Prélèvement à la source : reporter pour mieux régner ?

Patrimoine - Le premier ministre Edouard Philippe a annoncé hier le report à janvier 2019 de la mise en oeuvre du prélèvement de l'impôt à la source.

Le prélèvement à la source est reporté à janvier 2019. Edouard Philippe a annoncé ce mardi 6 juin la mise en place d’un audit, entre juillet et septembre, réalisé par une inspection générale des finances indépendante, auprès d’entreprises volontaires. Le but étant, soit-disant, d’éviter les réformes lancées « à l’arrache ».

Un report stratégique

En campagne, le président élu parlait déjà de repousser la réforme issue de la loi de finances 2017. Par crainte, disait-il, du traumatisme des Français quand ils verront leur salaire débité de l’impôt sur le revenu.

Sous couvert d’examiner la solidité de la réforme, ce report permet en réalité au nouveau président de la République de mettre en évidence sur la fiche de paie, la suppression des cotisations d’assurance chômage et maladie.

Selon Macron, un couple au SMIC économiserait ainsi 500 euros par an. Mais l’augmentation des salaires ne sera pas aussi significative qu’espéré car une hausse de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) entrera parallèlement en vigueur.

2018, année blanche

L’année blanche tant attendue ne sera donc pas pour 2017, mais en 2018, si l’audit confirme l’efficacité de la réforme.

En effet, la particularité du prélèvement de l’impôt à la source est qu’il est collecté l’année-même du versement. 2018 sera alors une année de transition entre l’ancien et le nouveau régime fiscal.

Les non-salariés, mécontents

La loi de finances 2017 entraînait déjà de fortes réticences de la part du patronat regroupé derrière le MEDEF, se voyant ajouter une charge administrative supplémentaire. Avec l’annonce tardive du report de la réforme, les non-salariés vont devoir revoir rapidement la façon dont ils vont gérer leurs revenus afin d’optimiser l’année fiscale de 2018.

Du gaspillage ?

La préparation de la réforme a coûté pas moins de 50 millions d’euros en logiciels et campagnes de communication. Sans compter tous les cerveaux qui ont travaillé sur le projet. Selon Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget du gouvernement Hollande, c’est « du gaspillage ».

Les motivations du nouveau président de la République sont incertaines en ce qui concerne le report du prélèvement à la source. En repoussant l’échéance, il prend le risque de jeter un pavé dans la marre du MEDEF et cela à à peine quelques jour du premier tour des législatives. Tout cela pour voir le résultat d’une augmentation presque infime des salaires ?

Charlyne Alloin

Rédactrice - Le Courrier Financier

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