ISR : mixité dans les sociétés de gestion, le chemin est encore long

Responsabilité sociale - Le 6 octobre dernier, l’Association française de la gestion (AFG) présentait les résultats de son enquête « Mixité, première des Diversités » — réalisée auprès des sociétés de gestion pour aider à instaurer une meilleure culture de l’égalité homme-femme.

42 % de femmes et 58 % d’hommes constituent l’effectif des sociétés de gestion, selon les résultats de l’enquête d’octobre 2020 « Mixité, première des diversités » de l’Association française de la gestion (AFG). Cette disparité relative masque des déséquilibres plus importants, a reconnu Dominique de Préneuf, directeur général de l’AFG et coprésident du groupe de travail « Diversités ».

Bonnet d’âne pour les SGP

Les femmes sont employées avant tout dans la vente, le marketing et la communication, les fonctions support et de conformité mais sont nettement sous-représentées dans ce qui constitue le cœur de métier du secteur, la gestion de portefeuilles. Les femmes accèdent également beaucoup plus rarement à des postes à responsabilités. Par exemple, dans le métier vente, marketing et communication, 14 % des hommes sont des managers, contre 10 % des femmes.

Pire, dans la gestion, 17 % des hommes sont des managers, alors que c’est le cas de seulement 5 % des femmes. En moyenne, le différentiel s’établit à 6 points. La composition des organes de direction n’est pas en reste. Le tiers seulement des membres des comités exécutifs sont des femmes, et elles ne constituent qu’un membre sur cinq des conseils d’administration. La dernière injustice concerne le salaire des femmes : les trois quarts des plus hautes rémunérations sont attribuées aux hommes, quelle que soit la taille des sociétés de gestion.

Equilibrer la gouvernance

Pour autant, Dominique de Préneuf s’affiche optimiste. Il souligne que l’index de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes est de 83 dans les sociétés de gestion, bien au-delà la limite de 75 en deçà de laquelle l’entreprise doit mettre en place des mesures correctives. Autre signe encourageant, dans la population des moins de 45 ans, l’équilibre est quasi parfait entre hommes et femmes au sein des membres de la direction et concernant le nombre de salariés promus. Enfin, les deux tiers des sociétés de gestion ont mis en place des objectifs de mixité.

Pour accélérer ce mouvement, l’AFG vient de publier un guide de bonnes pratiques, « Agir pour la mixité ». L’AFG souligne qu’une gouvernance équilibrée femmes-hommes est bénéfique pour toute l’entreprise en citant Christine Lagarde : « le leadership féminin est caractérisé par ses qualités de communication, de clarté et d’empathie, qui favorise l’écoute et la compréhension de l’environnement de décision, et donc la qualité de la prise de décision. Dans un cas, la décision revient au chef, dans l’autre, la décision est confiée à chacun, embarquée dans un collectif. »

Lutter contre le sexisme

L’AFG recommande donc d’aménager les temps de travail en instaurant des plages horaires, d’adopter une « charte des temps » — en évitant par exemple les réunions avant 9 heures et après 18 heures, de limiter les déplacements en privilégiant les réunions à distance, de favoriser le télétravail, d’accompagner le retour à l’activité, notamment après un congé maternité, de mieux former les managers aux modes d’articulation vie privée / vie professionnelle, de davantage communiquer et de lutter contre les stéréotypes de genre et de présentéisme et de proposer des CESU, des places en crèche et des services de conciergerie.

Du bon sens, en quelque sorte ! Enfin l’AFG insiste pour que les sociétés de gestion préviennent, détectent et sanctionnent les comportements sexistes. Elle rappelle que 94 % des femmes ont été confrontées au sexisme au travail, que 30 % des Françaises ont été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail et que 63 % des femmes salariées victimes de sexisme n’ont pas réagi parce que « cela ne sert à rien » ou par peur de représailles. Des statistiques inadmissibles sur des comportements à annihiler.

François Lett - Ecofi

Directeur du développement éthique et solidaire

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