Planète : vivre au-dessus de nos moyens

Responsabilité sociale - Les humains vivent bien au-delà de leurs moyens sur Terre, c'est un constat évident. La facture est tombée et elle va encore augmenter. Les explications de Michael Lewis, Responsable de la recherche ESG chez DWS.

Le 29 juillet marque le Jour du dépassement, c’est-à-dire le moment du calendrier où la consommation humaine de ressources écologiques, telles que l’approvisionnement en eau et le stockage du carbone, dépasse le point où la Terre peut reconstituer ces ressources au cours d’une année donnée. Au début des années 1970, la planète a connu un déséquilibre inquiétant.

Nous avons estimé que la demande de l’humanité en ressources écologiques correspondait exactement à ce qui pouvait être régénéré en un an. Depuis lors, la population mondiale a doublé et le produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par quatre. Il faut désormais moins de huit mois à l’homme pour consommer ce qui peut être régénéré en un an.

Planète : vivre au-dessus de nos moyens
Source : DWS

Pression sur nos écosystèmes

La pression exercée sur nos terres et nos mers témoigne de cette charge humaine croissante. Par exemple, depuis les années 1970, un tiers de la surface cultivable de la planète a été dégradée et environ un tiers des zones forestières du monde ont été détruites. Un tiers des stocks de poissons sont surexploités et les populations d’espèces d’eau douce ont chuté de 84 % depuis 1970, contre une baisse de 68 % pour l’ensemble des espèces.

Les limites de notre planète identifient les neuf processus qui régulent la stabilité et la résilience du système terrestre. Le franchissement de ces limites augmente le risque de générer des changements environnementaux abrupts ou irréversibles à grande échelle.

Selon le Stockholm Resilience Centre, qui suit les neuf limites planétaires, nombre d’entre elles sont sur le point d’être franchies ou l’ont déjà été — comme celles relatives au changement climatique, à la perte de biodiversité et au cycle de l’azote qui entraîne la pollution des cours d’eau et des zones côtières.

La lutte ne fait que commencer

Les efforts des entreprises et des investisseurs pour relever ce défi sont apparus ces dernières années. Ainsi, plus de 60 entreprises ont-ils signé le Fashion Pact du G7 afin de faire davantage pour stopper le réchauffement climatique, restaurer la biodiversité et protéger les océans.

Quelque 57 investisseurs institutionnels, dont les actifs totalisent 6 300 milliards de dollars américains, ont demandé à toutes les entreprises de commerce du soja de s’engager à éliminer la déforestation. En outre, 62 organismes d’investissement — gérant près de 8 000 milliards de dollars américains — demandent à l’industrie de l’huile de palme de mettre en œuvre des politiques de « non-déforestation, non-tourbe et non-exploitation ».

Mais il faut faire plus, et les gouvernements doivent montrer la voie. Par exemple, lorsque des preuves dramatiques de l’appauvrissement de la couche d’ozone stratosphérique sont apparues dans les années 1980, les gouvernements se sont empressés d’interdire les substances responsables, notamment les chlorofluorocarbones.

Couche d’ozone, l’urgence

Sur les neuf limites de notre planète, l’appauvrissement de la couche d’ozone est aujourd’hui celle pour laquelle les prévisions laissent entendre que nous pouvons vivre en toute sécurité en respectant les limites fixées. Serait-ce possible d’en faire autant pour les huit autres ?

Michael Lewis - DWS

Responsable de la recherche sur la thématique ESG

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