converties à l’éclairage public LED connecté. Les responsables officiels de la capitale italienne estiment que ce nouveau système fera baisser la production de dioxyde de carbone de 350 000 tonnes et permettra d’économiser 260 millions d’euros dans les dix prochaines années, avec un coût de seulement 50 millions d’euros.

Pendant ce temps, les principaux fabricants d’isolants ont mis au point des panneaux d’isolation sous vide dont la conductivité thermique est de 0,007 W/m.K, soit des performances trois fois meilleures que celles des produits équivalents remplis d’air.

Ces solutions peuvent permettre de faire des économies en termes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC).

Des économies supplémentaires peuvent être réalisées dans ce domaine par le biais de systèmes plus efficaces et via des usages plus ciblés et des capteurs automatisés. Et les villes donnent toujours plus d’élan à cette évolution. Singapour par exemple, où l’air conditionné génère jusqu’à 40% du total de la consommation électrique, a récemment relevé ses normes en matière de systèmes CVC et a mis 6 millions de dollars sur la table afin de financer la recherche de nouveaux gains d’efficacité énergétique.

Un centre de données consomme aujourd’hui en moyenne la même quantité d’énergie que 25 000 ménages. Une consommation aussi élevée est coûteuse non seulement pour l’environnement, mais également pour les sociétés propriétaires des centres de données, dont 60% des frais d’exploitation d’immeubles proviennent de la consommation d’énergie.

Le potentiel des entreprises innovantes dans ce domaine et l’importance des opportunités d’investissement sont amplifiés par le besoin croissant en données induit par les villes intelligentes de plus en plus dépendantes de la technologie.

Gagner en efficacité

Les véhicules hybrides rechargeables, et même les voitures tout-électrique, sont de plus en plus courants sur les routes. Les constructeurs ont accéléré leurs projets en la matière et lancent des véhicules électriques à un rythme soutenu, l’objectif étant d’atteindre les 20-25% de leur offre d’ici 2025. Parallèlement, les systèmes d’intelligence artificielle embarqués dans les voitures devraient être au nombre de 122 millions d’ici 2025, contre à peine 7 millions en 2015. Les systèmes d’aide à la conduite (ADAS) les plus récents rendent les trajets en voiture moins risqués et plus respectueux de l’environnement. Certaines des caractéristiques des ADAS réduisent déjà la consommation de carburant en fluidifiant la dynamique de conduite, notamment sur autoroute. Au fil du temps, le flux de trafic devrait s’en trouver nettement amélioré, alors que les voitures seront de plus en plus connectées et automatisées.

Alors que l’électromobilité est de plus en plus répandue, les constructeurs automobiles collaborent avec les entreprises de services publics en vue de bâtir des réseaux de bornes de recharge. Quatre grands fabricants automobiles – Volkswagen, Daimler, BMW et Ford – ont déjà réuni leurs forces pour créer un réseau à l’échelle européenne, en partie encouragés par la nouvelle réglementation sur les émissions de CO2.

 

Pour les investisseurs, l’avènement des villes intelligentes à faible consommation d’énergie ouvre la voie à des opportunités non seulement pour les entreprises innovantes dans divers domaines liés aux énergies propres, comme les technologies de construction, la mobilité intelligente, l’électromobilité, la fabrication, les fournisseurs d’énergies propres, le stockage de l’énergie et les réseaux électriques intelligents, mais aussi pour les entreprises technologiques plus traditionnelles, qui ont désormais de nouveaux marchés à conquérir.