COP26 : le mot d’ordre est clair, accélérer

Responsabilité sociale - La Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques (COP26) s'ouvrira le 31 octobre prochain. Quels sont les enjeux de la conférence ? Le point avec Ophélie Mortier, stratégiste investissement responsable chez DPAM.

Le financement de la transition climatique sera assurément le facteur clé du succès de la COP26. Quatre objectifs principaux sont visés : garantir la neutralité carbone d’ici 2050, mobiliser les moyens de financement, adapter et protéger les communautés locales et les écosystèmes, et travailler ensemble pour atteindre ces objectifs. 

Premièrement, la conférence sera axée sur le thème « reconstruire en mieux ». Dans le sillage des actions menées par les principales nations du monde, l’idée et la philosophie d’une relance verte orienteront le débat, ce qui aura un impact sur les flux financiers, les entreprises et, enfin, les investisseurs. Le monde suivra-t-il l’exemple de l’Europe ? Allons-nous évoluer vers un cadre collectif et coordonné de la finance durable ?   

Dans le sillage de la COO21

Deuxièmement, la COP26 est perçue comme le successeur de la COP21. Ce qui n’a pas été convenu à Paris en 2015 doit désormais être abordé. Cinq sujets cruciaux alimenteront les débats, avec un impact direct sur les flux financiers :   

  • les Etats débattront de nouveaux objectifs nationaux plus ambitieux de réduction des émissions, connus sous le nom de « contributions déterminées au niveau national » (CDN), conformément au dernier rapport du GIEC ;
  • les membres tâcheront de détailler les règles de l’article 6 de l’Accord de Paris qui concerne la coopération et introduit le concept d’un marché international du carbone ;
  • les mécanismes de financement des pertes et dommages, un facteur critique pour les pays les moins développés (et les plus vulnérables). Les plus gros pollueurs accepteront-ils de verser un dédommagement aux pays les plus touchés ?
  • les solutions fondées sur la nature et leur rôle dans la mise en œuvre de la stratégie de Paris ;
  • la question à 100 milliards de dollars : les flux financiers en faveur du climat/le financement climatique nécessaire(s) doivent être mobilisés depuis les marchés développés vers les pays en développement pour parvenir à une transition juste/équitable.  

Certains de ces sujets impliquent un financement et une réglementation publics, entraînant des risques et des opportunités de transition pour les entreprises et les investisseurs. D’autres auront un impact direct sur les entreprises et les investisseurs travaillant à la réalisation de leurs objectifs climatiques et créeront de nouveaux risques et opportunités de transition, comme l’ouverture de nouveaux marchés. 

Quelles alliances climatiques ?

Troisièmement, les décisions et les actions des grandes nations comme les États-Unis, la Russie et la Chine pèseront sur les marchés financiers. Après s’être retirés brièvement de l’Accord de Paris, les États-Unis y reviennent-ils avec plus d’ambition qu’auparavant ? Quel impact cela aura-t-il sur les marchés américains et internationaux (financiers et commerciaux) ?    

Comment les pays producteurs de combustibles fossiles vont-ils se positionner pendant les négociations ? Pouvons-nous nous attendre à des coalitions et des alliances progressistes susceptibles d’influencer directement les entreprises à travers le monde ? À la lumière de cette dernière question, il pourrait être intéressant de suivre les actions de ce qui s’appelle les « blocs climatiques » — des groupes qui ont le même intérêt, tels que le groupe africain, les pays les moins avancés, le groupe de coordination (pays développés non-membres de l’UE), l’UE, BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), le groupe arabe, etc.  

Adopter des ambitions plus élevées

Le financement de la transition climatique est très clairement au cœur du succès de la COP26. En tant qu’investisseurs (institutionnels), nous jouons un rôle majeur dans la contribution au succès de l’Accord de Paris. Garantir la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle implique une réduction des émissions de 50 % à 80 % d’ici 2030 (par rapport à 2020) et de 100 % d’ici 2050 dans tous les secteurs.

Sachant que les émissions liées à l’énergie dans les transports, l’industrie et le chauffage représentent près de quatre cinquième des émissions mondiales, le financement de la transition énergétique est la priorité absolue. La révision des engagements nationaux en faveur d’ambitions plus élevées ne sera couronnée de succès que si elle s’accompagne d’un système contraignant.

Le changement climatique n’a pas de frontières, ce qui signifie que la coopération internationale est essentielle pour réussir. Elle doit inclure un engagement commun sur le prix du carbone et une transition négociée équitablement entre les pays développés et les pays émergents. La COP26 et ses résultats influenceront et guideront notre future stratégie climatique et d’investissement en tant que gérant d’actifs responsable. Il en va de notre devoir fiduciaire et sociétal.