Etats-Unis : décarbonation, la course est lancée

Responsabilité sociale - La décision du président Trump de quitter les Accords de Paris sur le climat a déjà conduit à des efforts croissants de la part de diverses organisations pour lutter contre le changement climatique. Les explications de Michael Lewis, responsable de la recherche thématique ESG chez DWS.

Quelle que soit l’issue exacte des élections américaines, la décision du président Trump de sortir des accords de Paris sur le climat a déjà laissé un héritage intéressant en matière de changement climatique. Involontairement, elle a déjà galvanisé diverses organisations — telles que « We Are Still In, » the U.S. Climate Alliance, US Climate Mayors, We Mean Business, Ceres Investor and Corporate Networks — à entreprendre une grande variété de démarches au cours de son premier mandat.

Parmi celles-ci, nous pouvons citer les politiques mises en place par les administrations fédérales et municipales, ainsi que la modification des plans d’investissement et des pratiques commerciales des entreprises et des institutions financières. Ces organisations représentent les deux tiers de l’économie américaine et plus de 50 % de l’empreinte carbone des États-Unis, soit l’équivalent de la deuxième plus grande économie mondiale.

Réduire les émissions de carbone

L’un des principaux objectifs de ces réseaux est de réduire les émissions de carbone afin que les États-Unis puissent respecter leurs obligations en matière de climat définies dans l’accord de Paris sur le climat, que le gouvernement fédéral américain y ait adhéré ou non.

Est-ce que cela suffira ? Pas tout à fait, hélas. Dans son rapport de 2019, la coalition America’s Pledge évalue comment un gouvernement fédéral réengagé pourrait aider à faire bouger les choses en matière d’action climatique. Elle examine un scénario « ascendant », dans lequel seul le secteur privé et certains États et villes des États-Unis jouent un rôle de leader en matière de climat.

Le poids du gouvernement fédéral

Dans ce scénario, les émissions de gaz à effet de serre (GES) devraient diminuer de 37 % d’ici 2030, un chiffre plus modeste, bien que respectable, et conforme à l’objectif à long terme de l’accord de Paris sur le climat, qui est de maintenir l’augmentation des températures moyennes mondiales bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Une augmentation des températures de plus de 1,5ºC est considérée comme excessivement risquée pour l’humanité.

Par contraste, un scénario dans lequel le gouvernement fédéral s’associe à l’agenda climatique pourrait modifier les perspectives d’investissement dans de nombreux secteurs de l’économie. Cela pourrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 49 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, ce qui va au-delà des 45 % largement supposés correspondre à une hausse de 1,5 ºC.

Etats-Unis : décarbonation, la course est lancée
« Augmentation annuelle moyenne de la capacité
du secteur électrique américain entre 2020 et 2030
»
Source : DWS

Champion de électricité propre ?

Pour la production d’électricité, le scénario selon lequel « le gouvernement fédéral est tout acquis à la cause » pourrait se traduire par des hausses de capacité annuelle moyenne passant de 29 gigawatts (GW) aujourd’hui à 75 GW d’ici 2030, comme le montre le tableau ci-dessus, le solaire et l’éolien représentant 85 % de ces hausses.

Le résultat final serait que d’ici la fin de cette décennie, l’électricité propre et les énergies renouvelables pourraient fournir respectivement 77 % et 49 % de la production totale d’électricité aux États-Unis.

Michael Lewis - DWS

Responsable de la recherche sur la thématique ESG

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