Europe : des fonds verts de plus en plus nombreux mais des objectifs peu clairs

Responsabilité sociale - Novethic vient de publier son étude annuelle sur le marché des fonds verts en Europe. Il en ressort que les fonds verts représentent 1,3 % des encours de gestion d'actifs européenne, avec des objectifs parfois encore très flous. Quelles sont les pistes d'amélioration pour un réel impact de ces fonds verts ?

Novethic — média de référence de l’économie responsable — vient de publier la 5e édition de sa recherche annuelle sur le marché des fonds verts en Europe. Selon l’étude, la taille du secteur est de plus en plus importante, avec un taux de croissance de +120 % en 18 mois (1er janvier 2020 – 30 juin 2021) et de +56 % sur un semestre (1er janvier 2021 – 30 juin 2021).

Hausse des encours des fonds verts

Les encours des fonds verts sont ainsi passés en 18 mois de 59 milliards d’euros à 202 milliards d’euros, avec une centaine de fonds supplémentaires lancés. Malgré cette croissance, les fonds verts ne représentent que 1,3 % des encours de la gestion d’actifs européenne. La recherche, qui a été réalisée avec la collaboration de l’Ademe, classe les fonds verts existants selon trois approches :

  • les fonds thématiques : il s’agit de fonds qui investissent directement dans des activités eco-conçues, comme les énergies renouvelables. Cette catégorie compte le plus grand nombre de fonds ;
  • les fonds à réduction d’émissions carbone : il s’agit des fonds d’ « inspiration verte », notamment les fonds bas carbone ;
  • les fonds d’obligations vertes et durables, dont la collecte est plus modeste (12 milliards en 18 mois).

Réduire les émissions carbone

Dans la deuxième catégorie, introduite cette année pour la première fois dans l’étude de Novethic, nous trouvons des fonds qui ont pour objectif de diminuer l’empreinte carbone du portefeuille, en sélectionnant des sociétés qui ont une faible contribution au réchauffement climatique, car non impliquées dans des secteurs polluants, comme les énergies fossiles.

La montée en importance des produits financiers verts s’accompagne par une diversification de l’offre : la recherche analyse en particulier l’apparition d’une vague de fonds liés à la réduction des émissions carbone, dont plus du tiers, en termes d’encours, sont des fonds indiciels. L’étude montre que les fonds thématiques investissent principalement dans trois entreprises : Orsted, Veolia et Iberdrola. En revanche, les trois sociétés les plus investies par les fonds bas carbone sont Microsoft, Apple et Alphabet.

Quel réel impact des fonds verts ?

Cependant, selon l’analyse, les promesses environnementales des fonds verts sont souvent encore floues et ne démontrent pas toujours en quoi ces investissements permettent de contribuer aux objectifs fixés par le Green Deal de l’Union européenne. En particulier, l’analyse de Novethic montre que certains fonds verts ne publient pas d’indicateurs environnementaux suffisamment clairs.

Ces fonds ne permettent pas de faire comprendre aux clients finaux comment ils contribuent à réduire les impacts environnementaux négatifs des sociétés. Selon l’analyse, les fonds verts ne démontrent pas toujours leur réel impact sur la transition énergétique et sur la transformation de l’économie. Le déploiement progressif de la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), entrée en vigueur en mars 2021, devrait améliorer la qualité du reporting environnemental des fonds verts et réduire l’hétérogénéité des pratiques existantes.

au 30 juin 2021, 26 % des encours des fonds verts analysés par Novethic n’avaient pas de classement en termes d’Article 6, 8 ou 9 ; 49 % des encours était classés en Article 9 et 25 % en Article 8. La taxonomie des activités vertes de l’Union européenne (UE), en cours d’élaboration, permettra d’utiliser des référentiels techniques plus précis pour mieux classer les activités vertes en Europe.

Cesare Vitali - Ecofi

Responsable ISR

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