Marchés actions : et l’ISR conquit l’Amérique

Responsabilité sociale - En 2020, la finance durable s'est imposée en Europe. Désormais, les gérants ISR regardent en direction des Etats-Unis. L'élection de Joe Biden va-t-elle favoriser l'ISR ? Quels risques faut-il anticiper sur les marchés américains dans un contexte de relance ? Les explications de Benoit Brochart, Gérant de portefeuille senior chez Silex.

En dépit de la crise de Covid-19, l’investissement ISR a enregistré de solides performances et afflux de capitaux en 2020. Estimé à 3 000 milliards de dollars en janvier 2020, le total des actifs ISR a plus que doublé à la fin de l’année dernière. Cette tendance devrait se poursuivre en 2021, avec un focus sur les actions américaines.

Celles-ci devraient enregistrer la plus forte augmentation en termes d’adoption de l’ISR et présenter le plus grand potentiel de croissance, puisque 80 % des actifs verts sont aujourd’hui en Europe. Une présidence Biden, et son plan « Build Back Better » associé à un programme d’infrastructures de 2 000 milliards de dollars, devrait être l’occasion de progresser en matière de politique climatique.

Il inclut notamment le financement de la recherche et développement pour les énergies propres, un soutien aux autorités locales pour leur développement d’énergies renouvelables, et une extension des crédits d’impôt pour les industries vertes. Les principaux secteurs qui devraient bénéficier de ce programme sont l’industrie automobile, les transports, le bâtiment, le logement et l’agriculture.

Le risque : flash krachs

En 2021, les marchés actions devraient être portés par la reprise après la crise de Covid-19 grâce à des vaccins efficaces et à un soutien monétaire et budgétaire exceptionnel. Compte tenu du niveau des taux d’intérêt, les investisseurs pourraient initier une rotation substantielle vers les actifs à fort beta.

Dans ce type d’environnement, la volatilité du marché diminuerait, créant un cercle vertueux dans lequel les stratégies systématiques et discrétionnaires augmentent leur allocation aux actions. D’autres facteurs quantitatifs exercent également une pression sur la volatilité des marchés, comme la baisse de la corrélation réalisée, en raison de la rotation factorielle et sectorielle.

Dans ce contexte de faible volatilité et de consensus apparent — hausse des actions, baisse du dollar, hausse des taux — le risque clé est un marché complaisant affichant une volatilité bien inférieure à ce que justifient les fondamentaux. Cela rend les marchés très sensibles aux flash krachs, exacerbés par les flux liés aux stratégies systématiques.

Marchés actions : et l’ISR conquit l'Amérique

Concentration des indices

L’indice actions américain présente des risques de concentration croissants. Cela s’est avéré favorable en 2020 — les méga-capitalisations ont surperformé — mais pourrait entraîner des déconvenues en 2021 en raison des risques idiosyncratiques et d’un positionnement concentré sur très peu de titres. Une approche de gestion en risques est nécessaire pour améliorer la diversification et surperformer sur le long terme.

Benoit Brochart - Silex

Gérant de portefeuille senior

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