Family Offices : quel impact face à la Covid-19 ? [ETUDE BlackRock]

La Rédaction
Le Courrier Financier

BlackRock — société multinationale américaine spécialisée dans la gestion d'actifs — publie ce vendredi 14 mai la première « BlackRock Global Family Office Survey » (en anglais). L'enquête interroge 185 Family Offices dans le monde. Malgré les turbulences du marché et de difficiles perspectives économiques, seuls 23 % des Family Offices entendent modifier leur allocation d'actifs, en raison de leur horizon d'investissement à long terme. 

L'enquête montre que lorsque des changements ont été apportés, la priorité absolue des Family Offices était de trouver un substitut aux allocations obligataires, tandis que les préoccupations relatives à la valorisation des actions et aux besoins de liquidité sont placées au premier plan.  

La menace de l'inflation suscite désormais plus d'attention des Family Offices dans le monde. Malgré le choc déflationniste initial de la crise Covid-19 sur les marchés, ils sont soucieux de l'impact des mesures extraordinaires de relance budgétaire et monétaire injectées dans l'économie mondiale. Les Family Offices considèrent l'inflation comme un risque important à moyen terme.  

Actifs alternatifs de plus en plus importants

En moyenne, les Family Offices allouent environ 35 % de leurs portefeuilles à des classes d'actifs alternatifs. Dans ce cadre, ils consacrent 10 à 25 % de leur portefeuille au capital-investissement. Plus de la moitié (55  %) des Family Offices ont déclaré qu'ils s'attendaient à accroître leur exposition au capital-investissement.  

L'enquête montre un changement de perception des investisseurs sur  la  dette  privée ; historiquement, les allocations ont été faibles — 87 % d'entre eux allouant moins de 10%, mais deux tiers des Family Offices ont indiqué  qu'ils ont l'intention  d'augmenter leur exposition à l'avenir, attirés par les  rendements potentiels suscités par les dislocations du marché.  

Si les fonds spéculatifs n'ont pas été très appréciés dans un passé récent, 38 % des Family offices interrogés ont déclaré avoir l'intention d'augmenter leur exposition — en citant la possibilité de générer des rendements significatifs, non corrélés et ajustés au risque, dans un environnement de marché plus volatil ou de remplacer les titres obligataires. 

Les  investissements dans les actifs d’infrastructure représentent actuellement une composante relativement modeste des portefeuilles des Family Offices, 56 % des investisseurs ayant une exposition de  5 %  ou moins. Pourtant, nous observons une nette tendance à la  hausse pour les infrastructures, 62 % des Family Offices ayant l'intention d'augmenter leur exposition à ces actifs. 

L'investissement durable va s'accélérer 

Plus des trois quarts (80 %) des Family Offices interrogés ont actuellement intégré une exposition à des  investissements durables dans leur  stratégie  de gestion  de portefeuille.  Il est de plus en plus reconnu qu'une  exposition durable n'entraîne pas nécessairement un choix entre les  rendements et les valeurs éthiques. Plus de la moitié (59 %) des participants jugent que la poursuite de leurs objectifs en matière de durabilité ne compromettra pas le rendement. 

La manière dont les Family Offices appréhendent l'investissement durable laisse entrevoir des divergences. Parmi ceux qui investissent dans ces stratégies : 

• 34 % s'appuient sur des politiques d'exclusion ;  

• 56 % utilisent des stratégies durables dédiées ; 

• 38 % ont adopté la durabilité comme élément clé de leur évaluation des risques d'investissement. 

L'ampleur des  engagements en faveur de l'investissement durable varie  d'une région à l'autre. Dans la région EMEA, en moyenne, les Family Offices allouent 22 % de leurs portefeuilles globaux à ces stratégies. Partant d'un point de départ relativement modeste à l'échelle mondiale, cette tendance devrait toutefois s'accélérer rapidement, les trois quarts des Family Offices prévoyant d'accroître leur exposition au cours de l'année à venir.  

Les entretiens menés dans le cadre de de l'enquête ont également révélé que l'intérêt des Family Offices pour les stratégies d'investissements durables s'est accéléré pendant la crise de la Covid-19. Beaucoup ont  indiqué une reconnaissance accrue des besoins de la société — en particulier des collectivités locales, et du rôle des Family Offices.

La mesure d'impact devient essentielle

« De nombreux Family Offices ont perçu les turbulences du marché provoquées par la pandémie comme une période de volatilité à court terme, la majorité d'entre eux ne cherchant pas à apporter des changements si significatifs à leur allocation d'actifs. Bien que nous reconnaissions que les Family Offices ont un horizon d'investissement à long terme, nous pensons que la nature de la crise aura un impact durable sur la croissance économique, les taux d'intérêt et les fondamentaux des entreprises », précise Sheryl Needham, Managing Director et responsable des  Family Offices EMEA chez BlackRock.

