Europe VS États-Unis : engagements pour le climat et dommages climatiques

Responsabilité sociale - À la différence de l'Europe, aux États-Unis, ce sont les villes et les municipalités qui prennent les devants en matière de changement climatique, et non l'État. Et elles ont de bonnes raisons de le faire. Les explications de Michael Lewis, Responsable de la recherche sur la thématique ESG chez DWS.

Pas étonnant que le président des États-Unis ait été frustré lorsqu’il a comparé les incendies de forêt qui font rage sur la côte ouest avec le calme relatif qui règne en Europe. Il a expliqué que les Européens — qui vivent en partie dans des villes forestières — sont mieux préparés face à cette menace, par exemple en ratissant leurs forêts plus régulièrement.

Dommages climatiques

Ce qui est sûr, c’est les conditions météorologiques semblent plus extrêmes aux États-Unis depuis un certain temps déjà. Les États-Unis se classent donc en tête du classement des pays développés subissant les pertes financières les plus importantes à la suite d’événements climatiques extrêmes.

Selon les données de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), entre 1980 et 2019, les États-Unis ont subi 263 catastrophes météorologiques et climatiques. Ces dommages se sont élevés à 1,77 trillion de dollars américains, soit plus de trois fois la somme des dommages pour l’Europe, comme le montre le graphique ci-dessous.

Selon l’Agence Européenne pour l’Environnement, les dommages liés aux conditions météorologiques et au climat pour l’Union européenne (UE) entre 1980 et 2017 (dernières données) se sont élevés à 480 milliards de dollars.

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Actions au niveau local

Ce qui explique pourquoi l’action au niveau local est beaucoup plus répandue aux États-Unis qu’en Europe, lorsque nous la mesurons en fonction de la population. Dans un nouveau rapport, le New Climate Institute montre qu’aux États-Unis, 27 régions et 121 villes ont pris des engagements de réduction nette des émissions de gaz à effet de serre.

Ce chiffre représente plus de 222 millions de personnes, soit 60 % de la population. Cela inclut près de la moitié des États américains tels que la Californie, la Louisiane et New York. En comparaison, des engagements similaires au niveau des villes et des régions européennes couvrent 162 millions de personnes, soit 36 % seulement de la population totale de l’UE.

Alors que, de son côté, l’UE s’est engagée à atteindre un taux d’émission zéro d’ici 2050, la volonté de l’administration Trump de se retirer de l’accord de Paris explique l’engagement croissant des administrations municipales et régionales, des entreprises et des institutions financières américaines.

Relance écologique

Autre engagement historique en faveur de l’action climatique : le président Xi a annoncé cette semaine que la Chine visera un pic d’émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité climatique avant 2060. Là où les États-Unis et l’Europe s’accordent, c’est dans l’inquiétude de leurs populations face au changement climatique et dans les réponses à y apporter.

Selon un sondage (Ipsos-MORI) réalisé en avril de cette année, 57 % des Américains et des Allemands affirment que leur gouvernement devrait prendre des mesures aussi exceptionnelles pour le changement climatique que pour faire face à la pandémie de Covid-19. Les études montrent que la meilleure façon pour les gouvernements de favoriser la création d’emplois est de mettre en place des mesures de relance écologiques.

Les subventions aux énergies renouvelables et à la performance énergétique créent trois fois plus d’emplois que les subventions aux énergies fossiles. Et ce n’est pas le seul exemple qui montre que les politiques mises en place pour faire face au changement climatique sont une solution à de nombreux problèmes.

Michael Lewis - DWS

Responsable de la recherche sur la thématique ESG

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