Développement durable : six changements que les entreprises devront opérer

Responsabilité sociale - Six domaines clés laissent entrevoir une évolution du rôle des entreprises dans la société face à des « vérités incontournables ». Les explications de Seema Suchak, Analyste ESG et d'Andrew Howard, Responsable mondial de l’investissement durable chez Schroders.

Il est clair que les effets de la pandémie de Covid-19 se répercuteront longtemps après la fin de l’épidémie. Nos « vérités incontournables » sont les facteurs économiques et perturbateurs identifiés par Schroders avant la pandémie comme déterminants dans les perspectives à moyen terme des économies et des marchés.

Même à cette époque, elles prédisaient un ralentissement de l’économie et des perturbations sans précédent, et laissaient entendre qu’une sélection active des valeurs et une gestion active des risques seraient essentielles. Nous expliquons en quoi le développement durable sera fondamental pour progresser, en examinant six domaines clés qui pointent vers une évolution du rôle des entreprises dans la société.

1. Réécriture des contrats sociaux : les entreprises responsables « pieuses » surperformeront les « pécheresses »

L’attention que portent actuellement les consommateurs sur le rôle des entreprises dans la société et sur l’écart entre les « pieuses » et les « pécheresses » devrait s’intensifier.

Nous pensons que les entreprises adoptant une perspective à long terme sont plus susceptibles de se comporter de manière responsable envers leurs collaborateurs et de réorienter leurs capacités vers les enjeux sociaux afin de soutenir les efforts de relance. Nous pensons également que ces entreprises « pieuses » ont de meilleures chances de se maintenir, voire de surperformer, une fois la crise passée.

2. Les entreprises doivent être mieux préparées à l’éventualité d’un « cygne noir »

La question de savoir si l’épidémie de Covid-19 était un « cygne noir » inattendu ou non a fait débat. Les événements tels que les attentats terroristes, les perturbations politiques, les catastrophes naturelles et autres risques climatiques se multiplient et s’accélèrent.

Elles rendent plus fréquents les phénomènes connus sous le nom de « cygnes noirs ». L’exposition aux menaces pandémiques, au risque climatique physique, au stress hydrique et aux risques socio-politiques doit être évaluée.

3. Redéfinition des priorités politiques : sous la pression, les pouvoirs publics vont devoir s’attaquer aux problèmes sociétaux

Sous la pression de la crise, les pouvoirs publics sont appelés à lutter contre les inégalités croissantes au sein des sociétés. Nous pensons que les politiques de santé, d’éducation, d’emploi et d’autres politiques sociales feront l’objet d’une plus grande attention à l’avenir.

En suivant les tendances en matière de réglementation dans les différents thèmes et secteurs, nous pouvons contribuer à identifier les entreprises confrontées à des risques plus importants. En tant qu’investisseurs, nous pouvons ensuite analyser et interroger directement les entreprises sur leur exposition et leur état de préparation.

4. Protection des salariés : soutenir les travailleurs vulnérables

La pandémie de Covid-19 a mis en évidence des lacunes en matière de protection des salariés. Un nombre croissant de travailleurs occupent des fonctions économiques temporaires ou précaires sans bénéficier d’avantages tels que les congés maladie, l’assurance maladie ou les prestations de retraite.

Notre analyse suggère que l’accent mis par les entreprises sur les prestations de base, telles que les congés maladie et l’assurance maladie, sera de plus en plus déterminant dans l’obtention de la « licence d’exploitation » que leur accorde la société.

Nos outils ESG exclusifs incluent une gamme d’indicateurs permettant d’évaluer la capacité des entreprises à s’adapter à l’importance croissante et à l’influence des salariés.

5. Mondialisation sous pression : changements structurels à long terme dans les chaînes d’approvisionnement mondiales

Les entreprises doivent disposer à la fois de visibilité et d’agilité dans la supervision de leurs chaînes d’approvisionnement, ainsi que d’investissements suffisants dans les systèmes technologiques pour leur permettre de gérer leurs performances.

Les chaînes d’approvisionnement se sont localisées pendant l’épidémie de Covid-19 et nous prévoyons des changements structurels à long terme. À l’échelle de chaque entreprise, nous pouvons analyser la menace de perturbation de la chaîne d’approvisionnement qui pèse sur certaines de nos principales positions.

Notre évaluation des délais de paiement des fournisseurs fait apparaître les entreprises qui comptent parmi les plus lentes à payer.

6. Adoption de la technologie : moteur de changement sur le lieu de travail et de création de nouveaux circuits de distribution

Le numérique a connu un essor fulgurant. La crise a contraint de nombreux chefs d’entreprise à privilégier à nouveau le travail à distance et à renforcer les outils numériques.

La pérennité de ces nouvelles tendances dépendra en grande partie de la sécurité. Les lancements de plateformes technologiques ont été précipités, occasionnant des raccourcis potentiels dans les protocoles de sécurité des données. L’évaluation de la gestion des risques des entreprises des secteurs concernés permet d’établir des comparaisons au sein des groupes de référence.

Les entreprises qui ont investi dans des technologies de qualité en matière de sécurité des données et qui font preuve de leadership en la matière seront les moins exposées aux sanctions et aux mauvais retours d’expérience de leurs clients.

Conclusion : la durabilité sera fondamentale pour progresser

La crise de la Covid-19 a provoqué un tourbillon structurel, lequel est susceptible de transformer radicalement et positivement la manière dont les entreprises se comportent vis-à-vis de leurs parties prenantes sur le long terme. Elle a mis en exergue l’importance de l’analyse, de la mesure et de l’engagement en matière d’ESG (environnement, social et gouvernance).

Grâce à nos outils d’analyse exclusifs, nous pouvons nous appuyer sur les données relatives aux tendances mondiales et sur les données des entreprises pour déterminer quels secteurs et quelles entreprises sont les plus solides. Et en tant qu’investisseur actif, nous interpellons activement celles qui, selon nous, ne répondent pas aux attentes des parties prenantes.

Seema Suchak et Andrew Howard - Schroders

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