« Cela entraînera des changements structurels dans les différentes catégories d'actifs. Il est important pour tous les investisseurs, y compris ceux de long terme, d’évaluer la résilience de leurs portefeuilles en révisant leur allocation stratégique d'actifs, afin de s'assurer qu'ils sont  positionnés pour naviguer sur les marchés actuels, protéger leur patrimoine et exploiter les opportunités de la reprise », ajoute-elle.

« Les Family Offices ne perçoivent plus l'investissement durable comme  un sacrifice du rendement. Cependant, alors que la prochaine génération de membres de Family Offices manifeste un intérêt accru pour la durabilité et  exercent une pression afin de mieux refléter leurs valeurs éthiques dans  leurs allocations, une meilleure sensibilisation à propos des investissements durables et l’adoption d’un cadre commun permettant de mesurer l’impact seront essentielles afin d’assurer une intégration plus généralisée  de ces facteurs dans les stratégies d’investissement des Family Offices », conclut Sheryl Needham.

Lire (6 min.)

Investisseurs institutionnels : une étude BlackRock évalue le rééquilibrage des encours

La Rédaction
Le Courrier Financier

Le gestionnaire d'actifs BlackRock — multinationale américaine — publie ce mardi 3 mars une note sur les résultats de son enquête annuelle sur le rééquilibrage des encours, « Rebalancing Survey 2020 » (en anglais). Cette étude a été menée auprès de 271 de ses grands clients institutionnels. Ils représentaient plus de 9 800 Mds$ d'actifs au quatrième trimestre 2019.

Cycle économique et baisse des taux

Les préoccupations concernant le cycle économique restent au premier plan. 53 % des clients ont déclaré que la possibilité d'un retournement de cycle est le premier (28 %) ou le deuxième (24 %) risque macroéconomique le plus important qui influence leurs projets de rééquilibrage et de répartition des actifs.

La baisse des taux est désormais un facteur clé pris en compte dans l’allocation. 42 % des clients ont cité la baisse mondiale des taux d'intérêt comme le premier (28 %) ou le deuxième (14 %) thème macroéconomique le plus important affectant leurs plans de rééquilibrage et de répartition des actifs.

Poussée vers les marchés privés

La poussée vers les marchés privés se poursuit. Plus de la moitié (55 %) des personnes interrogées indiquent qu'elles avaient l'intention d'augmenter les allocations aux actifs réels. 49 % prévoient d'accroître l'exposition à l'immobilier et 46 % cherchent à augmenter les allocations de capital-investissement. À l'échelle mondiale, le crédit privé restera au cœur des portefeuilles obligataires au cours de l'année prochaine.

Plus de la moitié (53 %) des personnes interrogées ont l'intention d'augmenter leurs allocations à ce secteur. Interrogées sur les difficultés d'allocation des capitaux aux marchés privés, un quart des personnes interrogées (24 %) soulignent le manque d’évaluations attrayantes, tandis que seulement 15 % assurent ne pas avoir de difficultés à déployer des capitaux aux marchés privés.

« Les résultats de l'enquête montrent que les clients cherchent à renforcer la résilience de leurs portefeuilles en augmentant leurs allocations à des risques moins corrélés. Cela peut aider à renforcer les portefeuilles contre les chocs des marchés boursiers et à offrir un solide potentiel de rendement à long terme », commente Mark McCombe, Chief Client Officer chez BlackRock.

L’ESG, un facteur dominant

L'ESG reste incontournable et devrait continuer à se développer. Au niveau mondial, 66 % des clients affirme qu'ils intégrent déjà les considérations ESG dans leur processus d'investissement, tandis que deux cinquièmes (38 %) de ceux qui ne le font pas encore explorent les moyens d'intégrer ces facteurs dans leurs allocations.

L'Europe est en tête en matière d’ESG. Dans la région EMEA, presque tous les répondants (91 %) mettent déjà en œuvre les facteurs ESG. Aux États-Unis et au Canada, un peu moins de la moitié (46 %) le font. Parmi ceux qui n'incluent pas l'ESG dans leurs investissements, 32 % ont cité comme facteurs limitants l'éventuelle remise en cause des rendements voire des rendements compromis, et 20 % évoquent un manque d'expertise.

« À mesure que les institutions prennent conscience des risques croissants liés au développement durable — en particulier le changement climatique — et de leurs effets sur les résultats des investissements, nous pensons que cela continuera à être un élément moteur des changements dans l’allocation des actifs dans les années à venir (...) Nous pensons que les thèmes de la résilience et de la durabilité vont devenir encore plus importants pour les clients à l'avenir », ajoute Mark McCombe.

Lire (4 min.)