Les cours du blé passent sous le seuil psychologique des 150 €/tonne

Asset Management - Dans un marché où les éléments baissiers ne cessent de s’accumuler depuis plusieurs mois, les cours des matières premières agricoles poursuivent leur chute jusqu’à des niveaux jamais atteints depuis 2010 en France comme à Chicago, souligne la société Agritel, spécialisée dans les stratégies sur les matières agricoles et agro-industrielles.

A l’heure du Salon de l’Agriculture à Paris et de la grogne sans précédent des agriculteurs au bord de la faillite, voilà une nouvelle qui ne va aller dans le sens d’un équilibrage économique des exploitations agricoles. « Les prix sont nettement inférieurs aux coûts de production des céréaliers », analyse Michel Portier, directeur général d’Agritel. Ainsi, les cours du blé se maintiennent en ce début de semaine sous la barre des 150 €/tonne. « Rien ne permet d’envisager un rebond des prix à court terme, dit encore Michel Portier. Les opérateurs font face à une déprime généralisée du secteur des matières premières. »

Récoltes records en 2015 et impact du cours de pétrole
Dans un marché caractérisé par une offre abondante et une demande réduite, les récoltes record de l’été 2015 ne trouvent pas de débouchés suffisants. En France, le stock de fin de campagne de blé tendre explose et atteint un niveau record depuis 17 ans, à 6 millions de tonnes. Et l’hiver doux et sans dégâts apparents qui se termine actuellement dans l’hémisphère nord laisse entrevoir des perspectives de production favorables en nouvelle récolte qui n’arrangeront pas la situation.

En parallèle, les pays importateurs voient leurs ressources financières amoindries par la chute des cours du pétrole et cherchent à rationaliser leur niveau d’achats. Les difficultés n’épargnent pas l’Egypte, premier importateur mondial, qui a restreint ses commandes pendant deux mois sur fond d’imbroglio dans son cahier des charges. Cette réduction de la demande et le faible coût du fret maritime augmentent la compétition à l’export. « Nous observons toujours une très forte concurrence avec la mer Noire, mais également entre les pays exportateurs de l’Union européenne, précise Michel Portier. Le grand retour de l’Argentine sur la scène internationale accentue encore davantage la pression sur les prix ». Bien que les surfaces semées soient en baisse aux USA, en Ukraine, en Afrique du Nord et en Inde, les stocks record devraient suffire à compenser le repli modéré de la production attendu en 2016. La météo des six prochains mois sera donc déterminante pour l’évolution des prix du blé.

La Rédaction - Le Courrier Financier

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